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 La vallée de l’Ouémé : symphonie hydraulique et agroécologique pour une nouvelle ère agricole béninoise

Cotonou, 13 février 2025 — À l’orée d’une décennie critique pour la sécurité alimentaire africaine, le Bénin a entamé une…

Le Bénin lance le PDIAD-BMVO, un projet de 144,8 millions d’euros pour développer les infrastructures agricoles et désenclaver la vallée

Cotonou, 13 février 2025 — À l’orée d’une décennie critique pour la sécurité alimentaire africaine, le Bénin a entamé une métamorphose ambitieuse avec le Projet de Développement des Infrastructures Agricoles et de Désenclavement de la Basse et Moyenne Vallée de l’Ouémé (PDIAD-BMVO). En effet, lancé hier sous l’égide du Ministre de l’Agriculture Gaston Cossi Dossouhoui, ce projet, chiffré à 144,8 millions d’euros, se présente moins comme un simple plan d’action que comme une ingénierie territoriale destinée à redéfinir les contours de l’autonomie alimentaire nationale.

Une ambition géométrique : du sillon à la scène économique

En plus, le PDIAD-BMVO, financé par un consortium incluant la Banque Islamique de Développement (65,99 milliards FCFA) et la BOAD (28 milliards FCFA), orchestre une transformation en cinq actes. Son objectif premier est de hisser la production de riz paddy à un million de tonnes annuelles d’ici à 2026, tout en désenclavant une région longtemps perçue comme un grenier en friche. Au programme : l’aménagement de 2 155 hectares de terres irriguées, une prouesse hydraulique, la création de 120 km de pistes rurales érigées en artères vitales et l’édification de quatre ponts stratégiques sur l’Ouémé, fluidifiant ainsi les échanges entre les rives gauche et droite.

Le Bénin lance le PDIAD-BMVO, un projet de 144,8 millions d’euros pour développer les infrastructures agricoles et désenclaver la vallée Infrastructures : l’architecture d’une renaissance agro-écologique  

D’ailleurs, le projet déploie une panoplie d’ouvrages conçus pour catalyser la chaîne de valeur:

  • 14 entrepôts et 28 aires de séchage, véritables cathédrales de stockage destinées à réduire les pertes post-récolte ;
  • 7 postes d’eau autonomes, pompes à vie pour les cultures maraîchères ;
  • 14 hangars de marché, conçus comme des agoras économiques connectant producteurs et consommateurs.

Ces infrastructures, couplées à l’acquisition d’équipements pré- et post-récolte, visent à métamorphoser la vallée en un corridor de productivité, où riz, maïs, poisson et légumes s’entrelaceront en une polyculture résiliente.

Le Bénin lance le PDIAD-BMVO, un projet de 144,8 millions d’euros pour développer les infrastructures agricoles et désenclaver la vallée Impact démographique : grains d’emplois, moissons sociales pour la vallée

Au-delà des chiffres de 2 500 emplois créés et de 45 000 bénéficiaires directs, le projet incarne une démographie économique repensée. En ciblant 18 villages des communes d’Adjohoun, Dangbo et Aguégués, il entend ainsi lutter contre l’exode rural en ancrant les jeunes dans des écosystèmes agro-industriels locaux. « Nous ne bâtissons pas seulement des ponts, mais des passerelles entre générations et métiers », a souligné Maoudo Djossou, maire de Dangbo, saluant une initiative où chaque brique posée est un pari sur l’avenir collectif.

Le Bénin lance le PDIAD-BMVO, un projet de 144,8 millions d’euros pour développer les infrastructures agricoles et désenclaver la vallée Financement : une mosaïque de solidarités contemporaines

Par ailleurs, L’architecture financière du projet révèle des symbioses inédites :

  1. BID : 100,6 millions € (70 % du budget), pari islamique sur la souveraineté alimentaire ;
  2. BOAD : 42,7 millions € (29 %), preuve de l’intégration ouest-africaine ;
  3. État béninois : 1,5 million € (1 %), symbole d’un engagement à catalyseur.

Cette répartition, loin d’être anodine, illustre une diplomatie du développement où capitaux extérieurs et volonté nationale s’épousent pour fertiliser un territoire.

Urgence et patriotisme agricole : le cri de mobilisation du Ministre

« Le sablier de la souveraineté alimentaire s’écoule irréversiblement », a déclaré Gaston Cossi Dossouhoui lors du lancement. Appelant à un patriotisme agraire, il a aussi exhorté les acteurs à transcender les lenteurs bureaucratiques : « Chaque hectare irrigué doit devenir un bastion contre la faim, chaque pont un rempart contre l’isolement. »

Perspectives : L’Ouémé, laboratoire d’un nouveau modèle africain

En somme, si les cinq ans à venir verront l’éclosion de cette utopie concrète, le défi résidera dans la pérennisation des acquis. Le projet, conçu comme un organisme vivant, devra générer sa propre dynamique où les paysans, formés aux techniques irriguées, deviendront des agro-entrepreneurs autonomes.

En filigrane, une question : et si cette vallée réinventée devenait le prototype d’une agriculture africaine post-extractive, alliant haute technicité et respect des écosystèmes ? Réponse en 2030, lorsque les premiers convois de riz béninois vogueront vers les marchés régionaux, porteurs d’une promesse : celle d’un continent nourricier enfin réconcilié avec son potentiel.

 

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