Politique




Bénin : la lettre ouverte de Aurore Chahounka-Barrigah à Talon

Cotonou, 9 décembre 2025 – « Monsieur le Président, vous avez semé l’orage » : et vous récolterez la tempête.…

Une lettre ouverte d'Aurore Chahounka-Barrigah accuse Patrice Talon d'avoir créé les conditions du putsch au Bénin par ses réformes. Elle exige la libération des opposants et l'ouverture des élections de 2026. Aurore Chahounka-Barrigah

Cotonou, 9 décembre 2025 – « Monsieur le Président, vous avez semé l’orage » : et vous récolterez la tempête. Deux jours après l’opération militaire avortée du 7 décembre contre le palais de la Marina, une voix citoyenne franco-béninoise, Aurore Chahounka-Barrigah, publie une longue lettre ouverte au président Patrice Talon.

 

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L’accusation : coups d’État institutionnels

 

Sans détour ni langue de bois, l’auteure accuse directement le chef de l’État d’avoir, par ses choix politiques depuis 2019, « détruit méthodiquement l’unité nationale » et créé les conditions mêmes de la révolte armée de dimanche.

« Vous avez poussé le bouchon trop loin », écrit-elle, rappelant notamment les réformes électorales exclusives, l’emprisonnement d’opposants, l’exil forcé de figures politiques, la tentative perçue d’imposer un dauphin et successeur, ou encore les projets de Sénat et de révision constitutionnelle en pleine période pré-électorale.

Dès lors, pour Aurore Chahounka-Barrigah, la tentative de putsch n’est pas un accident mais « la résultante logique » d’une gouvernance qu’elle qualifie de « coups d’État institutionnels répétés ». Elle met en garde Patrice Talon : tant que rien ne changera dans sa façon de gouverner, « la probabilité d’un nouvel orage, plus violent encore, reste élevée ».

 

La feuille de route pour la décrispation

 

La lettre se transforme ensuite en véritable feuille de route pour éviter le pire. À cet égard, l’auteure exhorte le président à :

  • renoncer à imposer son ministre des Finances Romuald Wadagni comme candidat en 2026 ;
  • ouvrir totalement les élections générales de 2026 à tous les partis ;
  • abandonner tout projet de révision constitutionnelle et de création d’un Sénat avant le scrutin ;
  • libérer immédiatement l’ensemble des prisonniers politiques ;
  • garantir le retour sécurisé des exilés ;
  • abroger les dispositions restrictives du Code électoral et de la Charte des partis ;
  • engager une relecture concertée et inclusive de ces textes.

Dans un appel final, elle s’adresse à l’ensemble des forces vives – armée, clergé catholique, protestant et musulman, syndicats, société civile, corps diplomatique – pour qu’elles fassent pression en faveur d’une décrispation immédiate, rappelant que « la paix est d’abord une attitude ».

 

 Lettre ouverte : un cri citoyen face à l’ingérence régionale

 

Si le texte est signé « votre presque enfant » – signe d’une génération qui se sent trahie –, il est surtout porteur d’une mise en garde sans appel : continuer sur la même voie, c’est transformer le Bénin en « roi retranché dans son château fort », avec tous les risques que cela comporte quand la menace vient souvent… de l’intérieur.

À l’heure où le Nigeria déploie déjà des troupes pour sécuriser Cotonou et où la CEDEAO décrète l’état d’urgence régional, cette lettre ouverte résonne comme le cri d’une partie de l’opinion qui refuse de voir le pays replonger dans le cycle des coups de force.

Reste à savoir si, cette fois, le message sera entendu au sommet de l’État. Car, malgré la récente déclaration du président Talon : « Vous allez subir mais vous ne pourrez rien faire », cette tentative de putsch prouve que l’opinion ne compte pas rester silencieuse face à ces actions.

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