Cotonou, 15 décembre 2025 – Qui osera encore défendre la Constitution béninoise du 11 décembre 1990, cette œuvre magistrale du professeur Maurice Ahanhanzo-Glèlè, jadis avantageuse comme un modèle africain de transition démocratique ? Aujourd’hui, elle est foulée aux pieds sans que les « dignes fils du Dahomey » ne bougent le petit doigt. En conséquence, le Bénin, ce pays autrefois fier de son pluralisme et de sa vitalité institutionnelle, glisse inexorablement vers une autocratie décomplexée, sous le regard indifférent d’une société qui acclame son propre bourreau.
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L’omerta complice des « éminents juristes »
Où sont passés nos éminents juristes, ces gardiens autoproclamés de l’État de droit ? Robert Dossou, Théodore Holo, Adrien Houngbédji, Ousmane Batoko, Joseph Djogbénou, Dorothée Sossa : leur silence est assourdissant face à l’arbitraire qui gangrène le pays. Eux qui juraient autrefois de défendre la patrie et ses lois fondamentales, préfèrent aujourd’hui l’omerta complice. Dès lors, dans un pays réputé pour ses cadres compétents et son intelligence collective, comment accepter que la solidarité, valeur ancestrale, cède la place à une indifférence criminelle ?
La dérive autoritaire et ses méthodes totalitaires
Le régime de Patrice Talon n’épargne plus personne. Même les fidèles d’hier finissent en cellule, preuve que la paranoïa du pouvoir ne connaît plus de limites. De plus, que dire des enlèvements extraterritoriaux ? Steve Amoussou kidnappé au Togo en 2024, Comlan Hugues Sossoukpè arraché en Côte d’Ivoire en 2025 : des opérations dignes de régimes totalitaires, risquant des crises diplomatiques graves, mais passées sous silence par une société tétanisée. Nos juristes tolèrent les lois sur mesure, les affrontements violents dans le nord du pays qui coûtent des vies civiles, les violations flagrantes de la Constitution – en somme, tout cela, parce que ce n’est pas encore leur maison qui brûle.
Le péril du silence : une solidarité sacrifiée
Comme le dit le proverbe : si la maison de ton voisin brûle et que tu restes indifférent, quand la tienne prendra feu, personne ne viendra t’aider. Ce silence collectif n’est pas de la sagesse, c’est de la complicité par ignorance ou peur. Un peuple solidaire en privé, mais muet en public, alimente le rouleau compresseur qu’il subira demain. Même les rites culturels Vodoun, sous le couvert de la mondialisation, semblent avoir perdu leur rôle de vérité : les chefs traditionnels ne parlent plus franc.
Le réveil est urgent
La Constitution de 1990, socle de notre volonté populaire, est violée impunément par un seul homme, fut-il président. Pourquoi cette colère légitime ne s’exprime-t-elle pas ? Les Béninois, intelligents et solidaires, méritent mieux que cette résignation. Il est également impératif d’agir : briser le silence, exiger le respect des droits, ou accepter que la vulnérabilité devienne le lot de tous. Une pensée solidaire pour les familles brisées par cet arbitraire – leur souffrance est aussi la nôtre, par notre mutisme complice.
