La chasse aux sorcières numériques est ouverte au Bénin.
Cotonou, 14 août 2025 – Au Bénin, TikTok n’est plus seulement l’arène des danses endiablées et des blagues légères : c’est désormais un champ de bataille où un simple filtre peut vous conduire tout droit en garde à vue. Le dernier en date à faire les frais de cette chasse aux sorcières numériques est Marius Placide, un tiktokeur dont le crime suprême est d’avoir brandi un bâton virtuel pour « corriger » symboliquement des figures politiques de premier plan, y compris le président Patrice Talon lui-même. Oh, scandale ! Une comédie burlesque sur une application pour ados transformée en affaire d’État. Bienvenue dans le Bénin de 2025, où l’humour est une infraction nationale.
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TikTok : un bâton virtuel qui fait trembler le pouvoir
C’est ainsi que les limiers du Centre National d’Investigations Numériques (CNIN) ont cueilli Marius Placide, star locale de TikTok suivie par des milliers d’abonnés, le mercredi 13 août. Son forfait ? Avoir osé, dans des vidéos satiriques, mimer des coups de bâton sur des personnalités comme le président Talon, le ministre Abdoulaye Bio Tchané ou encore Ganiou Soglo, grâce à un filtre aussi inoffensif qu’un mème de chaton. Cependant, au Bénin, où le Code du Numérique veille comme un cerbère, ces facéties sont jugées comme une atteinte à l’honneur des puissants. Par conséquent, Placide attend maintenant son rendez-vous avec le procureur, probablement pour expliquer comment un effet spécial peut menacer la République.
La toile sous haute surveillance : la vague de répression s’étend sur TikTok
De fait, Marius n’est pas le seul à avoir attiré les foudres des autorités. Cette semaine, le CNIN a déployé ses filets numériques avec une ardeur digne d’un blockbuster hollywoodien. En outre, il a arrêté Geoffroy Fridich pour des accusations de cybercriminalité, tandis qu’il a épinglé Flapacha et Jérémie Degamer pour avoir orchestré une mise en scène d’enlèvement qui, soyons sérieux, ressemblait davantage à un sketch de collégiens qu’à un complot mafieux. Il semblerait que les autorités aient décidé que TikTok, ce repaire de chorégraphies maladroites et de farces potaches, est soudain devenu le QG d’une conspiration nationale. Qui aurait cru que des vidéos de 15 secondes pouvaient ébranler la stabilité d’un pays ?
Le Code du Numérique, une arme fatale contre l’humour
C’est dans ce contexte que, sous le couvert du Code du Numérique, ces interpellations transforment des plaisanteries en crimes d’État. Les sanctions prévues pour atteinte à l’honneur ou diffamation en ligne sont brandies comme une épée de Damoclès sur quiconque ose titiller les puissants avec un peu trop d’audace. Si un filtre TikTok peut valoir une convocation judiciaire, on se demande si le prochain influenceur à passer une musique de fond non autorisée risque la prison à vie. À se demander où s’arrêtera cette croisade contre les pitreries numériques ?
Quand l’État s’acharne sur des mèmes pendant que les vrais cybercriminels rigolent
En plus, cette vague d’arrestations s’inscrit dans une campagne plus large du CNIN pour « assainir » l’espace numérique. On pourrait presque saluer l’efficacité des enquêteurs, si seulement ils ne ciblaient pas des jeunes armés de smartphones et d’un sens de l’humour douteux. Pendant ce temps, les véritables cybercriminels, ceux qui piratent des comptes bancaires ou volent des données, doivent bien rire en regardant la police s’acharner sur des vidéos de comédie. Priorities, quand tu nous tiens !
Cette situation nous interroge : le Bénin transforme-t-il son espace numérique en une zone de non-droit pour l’humour, ou s’agit-il du début d’une nouvelle ère de répression où l’État sacrifie la liberté d’expression en ligne sur l’autel de sa sécurité ?
