Vingt ministres, des géants tech et la Banque mondiale veulent bâtir un marché commun du numérique. Objectif : connecter 300 millions de citoyens et créer des millions d’emplois qualifiés.
Cotonou, 18 novembre 2025 –Depuis hier, le 17 novembre 2025, Cotonou accueille le Sommet régional sur la transformation numérique, co-organisé par le Bénin et la Banque mondiale.
LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ
Pendant deux jours, ministres, experts et partenaires privés dessinent la feuille de route qui doit faire du numérique le moteur de la croissance et de l’intégration régionale.

Le Bénin passe à la vitesse numérique
Il y a dix ans, le Bénin végétait à 19 % de pénétration internet mobile. Aujourd’hui, le pays flirte avec les 75 %, dépassant la moyenne ouest-africaine estimée à 55 %. Il a dématérialisé plus de 250 services publics et formé des centaines de milliers de citoyens aux métiers du numérique.
« Nous sommes passés du statut de lanterne rouge à celui de nation qui montre la voie », a résumé Abdoulaye Bio Tchané, ministre d’État chargé de la Coordination de l’action gouvernementale, présent à l’ouverture aux côtés de Romuald Wadagni (Économie et Finances) et d’Aurélie Adam Soulé Zoumarou (Numérique).
La ministre du Numérique a été encore plus directe :
« Le temps des petits projets est fini. Il nous faut désormais des câbles sous-marins mutualisés, des data centers régionaux, des modèles d’intelligence artificielle partagés et des normes communes de cybersécurité. Sinon, nous resterons à la traîne. »

1 milliard sur la table, mais des résultats exigés
Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, n’a pas fait dans la dentelle :
« Nous sommes prêts à accompagner tous les projets qui produisent des résultats concrets dans l’éducation, la santé, la finance inclusive et la gouvernance. Le numérique n’est plus une option, c’est la condition de survie économique de la sous-région. »
Traduction : l’institution est prête à débloquer des financements massifs, mais uniquement pour des initiatives régionales et non plus pour des projets nationaux en silo.

Trois chantiers pour bâtir un marché numérique commun
Trois priorités dominent les débats pendant 48 heures :
- Réduire la fracture numérique et connecter les 300 millions d’Africains encore hors ligne dans la zone.
- Développer massivement les compétences en intelligence artificielle et compétences digitales pour créer des millions d’emplois qualifiés.
- Construire enfin un Marché unique du numérique ouest et centrafricain avec des règles communes : paiements électroniques transversaux, reconnaissance mutuelle des signatures électroniques, roaming gratuit des données, etc.

Un sommet pour changer les règles du jeu
Ce sommet pourrait marquer un tournant décisif. Les pays présents représentent ensemble plus de 450 millions d’habitants et un PIB cumulé qui dépasse les 900 milliards de dollars. S’ils parviennent à s’entendre sur des infrastructures communes et des normes partagées, l’effet de levier sera colossal.
Comme l’a martelé Abdoulaye Bio Tchané en clôture de la cérémonie d’ouverture :
« Si nous agissons avec ambition et constance, le numérique deviendra le pilier le plus solide de notre prospérité commune. »
Les conclusions du sommet, attendues mercredi 19 novembre, devraient déboucher sur une feuille de route précise et chiffrée. Une chose est sûre : l’Afrique de l’Ouest et du Centre ne veut plus subir la révolution numérique. Elle veut en écrire les règles.
