Dans l’effervescence de Douala, carrefour économique du Cameroun, se prépare un conciliabule stratégique qui pourrait redessiner les contours de l’or blanc africain. En effet, du 8 au 11 avril 2025, la réunion bilan du Programme régional de production intégrée du coton en Afrique (PR-PICA) réunira près de 200 acteurs clés : chercheurs, agronomes, sociétés cotonnières et bailleurs internationaux autour d’un objectif commun : réinventer la résilience d’une filière confrontée aux soubresauts du climat et aux exigences de la durabilité. Par ailleurs, pour le Bénin, dont l’ambition est de consolider son leadership, cet événement s’apparente à une agora dans laquelle se joue l’avenir d’un secteur vital.
Un symposium agroéconomique : autopsie d’une campagne, semences du futur
D’ailleurs, l’assemblée se transforme en un véritable laboratoire d’idées, dépassant ainsi le cadre d’un simple exercice comptable. Au cœur des débats : le débriefing minutieux de la campagne 2024-2025, véritable kaléidoscope de défis et d’innovations. En plus, les délégations des huit pays membres dissèqueront les résultats d’une saison marquée par des aléas climatiques inédits, tout en évaluant l’efficacité des variétés de coton génétiquement acclimatées, ces « cultivars caméléons » conçus pour résister aux caprices d’un thermomètre planétaire en délire.
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Les ateliers techniques s’attarderont sur trois piliers critiques :
- L’art de la guerre entomologique : face à l’invasion de ravageurs mutés, les stratégies de lutte intégrée, mariage de biopesticides et de prédateurs naturels, seront passées au crible.
- La résurrection des sols : des pratiques régénératives, comme l’agroforesterie symbiotique ou la rotation culturale intelligente, seront présentées comme antidote à la stérilité croissante des terres.
- L’alchimie des semences : les chercheurs dévoileront des prototypes de cotonniers transgéniques, capables de fleurir sous des pluviométries erratiques.
Le Bénin en quête d’hégémonie raisonnée
Dans cet échiquier régional, le Bénin, troisième production africaine, entend jouer les fers de lance. Son pari ? Transformer la fibre cotonnière en levier d’une économie circulaire. « Notre objectif n’est pas de produire plus, mais de produire mieux », confie un membre de la délégation béninoise sous couvert d’anonymat. Le pays mise sur une mécanisation raisonnée, couplée à des coopératives agricoles numérisées pour réduire l’empreinte carbone tout en optimisant les rendements.
Une filière sous tension : entre urgence climatique et conjoncture globale
Le coton, ce « diamant végétal » qui représente jusqu’à 40 % des recettes d’exportation dans certains États, subit une double pression. D’un côté, les sécheresses récurrentes et les inondations parasitent les cycles de croissance. De l’autre, les fluctuations des cours mondiaux, aggravées par les crises géopolitiques, menacent la stabilité des revenus des 20 millions d’Africains dépendant de cette monoculture.
- La réunion de Douala ambitionne de formaliser une feuille de route inédite, incluant :
- Un fonds mutualisé d’assurance climatique pour les petits producteurs.
- La création d’une bourse africaine du coton bio, labellisée « Équitable & Carboneutre ».
- Un réseau panafricain de fermes pilotes dédiées à l’agriculture de précision.
Tisser la résilience dans la trame de l’Afrique
À l’heure où l’agro-industrie mondiale se verdit à marche forcée, le PR-PICA se pose en architecte d’une révolution silencieuse. Le succès de ce sommet ne se mesurera pas aux communiqués lénifiants, mais à sa capacité à fertiliser les synergies entre science ancestrale et haute technologie. Pour le Bénin et ses pairs, l’enjeu dépasse l’économie : il s’agit de réconcilier productivité et respect des écosystèmes, pour que le coton reste, au XXIe siècle, le fil d’or qui lie les générations.
Dans les allées du Palais des Congrès de Douala, c’est une nouvelle page de l’histoire agraire africaine qui s’écrit, une page où chaque fibre compte, chaque innovation germe, et où la terre, enfin, reprend ses droits.