PolitiqueDiplomatie




Frontière Bénin-Niger : Une joute diplomatique au cœur de la souveraineté africaine

Le Bénin face au Niger : « Nous ne plierons jamais ! », clame le ministre des Affaires étrangères Cotonou,…

Frontière Bénin-Niger : Le Bénin réaffirme sa souveraineté face aux accusations du Niger et appelle au dialogue pour apaiser les tensions,

Le Bénin face au Niger : « Nous ne plierons jamais ! », clame le ministre des Affaires étrangères

Cotonou, 2 juin 2025 –Dans un éclat de fermeté, le ministre béninois des Affaires étrangères, Olushegun Adjadi Bakari, a réaffirmé la primauté de la souveraineté nationale face aux tensions croissantes avec le Niger. En effet, suite à la déclaration du président nigérien Tiani, diffusée le 31 mai sur la télévision nationale, concernant le maintien de la frontière fermée en raison de la présence présumée de soldats français au Bénin, le ministre a martelé que le Bénin, tout en respectant le libre arbitre de son voisin nigérien dans le choix de ses alliances, ne pliera jamais devant des injonctions extérieures.

Par ailleurs, Cette prise de position, vibrante d’une dignité assumée, s’inscrit dans une querelle diplomatique qui secoue l’Afrique de l’Ouest, où les accusations de déstabilisation et les divergences géopolitiques menacent l’unité régionale. À l’heure où le panafricanisme appelle à la cohésion, ce différend met en lumière les défis d’une souveraineté partagée.

LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ



Frontière Bénin-Niger : Une crise aux racines profondes

Depuis le coup d’État de juillet 2023 au Niger, qui a porté le général Abdourahamane Tiani au pouvoir, les relations entre Niamey et Cotonou se sont tendues. Le Niger, membre de l’Alliance des États du Sahel (AES) avec le Mali et le Burkina Faso, a maintenu sa frontière avec le Bénin fermée, invoquant la présence présumée de bases militaires étrangères sur le sol béninois, une accusation visant implicitement la France. Cependant le Bénin, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a vigoureusement démenti ces allégations, soulignant son attachement historique à la non-ingérence et à l’absence de bases étrangères depuis son indépendance en 1960.

Cette crise, exacerbée par des rumeurs propagées dès septembre 2023 sur les réseaux sociaux, a conduit à une impasse. Le Niger conditionne la réouverture de la frontière à des garanties sécuritaires, tandis que le Bénin, sous la présidence de Patrice Talon, prône le dialogue. D’ailleurs, une rencontre entre les ministres Bakari et Bakary Yaou Sangaré, le 27 septembre 2024, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, avait esquissé un dégel, marqué par la reprise des exportations de pétrole nigérien via le port de Sèmè-Kpodji. Pourtant, les récentes déclarations de Tiani, accusant le Bénin d’abriter des forces déstabilisatrices, ont ravivé les tensions.

Souveraineté : un étendard brandi par les deux capitales

La déclaration de Bakari illustre la posture du Bénin : une diplomatie décomplexée, ancrée dans la défense de ses choix souverains. « Le Bénin ne se laissera jamais dicter ses partenariats », a-t-il affirmé, réitérant une offre de dialogue formulée par Talon dès janvier 2025. Cette proposition, incluant des visites conjointes des autorités militaires nigériennes sur le sol béninois pour dissiper les soupçons, reste sans réponse. Le ministre, fort de son expérience de banquier et de conseiller présidentiel au Togo, incarne une nouvelle génération de dirigeants africains, prônant une approche technique et pragmatique face aux défis régionaux.

Le Niger, de son côté, s’appuie sur un discours souverainiste pour justifier sa méfiance. La junte de Tiani, après avoir rompu avec la France et la CEDEAO, s’est tournée vers la Russie et l’Iran, invoquant une lutte contre le néocolonialisme. Cette divergence d’alliances, amplifiée par la désinformation – comme les rumeurs de bases françaises relayées par des médias nigériens en 2023 – complique la recherche d’un terrain d’entente. Néanmoins, l’interdépendance économique des deux pays, notamment via le port de Cotonou, vital pour les exportations nigériennes, rend cruciale une normalisation des relations.

Frontière Bénin-Niger : Un appel à l’unité régionale face aux divisions

Cette joute diplomatique intervient dans un contexte dans lequel l’Afrique de l’Ouest, divisée entre la CEDEAO et l’AES, peine à maintenir sa cohésion. Le Bénin, avec une croissance de 7,5 % en 2024 malgré la fermeture de la frontière, démontre une résilience économique, portée par les réformes de Talon. Cependant, comme l’a souligné Bakari, « nos peuples attendent des solutions concrètes, non des invectives ». Cette crise, si elle persiste, risque d’affaiblir la lutte régionale contre le terrorisme, alors que le Sahel a enregistré 8 400 victimes d’attaques en 2024, selon l’Union Africaine.

En ce 2 juin 2025, le Bénin tend une main que le Niger hésite à saisir. L’appel de Bakari à une coopération respectueuse des souverainetés résonne comme un plaidoyer pour une Afrique unie, capable de surmonter ses différends. Dans un continent en quête d’émancipation, la résolution de ce conflit pourrait devenir un symbole : celui d’une fraternité africaine qui transcende les divergences pour bâtir un avenir commun.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne WHATSAPP