Le parrainage, piège de l’opposition ? Malgré la soumission de Cinq duos pour la présidentielle 2026, la CENA a déclenché un délai de 72 heures pour que l’opposition complète ses dossiers. L’enjeu est critique : réussir à finaliser les 28 signatures requises pour éviter l’exclusion du scrutin.
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Cotonou, 15 octobre 2025 – À peine la phase de dépôt des candidatures close pour l’élection présidentielle d’avril 2026, voilà que des nuages s’amoncellent sur le processus électoral béninois. La Commission Électorale Nationale Autonome (CENA) a révélé hier que plusieurs partis d’opposition ont soumis des dossiers de candidature incomplets. Par ailleurs, conformément au Code électoral, l’institution leur octroie un délai de grâce de 72 heures pour combler les lacunes, sous peine de voir leurs ambitions présidentielles compromises dès le départ.
Le parrainage au cœur des irrégularités
Dans un contexte déjà marqué par des disparités flagrantes – comme en attestent les cinq duos enregistrés mardi, dont certains de l’opposition avec des parrainages quasi nuls – cette annonce de la CENA met en lumière les défis techniques et logistiques qui plombent les formations de l’opposition.
Les pièces manquantes portent notamment sur les fiches de parrainage, ces précieux sésames que les candidats collectent auprès d’élus locaux et que le code électoral requiert à 28 signatures pour valider une candidature.
« Les partis de l’opposition ont déposé des dossiers incomplets de candidature à la CENA », confirme l’institution. Cette irrégularité, loin d’être anodine, pourrait disqualifier purement et simplement certains binômes si les compléments ne sont pas fournis dans les temps. Rappelons que, parmi les duos oppositionnels enregistrés provisoirement, le tandem de Prince Anatole Ouinsavi et Agathe Bello affiche zéro parrainage, tandis que celui de Renaud Agbodjo et Bonaventure Lodjou frôle le minimum avec 27 signatures validées (un annulé) pour ne citer que ceux-là.
CENA : un délai « conformément à la loi » qui soulève des interrogations
C’est le président de la CENA lui-même, Sacca Lafia, qui a levé le voile sur ces dysfonctionnements lors des différents dépôt de dossier le 14 octobre.
« Conformément aux dispositions du Code électoral, nous avons reçu votre dossier de candidature. Conformément à l’article 41 du Code, nous devons vous délivrer un récépissé de dépôt suivi des remarques que nous avons constatées. La principale remarque, c’est la complétude du dossier… et vous avez 72 h pour les apporter, pour que le dossier soit complet pour permettre son examen », a-t-il expliqué, insistant sur le caractère légal et impartial de cette mesure.
Ce délai de 72 heures, qui expire vendredi 17 octobre, s’apparente à une bouée de sauvetage pour les candidats concernés. Mais il soulève aussi des interrogations : ces manques sont-ils dus à une négligence, à des contraintes logistiques ou à une stratégie délibérée pour tester les limites du système ? L’opposition, déjà fragilisée par des accusations récurrentes de verrouillage institutionnel, y verra-t-elle un nouveau coup bas ou une opportunité de se ressaisir ?
Le décompte final avant la liste provisoire du 26 octobre
Cette péripétie intervient à un moment critique, alors que la CENA s’apprête à entamer l’examen approfondi des dossiers pour publier la liste provisoire des candidatures le 26 octobre.
Avec la mouvance présidentielle en position de force – illustrée par les 120 parrainages du duo Romuald Wadagni et Mariam Chabi Talata – l’opposition ne peut se permettre la moindre erreur. Des observateurs craignent que ces irrégularités ne creusent encore le fossé, alimentant ainsi les soupçons d’un processus biaisé au profit du pouvoir en place.
Pour les Béninois, l’enjeu transcende les coulisses administratives : il s’agit de la vitalité démocratique d’un pays qui a connu des élections controversées ces dernières années. Les 72 heures à venir seront décisives. Régularisation réussie ou exclusions en cascade ? La tension électorale, déjà palpable, s’intensifie à l’approche du verdict.
