Justice




Le journaliste Sossoukpè : 154 jours de détention dans l’ombre

Cotonou, 11 décembre 2025 -   Le journaliste d’investigation béninois Comlan Hugues Sossoukpè, connu pour ses enquêtes sur la corruption, croupit…

Enlevé en Côte d’Ivoire et remis au Bénin, le journaliste exilé Comlan Hugues Sossoukpè est détenu à Ouidah sans visite ni avocat depuis 154 jours. Aucune procédure. X(ancien twitter )

Cotonou, 11 décembre 2025 –   Le journaliste d’investigation béninois Comlan Hugues Sossoukpè, connu pour ses enquêtes sur la corruption, croupit depuis plus de cinq mois dans des conditions qualifiées d’« inhumaines » à la prison civile de Ouidah. Les autorités béninoises l’ont récupéré le 9 juillet 2025 après son interpellation en Côte d’Ivoire, puis l’ont immédiatement placé en isolement quasi total. Privé de tout contact avec sa famille et ses avocats, il devient, selon ses soutiens, la cible d’une « vengeance lente et silencieuse ».

 

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Un isolement carcéral qui s’apparente à une disparition

 

D’après plusieurs sources concordantes, l’ancien réfugié politique togolais passe vingt-deux heures par jour enfermé, sans le moindre échange avec les autres détenus. L’administration pénitentiaire refuse systématiquement les visites : ni sa mère, ni sa fille, ni aucun membre de sa famille n’ont pu apercevoir son visage depuis son transfèrement. Ses avocats, eux, se heurtent à un refus catégorique.

Son dossier judiciaire reste figé. Aucune audition. Par mise en examen. Aucune date d’audience. Rien.

« On veut l’effacer », confie un membre du collectif de soutien, sous anonymat. « Ce n’est pas une détention, c’est une vengeance lente et silencieuse. »

 

Sossoukpè : Des enquêtes qui dérangent, au cœur de son enlèvement

 

Comlan Hugues Sossoukpè s’est imposé par ses enquêtes sans concession sur la corruption et les dérives autoritaires au Bénin. Ses révélations sur la gestion controversée des contrats publics en 2018 avaient déclenché une vive polémique. Menacé, il avait fui à Lomé en 2019, où il avait également obtenu le statut de réfugié politique.

Son retour forcé au Bénin — présenté comme une opération conjointe entre services ivoiriens et béninois mais dénoncé comme une extradition illégale — a immédiatement suscité l’indignation des organisations de défense des droits humains et de la liberté de la presse.

 

Silence officiel, pression internationale

 

D’ailleurs, depuis son enlèvement, les autorités béninoises gardent un silence absolu. Ni le ministère de la Justice, ni la direction de la prison de Ouidah, ni la présidence n’ont répondu aux multiples demandes d’explication.

Face à cette opacité, Reporters sans frontières, Amnesty International et la FIDH réclament sa libération immédiate et l’ouverture d’une enquête indépendante sur les conditions de son arrestation et de sa détention.

« Même les personnes poursuivies pour terrorisme bénéficient de droits élémentaires que l’on refuse à Hugues », déplore un avocat béninois qui suit le dossier à distance. « On est dans l’arbitraire pur et la violation flagrante du droit. »

 

Finalement, cela fait désormais 154 jours que dure ce que de plus en plus de voix au Bénin qualifient de « disparition forcée en plein jour ». Et aucune perspective de clarification ne se dessine.

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