Madagascar prend les rênes de la SADC : l’île prête à relever les défis de l’Afrique australe
Antananarivo, 6 août 2025 – Madagascar s’apprête à jouer un rôle diplomatique de premier plan en assumant la présidence du Comité permanent des hauts fonctionnaires de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Au cours d’une cérémonie solennelle au Centre de Conférences Internationales d’Ivato, Eric Ratsimbazafy, le secrétaire général du ministère malgache des Affaires étrangères, a officiellement pris la succession de l’ambassadeur zimbabwéen Albert Ranganai Chimbindi.
Cet événement marque un tournant historique pour Madagascar, qui, en plus de cette nouvelle responsabilité, s’apprête à accueillir le 45ᵉ Sommet des chefs d’État de la SADC le 17 août. À cette occasion, le président Andry Rajoelina prendra la tête de l’organisation pour le mandat 2025-2026.
LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ
Cette passation de pouvoir intervient dans un contexte régional complexe. La SADC fait face à des défis majeurs tels que les crises post-électorales au Mozambique, l’insécurité persistante dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et une insécurité alimentaire qui touche plus de 40 millions de personnes. Dans ce climat tendu, Madagascar, sous la houlette d’Eric Ratsimbazafy, ambitionne de renforcer l’intégration régionale et de promouvoir une vision fédératrice pour répondre à ces enjeux.

La SADC :Un agenda chargé pour un leadership malgache très attendu
La réunion des hauts fonctionnaires, qui a débuté hier à Antananarivo, a été l’occasion d’évaluer le Plan indicatif de développement régional (RISDP) 2020-2030, la feuille de route stratégique de la Vision 2050 de la SADC. Les discussions ont également porté sur la mobilisation de ressources financières pour les projets de développement en Afrique australe, un défi crucial pour une région encore très dépendante des financements internationaux. D’une part, Angele Makumbo N’Tumba, la secrétaire générale adjointe de la SADC, a insisté sur l’urgence de consolider l’unité régionale, tandis que d’autre part, Albert Chimbindi, en fin de mandat, a souligné les obstacles persistants, notamment en matière de transformation industrielle et de commerce intra-régional.
Pour Madagascar, qui célèbre cette année ses 20 ans d’adhésion à la SADC, cette présidence représente une formidable opportunité de renforcer sa stature diplomatique. Pour Eric Ratsimbazafy, c’est aussi l’occasion de démontrer les capacités logistiques et institutionnelles du pays. « Nous sommes déterminés à répondre aux attentes de la SADC et à positionner Madagascar comme un acteur crédible sur la scène régionale », a-t-il déclaré lors de la cérémonie, illustrant la nouvelle ambition de l’île.
Le Zimbabwe cède sa place en saluant les progrès réalisés
Le Zimbabwe, qui a assuré la présidence précédente sous la direction d’Emmerson Mnangagwa, a marqué des points dans la gestion des questions de paix et de sécurité, notamment via son implication dans la crise en RDC. La SADC a salué Albert Chimbindi, figure centrale de cette présidence, pour son engagement à faire progresser le dialogue régional, malgré certaines critiques sur la situation politique interne au Zimbabwe. De plus, les membres de la SADC ont reconnu les efforts de Harare pour promouvoir l’innovation et la croissance économique, thème du 44ᵉ Sommet de la SADC en 2024, comme un socle solide pour les travaux à venir.

Des préparatifs intenses pour un sommet sous les projecteurs
L’organisation du 45ᵉ Sommet, qui aura lieu dans moins de deux semaines, mobilise déjà les autorités malgaches. En effet, depuis avril, des délégations de la SADC travaillent en étroite collaboration avec les équipes d’Antananarivo pour garantir le bon déroulement de l’événement. Ce sommet, qui réunira les dirigeants des 16 pays membres, sera diffusé en direct sur les plateformes officielles de Madagascar et de la SADC, un élément qui souligne l’importance de cet événement pour la visibilité régionale de l’île.
Entre défis et espoirs : la présidence malgache à l’épreuve
En assumant ce rôle de leadership, Madagascar devra naviguer dans un paysage régional particulièrement tendu. En plus des crises sécuritaires, la région fait face à des incertitudes économiques, notamment autour de la reconduction de l’Accord sur la croissance et les opportunités en Afrique (AGOA), qui est essentiel pour plusieurs États membres. Cependant, le pays pourrait en profiter pour mettre en avant ses propres priorités, comme l’interconnexion énergétique ou l’adaptation au changement climatique, deux dossiers cruciaux pour l’avenir de l’Afrique australe.
Cette présidence malgache, en toile de fond, s’inscrit dans une volonté de repositionner le pays comme un acteur influent après des années de crises politiques internes. Ce sommet et ce nouveau rôle de leadership offrent à Madagascar une tribune unique pour démontrer sa capacité à fédérer et à innover.
L’île Rouge saura-t-elle écrire un nouveau chapitre pour la SADC ?
Les projecteurs se tournent désormais vers Antananarivo. Au-delà des enjeux immédiats, la SADC continuera de se concentrer sur des objectifs à long terme : l’industrialisation, la résilience climatique et la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Avec Eric Ratsimbazafy à la barre du Comité permanent, Madagascar aura la lourde tâche de traduire ces ambitions en actions concrètes. La grande question est de savoir si l’île Rouge, après des années de retrait sur la scène internationale, saura transformer cette présidence historique en un levier pour un avenir plus intégré et prospère pour toute l’Afrique australe.
Quel sera l’impact de ce leadership sur la résolution des crises régionales qui menacent la stabilité et le développement de la SADC ?
