Le compte à rebours est lancé. À peine officialisée, la candidature du duo Agbodjo-Lodjou pour l’élection présidentielle de 2026 au Bénin est déjà menacée. Le retrait in extremis d’un seul parrainage plonge le parti Les Démocrates sous le seuil légal et met en péril l’espoir de l’opposition de se présenter face à la majorité présidentielle.
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Cotonou, 14 octobre 2025 – Dans un climat de confusion et de divisions larvées, le parti d’opposition Les Démocrates (LD) a officialisé in extremis, dans la nuit du 13 au 14 octobre, son duo de candidats pour l’élection présidentielle d’avril 2026. Le parti a choisi Me Renaud Agbodjo, figure montante du parti, comme candidat à la présidence, aux côtés de Jude Lodjou pour le poste de vice-président. Toutefois, cette décision, prise après des heures de tractations houleuses, risque d’être compromise par un retrait de parrainage qui fragilise l’ensemble du processus.
Les Démocrates : un processus de désignation marqué par le chaos
Le climat au quartier général du parti, qui se trouve à Cotonou, s’est brusquement alourdi hier lundi, jour fatidique annoncé pour la validation du ticket présidentiel. En effet, ce qui était censé être une réunion paisible, marquée dès le matin par la confiance calme des partisans, a viré au chaos à cause des dissensions internes, des contestations virulentes et des échanges enflammés. D’après des sources locales, le processus de désignation, supervisé par un comité de sélection mis en place fin septembre conformément aux statuts du parti, a subi des perturbations dues à des rivalités de leadership persistantes.
Le retrait de parrainage qui fragilise la candidature du LD
Au cœur de cette tourmente : le député Michel François Sodjinou, qui a saisi le président du parti, l’ancien chef de l’État Thomas Boni Yayi, par voie d’huissier pour retirer son parrainage. Cet acte, survenu en pleine journée du 13 octobre, a visiblement ébranlé l’ex-président, contraint de se retirer momentanément des travaux. La justice a rapidement réagi : un juge de première instance de Cotonou a ordonné la restitution immédiate du formulaire de parrainage à Sodjinou, soulignant la fragilité du consensus interne au LD.
Or, ce retrait n’est pas anodin : le parti ne disposait que de 28 parrains – le seuil minimum requis par le Code électoral réformé (28 élus de 15 circonscriptions au moins) – et par conséquent, en perdant un, il tombe à 27, rendant la candidature irrecevable auprès de la Commission électorale nationale autonome (CENA).
Les Démocrates : le choix du duo Agbodjo-Lodjou malgré les fractures internes
Néanmoins, malgré ces remous, le Conseil national du LD, réuni en huis clos de 2 h à 6 h du matin, a tranché pour le duo Agbodjo-Lodjou. Ce choix, issu d’un processus de consensus parmi une trentaine d’aspirants – un engouement inédit pour le parti d’opposition –, vise à capitaliser sur des profils « capables d’obtenir l’adhésion populaire », comme le prévoit l’article 71 des statuts. Parmi les autres prétendants figuraient des poids lourds comme Éric Houndété, premier vice-président du parti. De plus, Boni Yayi, dont l’influence plane toujours sur Les Démocrates, a tenté de recoller les morceaux, mais les fractures, exacerbées par des dissidences comme celle de Nourou-Dine Saka Saley, opposant farouche au leadership actuel, persistent.

La majorité présidentielle sans accroc protocolaire
Pendant ce temps, de l’autre côté du spectre politique, la majorité au pouvoir savoure un sans-faute protocolaire. Le duo Romuald Wadagni – ministre de l’Économie et des Finances – et Mariam Chabi Talata Zimé, présidente de l’Assemblée nationale, a déposé son dossier à la CENA le même 13 octobre, devenant ainsi le premier ticket à franchir cette étape cruciale. Accompagnés d’un cortège festif, ils ont reçu un récépissé provisoire des mains du président de la Commission, Roberto Carlos Gnandjihounde, dans une ambiance euphorique. Cet acte marque la primauté de la mouvance présidentielle dans la course à la magistrature suprême, profitant potentiellement des déboires de l’opposition.
L’incertitude plane sur la démocratie béninoise
Cette confusion chez Les Démocrates illustre une fois de plus les défis de la démocratie béninoise, où les institutions peinent à refléter leur sens étymologique et génèrent des crises récurrentes sur leur chemin. Avec la clôture des dépôts à la CENA ce 14 octobre, l’incertitude plane : le LD parviendra-t-il à combler le vide de parrainage in extremis ? Ou bien cette division profitera-t-elle au camp au pouvoir, favori dans les sondages ? Les prochaines heures seront décisives pour l’avenir de l’opposition, alors que la présidentielle 2026 entre dans sa phase la plus chaude.
