Dans le grand théâtre de la justice béninoise, la deuxième journée du procès opposant l’homme d’affaires Olivier Boko, l’ancien ministre des Sports Oswald Homéky et leurs acolytes à l’État béninois a tenu toutes ses promesses. Enfin, presque… Le rideau s’est levé, mais à peine les acteurs principaux ont-ils pris place que le rideau est retombé, renvoyant la suite de cette tragi-comédie judiciaire à ce jeudi.
Justice béninoise :Une audience express, un renvoi fulgurant
Hier, dans la solennité feutrée de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), les protagonistes ont eu droit à une audience éclair digne d’un épisode pilote mal écrit. La raison ? Les accusés, englués dans un imbroglio juridique suite à la démission collective de leurs avocats la veille, se retrouvent désormais dans l’incapacité de se défendre. « Nous sommes enfermés 24 h/24. » « Nos conditions de détention ne nous permettent pas de contacter quelqu’un »,s’est lamenté Olivier Boko, visiblement plus habitué aux grandes affaires qu’aux cellules exiguës.
Face à ce désarroi, le procureur spécial Mario Mètonou, visiblement désireux de préserver la solennité du procès, a rappelé à la Cour l’article 281 du Code de procédure pénale : pas d’audience sans avocat. Mais qu’à cela ne tienne ! Si les accusés ne peuvent trouver leurs propres défenseurs, la machine judiciaire a sa parade : des avocats seront commis d’office par le bâtonnier. Une solution qui, au passage, n’a pas manqué d’irriter Olivier Boko, qui a répliqué, sur un ton mi-figue mi-raisin : «J’ai les moyens de prendre mes propres avocats. »
La justice béninoise : le théâtre de l’absurde
Ah, cette réplique ! Elle mériterait une place dans une anthologie des citations judiciaires les plus savoureuses. Imaginez la scène : un homme d’affaires habitué à gérer des millions, réduit à supplier qu’on lui laisse choisir ses avocats… mais incapable de les contacter à cause de ses conditions de détention. Ironie du sort, il se retrouve dépendant du bâtonnier pour lui désigner des défenseurs qu’il pourrait aisément payer lui-même.
La situation, bien que tragique, frôle l’absurde. Les avocats commis d’office auront-ils le temps de maîtriser un dossier aussi complexe en une nuit ? Rien n’est moins sûr. Mais qu’importe ! La procédure doit avancer, coûte que coûte, comme un train lancé à pleine vitesse.
Entre accusations graves et subtilités procédurales
Rappelons que cette affaire ne manque pas de piquant. Complot contre l’autorité de l’État, corruption d’agent public, faux certificats… les charges pèsent lourd sur les épaules des accusés. Et pourtant, ce n’est pas tant leur culpabilité ou leur innocence qui semble captiver l’audience, mais bien le ballet des rebondissements procéduraux.
La Cour, soucieuse de respecter à la lettre le Code de procédure pénale, a décidé de ménager la chèvre et le chou. D’un côté, elle garantit aux accusés une défense, même si elle est imposée. De l’autre, elle maintient le cap pour éviter que ce procès ne s’éternise indéfiniment.
Et maintenant ?
Ce jeudi, les projecteurs se rallumeront sur cette scène judiciaire où la réalité dépasse souvent la fiction. Avec leurs nouveaux avocats commis d’office, les accusés pourront enfin s’exprimer, à condition, bien sûr, que ces derniers aient eu le temps de se plonger dans les méandres du dossier.
Le public, lui, attend avec impatience la suite de ce feuilleton captivant, oscillant entre drame et comédie. Les prochains épisodes promettent des révélations, des éclats de voix et, peut-être, un peu plus de clarté sur une affaire qui, pour l’instant, ressemble davantage à une intrigue de série télé qu’à un procès ordinaire.
Une question reste en suspens : la justice béninoise pourra-t-elle enfin sortir de ce théâtre de l’absurde pour offrir un spectacle digne de ce nom ? À suivre…