À quelques mois d’un scrutin présidentiel décisif, le ministre de l’Économie Romuald Wadagni engage un dialogue discret mais stratégique avec d’anciens députés de l’opposition.
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Cotonou, 3 novembre 2025 – À l’approche de la présidentielle de 2026, le climat politique béninois se crispe. Dans ce contexte électrique, Romuald Wadagni, ministre de l’Économie et des Finances et dauphin présumé du président Patrice Talon, entame ce lundi un dialogue stratégique avec un groupe de parlementaires dissidents issus de l’opposition. Une initiative qui pourrait rebattre les cartes au sein de l’Assemblée nationale.
Wadagni à la manœuvre : séduire au-delà de la majorité
Au programme : une session de discussions avec d’anciens membres du parti Les Démocrates, formation qui avait signé une percée remarquée lors des législatives de 2023. Si les contours de l’échange restent confidentiels, sa temporalité intrigue : en effet, il survient dans la foulée du dépôt d’un projet de loi visant à amender la Constitution de 1990. Porté par deux ténors de la majorité présidentielle, les députés Aké Natondé et Assan Seibou, le texte relance le débat sur des réformes institutionnelles de grande ampleur.
Mais pour franchir l’étape parlementaire, le projet devra recueillir l’adhésion des trois quarts des 109 élus, conformément aux articles 154 et 155 de la loi fondamentale. Or, avec 81 sièges, le camp présidentiel ne dispose pas de la majorité requise. Par conséquent, il lui faut donc séduire au-delà de ses rangs. Tous les regards convergent vers les 28 députés élus sous la bannière des Démocrates fragilisisés par des conflits internes.
Dissidence, calculs et incertitudes : les clés d’un basculement
Parmi eux, six ont récemment claqué la porte du parti, dénonçant avec virulence le processus de désignation des candidats à la présidentielle. Leur rupture, sur fond de tensions internes, a accentué les lignes de fracture au sein de l’opposition. Leur présence à la rencontre de ce jour reste incertaine : participeront-ils tous, ou s’agit-il d’un noyau plus restreint ?
Si cette rencontre débouche sur un rapprochement, elle pourrait redessiner les équilibres parlementaires à un moment où les enjeux constitutionnels pèsent lourd sur l’avenir politique du pays. En plus, les observateurs scrutent avec attention les premiers signaux de ces pourparlers, susceptibles d’influer tant sur la trajectoire de la réforme que sur les alliances en vue du scrutin présidentiel.
Vers un basculement politique ?
Alors que le projet de révision constitutionnelle cristallise les tensions, la rencontre entre Romuald Wadagni et les dissidents de l’opposition pourrait bien devenir le pivot d’un rééquilibrage politique majeur. Si des alliances se nouent en coulisses, elles pourraient non seulement débloquer le processus législatif, mais aussi redéfinir les rapports de force à l’approche du scrutin présidentiel.
Dans ce jeu d’influences, chaque geste compte, et le silence des protagonistes laisse place à une attente fébrile : celle d’un signal, d’un basculement, ou d’un compromis décisif.
