Economie




UEMOA : La BCEAO opte pour la prudence face aux vents contraires

JDB, 5 mars 2025 – Ce mercredi, le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque centrale des États de…

La BCEAO maintient ses taux à 3,50 % et 5,50 %, saluant une croissance de 7,0 % et une inflation à 2,9 % dans l’UEMOA,

JDB, 5 mars 2025 – Ce mercredi, le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a choisi de garder le cap. Réunie pour la première fois cette année sous la présidence de son gouverneur, Jean-Claude Kassi Brou, l’institution a décidé de maintenir son taux directeur à 3,50 % et le taux du guichet de prêt marginal à 5,50 %, inchangés depuis décembre 2023. Une posture de vigilance, dictée par une analyse méticuleuse des pulsations économiques de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), entre dynamisme prometteur et menaces sournoises.

La BCEAO : une économie qui pulse, mais sous surveillance

Par ailleurs, devant un parterre de journalistes, le gouverneur Brou a déroulé un tableau encourageant. L’activité économique de l’Union bat son plein, avec un produit intérieur brut (PIB) qui a caracolé à 7,0 % au dernier trimestre 2024, contre 5,8 % au trimestre précédent. Pour l’année écoulée, la croissance réelle s’établit à 6,2 %, un bond notable par rapport aux 5,3 % de 2023, et les prévisions pour 2025 tablent sur un robuste 6,3 %. Derrière ces chiffres, une vitalité portée par les secteurs extractif, manufacturier et agricole, véritables piliers d’une économie qui refuse de plier.

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Le financement n’est pas en reste. Les crédits bancaires au secteur privé ont crû de 6,3 % en glissement annuel à fin décembre 2024, contre 5,8 % trois mois plus tôt, une tendance appelée à s’amplifier avec une hausse projetée de 8,6 % en 2025. « L’activité économiqaue bénéficie d’un soutien approprié », a souligné Jean-Claude Kassi Brou, dont les mots traduisent une confiance mesurée dans la capacité des banques à irriguer les ambitions des acteurs économiques.

L’inflation s’apaise, mais les ombres persistent.

Côté prix, une brise de soulagement a soufflé sur l’UEMOA. Le taux d’inflation, qui culminait à 4,1 % au troisième trimestre 2024, s’est assagi à 2,9 % au quatrième, porté par une chute des cours des produits alimentaires et énergétiques importés. Les récoltes généreuses de la campagne vivrière 2024-2025 ont également joué les garde-fous, freinant les ardeurs inflationnistes. La BCEAO anticipe une poursuite de cette détente, avec une inflation ramenée à 2,7 % en 2025, contre 3,5 % en 2024. Un horizon rassurant, mais fragile.

Car les vents contraires n’ont pas dit leur dernier mot. Le gouverneur n’a pas éludé les risques qui planent : une situation sécuritaire toujours précaire dans la sous-région, des caprices climatiques menaçant les rendements agricoles et des tensions géopolitiques mondiales susceptibles de raviver la flambée des prix énergétiques et alimentaires. Autant de nuages qui incitent la BCEAO à garder la main ferme sur ses leviers monétaires, préférant la stabilité à l’audace.

Une balance extérieure qui reprend des couleurs

À l’échelle extérieure, l’Union semble reprendre son souffle. La hausse des prix des produits exportés, dopée par les ventes d’hydrocarbures et une mobilisation réussie des ressources par les États membres, a redonné du lustre à la balance commerciale. Un regain bienvenu dans un contexte où les chocs extérieurs – guerre en Ukraine, insécurité régionale – avaient mis les nerfs des économies locales à rude épreuve. Cette embellie, si elle se confirme, pourrait offrir une marge de manœuvre précieuse aux huit pays de l’UEMOA.

La BCEAO: une décision qui murmure la sagesse

En somme, en optant pour le statu quo, le CPM de la BCEAO signe une partition prudente, presque contemplative. Face à une croissance vigoureuse, mais vulnérable, et à une inflation en reflux, mais menacée, l’institution choisit de temporiser, laissant ses taux inchangés comme une ancre dans la tempête. Une stratégie qui, selon les observateurs, reflète autant la confiance dans la résilience de l’Union que la méfiance envers un monde aux équilibres précaires.

Et si cette retenue était, en définitive, une ode à l’espoir ? Car, dans ce choix de ne pas bousculer les lignes, la BCEAO semble murmurer une vérité profonde : parfois, la force réside dans la patience, dans l’attente d’un ciel plus dégagé où les peuples de l’UEMOA pourront, enfin, récolter les fruits d’une prospérité patiemment semée.

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