Parakou,25 mars 2025 – La Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) a tenu hier une audience foraine au Tribunal de Première Instance de Première Classe de Parakou, marquant un tournant dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants au Bénin. À l’issue d’un procès poignant, un tradipraticien, se présentant comme guérisseur ambulant, a été reconnu coupable du viol d’une mineure de moins de 13 ans. La sentence est tombée, implacable : dix années de prison ferme, assorties d’une amende de deux millions de francs CFA. Derrière ce verdict se dessine une histoire tragique, où la confiance trahie et la vulnérabilité d’une enfant ont croisé le chemin d’un prédateur sans scrupules.
Parakou : une enfant vulnérable au cœur du drame
La victime, une fillette dont l’identité reste protégée, souffrait depuis quatre longues années d’une affection mystérieuse. Des crises de raideur et de crispation, symptômes aussi déroutants qu’épuisants, avaient poussé ses parents à chercher désespérément une solution. C’est dans ce contexte de désarroi que, le 3 janvier 2025, un vendeur ambulant de produits traditionnels a franchi le seuil de leur foyer. Se parant des atours d’un guérisseur providentiel, il a su gagner la confiance de cette famille démunie face à la maladie. Mais ce qui devait être une lueur d’espoir s’est mué en cauchemar. Profitant de l’innocence de la fillette et de l’absence momentanée de vigilance, l’homme a commis l’irréparable, abusant de celle qu’il prétendait soigner.
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Une arrestation rocambolesque
Le crime n’est pas resté longtemps dans l’ombre. La mère et la grand-mère de la victime, alertées par un pressentiment ou un bruit suspect, ont surpris le coupable en flagrant délit. Leur cri d’alarme a résonné dans le voisinage, mais l’individu, rusé, a réussi à s’échapper dans la confusion. Sa fuite l’a conduit à chercher refuge auprès d’une figure inattendue : le roi de la localité. Ce dernier, loin d’offrir une protection au fugitif, a permis son arrestation par les forces de l’ordre, dépêchées sur place pour mettre fin à cette cavale éphémère. Un dénouement qui témoigne de la réactivité des autorités et de la solidarité communautaire face à une telle abomination.
La CRIET, rempart contre l’impunité à Parakou
Depuis 2021, la CRIET a élargi son champ d’action pour inclure les affaires de violences sexuelles et de maltraitance, devenant un acteur clé dans la répression de ces fléaux au Bénin. Lors de cette audience foraine à Parakou, la juridiction spéciale a une fois encore démontré sa fermeté. Le tradipraticien, dont le nom n’a pas été divulgué pour préserver le cours de la justice, a vu son sort scellé après des débats où les faits accablants ont parlé d’eux-mêmes. Dix ans d’emprisonnement ferme, deux millions de francs CFA d’amende : une sanction exemplaire, destinée à punir, mais aussi à dissuader. Car au-delà de ce cas, C’est un message explicite destiné à ceux qui, sous couvert de traditions ou de promesses fallacieuses, exploitent la détresse d’autrui.
Une société face à ses défis
Ce drame, aussi révoltant soit-il, soulève des questions profondes sur la protection des plus vulnérables dans nos communautés. La maladie de la jeune fille, qui l’avait rendue dépendante des soins d’un inconnu, met en lumière les lacunes d’un système de santé parfois défaillant, poussant les familles à se tourner vers des solutions incertaines. La confiance accordée à ce prétendu guérisseur révèle également la persistance d’une foi en des pratiques traditionnelles, parfois détournées par des individus malintentionnés. Pourtant, l’intervention rapide de la famille et des autorités offre une note d’espoir, prouvant que la vigilance collective peut contrer les desseins les plus sombres.
Une porte ouverte sur l’avenir
Alors que le tradipraticien croupira derrière les barreaux, la fillette, elle, entame un chemin de reconstruction. Ses blessures, physiques et psychiques, demanderont du temps pour cicatriser, mais le verdict de la CRIET lui rend justice, lui offrant une voix dans un silence trop longtemps imposé. À Parakou, hier, les acteurs de la justice ont défié l’impunité, et cette journée reste gravée dans les mémoires. Mais au-delà de cette condamnation, une interrogation demeure suspendue dans l’air, comme une promesse incertaine : saurons-nous, demain, bâtir un monde dans lequel les enfants ne seront plus jamais les proies des ombres qui rôdent ?