Dans l’ombre d’une nuit sans lune, entre le 5 et le 6 avril 2025, la route nationale inter-État numéro 3, à hauteur du village d’Akpassi, dans la commune de Bantè, a été le théâtre d’un braquage audacieux. Cet incident a précipité un séisme au sein de la Police Républicaine béninoise : les autorités ont rapidement relevé de ses fonctions le commissaire de Bantè, responsable de la sécurité locale, avec une rare efficacité et une grande éloquence. Désormais astreint à un arrêt de rigueur de 60 jours, l’ex-commissaire attend de comparaître devant une commission disciplinaire, accusé d’un dysfonctionnement dans la surveillance du corridor routier. Cette décision, annoncée par les autorités le 10 avril dernier, révèle une volonté inflexible de restaurer la confiance dans un contexte dans lequel la sécurité des axes vitaux du Bénin est sous haute tension.
Un braquage aux conséquences inattendues
Le corridor routier reliant Cotonou à la frontière nigérienne, dont la RNIE 3 est un maillon essentiel, est une artère économique cruciale, mais aussi un terrain prisé par les bandes criminelles. Dans la nuit fatidique, les assaillants, opérant avec une précision redoutable, ont ôté la vie à un usager de la route avant de s’évanouir dans l’obscurité. La victime serait descendue de son véhicule pour secourir des braqueurs qui ont simulé une situation de détresse. Une fois hors de son véhicule, elle n’aurait pas eu le temps d’avoir de réponse à ses interrogations avant d’être abattue sur le champ. Cet incident a révélé une faille béante dans le dispositif de sécurisation de la zone.
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Le commissariat de Bantè, chargé de patrouiller ce tronçon stratégique, n’aurait pas anticipé l’attaque, malgré des alertes récentes sur l’intensification des braquages dans la région des Collines. Les rapports internes, bien que confidentiels, pointent un manque de coordination dans le déploiement des unités et une sous-estimation des risques, imputés à la gestion du désormais ex-commissaire. Cette défaillance, jugée inacceptable par la hiérarchie, a conduit à une sanction immédiate, illustrant une fermeté rarement observée dans les rangs de la Police Républicaine.
Une sanction aux allures de signal
La destitution du commissaire, officialisée par un communiqué du Directeur Général de la Police Républicaine le 10 avril, s’accompagne d’un arrêt de rigueur de 60 jours, une mesure disciplinaire qui confine l’officier à l’isolement administratif, sans solde ni affectation. Cette période précède une comparution devant une commission disciplinaire, prévue dans les semaines à venir, où seront examinées les circonstances précises de l’incident. Les griefs portés contre l’ex-commissaire incluent une négligence dans l’organisation des patrouilles et un défaut de réactivité face aux indices d’insécurité croissante, des manquements jugés incompatibles avec la responsabilité d’un poste aussi névralgique.
Cette décision s’inscrit dans un contexte plus large de renforcement de la sécurité routière au Bénin, où les braquages sur les axes inter-États, comme la RNIE 3, ont connu une recrudescence depuis 2024. Le ministère de l’Intérieur a recensé pas moins de 15 attaques similaires dans les Collines au cours des 12 derniers mois, ce qui a poussé le gouvernement à déployer des unités spécialisées, telles que la Brigade anti-criminalité, pour quadriller ces zones. La destitution du commissaire de Bantè, dans ce cadre, apparaît comme un message adressé à l’ensemble des forces de l’ordre : nul ne saurait faillir sans en répondre.
Une communauté en quête de réassurance
À Bantè, petite ville agricole où la RNIE 3 irrigue le commerce local, l’incident et ses suites ont suscité un mélange d’inquiétude et d’attente. Le remplacement du commissaire, acté le 12 avril avec la nomination d’un officier intérimaire, vise à restaurer la sérénité, mais la tâche s’annonce ardue dans une région où la criminalité, alimentée par la porosité des frontières, défie les efforts de contrôle.
La chute du commissaire de Bantè, si elle marque un tournant dans la lutte contre l’insécurité routière, ouvre aussi un questionnement plus vaste. La rigueur affichée par les autorités suffira-t-elle à juguler un fléau qui prospère sur les failles structurelles : manque de moyens, corruption latente, ou encore coordination défaillante ? Alors que le corridor RNIE 3 attend de redevenir un trait d’union plutôt qu’un théâtre d’ombres, une certitude demeure : la sécurité, bien plus qu’une affaire d’uniformes, est un pacte de confiance entre un peuple et ceux qui le protègent.