Bénin : Amos Elegbè, figure politique et intellectuelle, s’éteint à 78 ans
Le Bénin pleure l’une de ses figures emblématiques. Amos Elegbè, ancien ministre, député et universitaire respecté, s’est éteint ce jeudi 8 mai 2025 à l’âge de 78 ans, des suites d’une maladie, selon des sources locales. Né le 4 avril 1947 à Savè, cet homme aux multiples casquettes, surnommé « l’homme de tous les régimes » pour sa longévité politique, laisse derrière lui un héritage marqué par son engagement indéfectible pour son pays et sa proximité avec l’ancien président Boni Yayi. À l’heure où la nation lui rend hommage, son parcours illustre une vie dédiée au service public et à l’idéal d’un Bénin uni.
De l’université au sommet de l’État : les étapes clés d’un parcours politique d’exception
Fils de Savè, Amos Elegbè a d’abord brillé dans le monde académique avant de s’imposer comme une figure incontournable de la politique béninoise. Diplômé d’études supérieures, cet universitaire a su conjuguer rigueur intellectuelle et sens de l’action publique. Sa carrière politique, riche et diversifiée, débute sous le régime de Mathieu Kérékou, lorsqu’il est nommé Ministre du Tourisme de 1989 à 1990. Son passage, bien que bref, marque les esprits par sa volonté de promouvoir la culture béninoise comme levier de développement.
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Élu député, il incarne une voix forte au sein de l’Assemblée nationale, défendant avec éloquence les aspirations de ses concitoyens. En 2001, sous la présidence de Nicéphore Soglo, il retrouve le portefeuille du Tourisme jusqu’en 2003, consolidant ainsi son rôle de bâtisseur du rayonnement touristique du Bénin. Mais c’est sous Boni Yayi, dès 2008, qu’il accède à une influence majeure en tant que Conseiller spécial aux affaires politiques. Proche confident du président, il joue un rôle clé dans la navigation des méandres politiques, tissant des alliances et apaisant les tensions dans un contexte souvent turbulent.
Amos Elegbè « L’Homme de tous les régimes » : continuité, intégrité et une vague d’émotion après sa disparition
Surnommé « l’homme de tous les régimes », Amos Elegbè a su traverser les époques avec une agilité rare. De Kérékou à Yayi, en passant par Soglo, il a incarné une forme de continuité dans un paysage politique marqué par les ruptures. Cette longévité, loin d’être le fruit du hasard, reposait sur une réputation d’intégrité et une capacité à dialoguer avec toutes les sensibilités. À Cotonou comme à Savè, on louait sa simplicité et son écoute, des qualités qui lui valaient le respect au-delà des clivages partisans.
Son engagement ne se limitait cependant pas aux sphères du pouvoir. En tant qu’universitaire, il a formé des générations d’étudiants, insufflant un esprit critique et une passion pour le développement national. Sa disparition, survenue après une bataille contre la maladie, a suscité une vague d’émotion, amplifiée par des hommages sur les réseaux sociaux et dans la presse béninoise, où l’on salue un « patriote sincère » et un « sage discret ».
Un héritage pour le Bénin de demain : dialogue, développement et un rêve à poursuivre pour la nation
La disparition d’Amos Elegbè intervient dans un contexte où le Bénin, sous la présidence de Patrice Talon, poursuit sa modernisation tout en affrontant des défis sécuritaires et sociaux. Son parcours, fait de ponts jetés entre les époques et les idées, rappelle ainsi l’importance du dialogue et de la persévérance dans la construction d’une nation. Ses contributions au tourisme, notamment la mise en valeur du patrimoine de Ouidah et de Porto-Novo, continuent d’inspirer les politiques culturelles actuelles.
Alors que les hommages affluent, de Cotonou à Savè, le Bénin se prépare à honorer la mémoire de cet homme d’État lors de cérémonies dont les détails restent à préciser. En ces heures de recueillement, une certitude émerge : Amos Elegbè, par sa vie et son œuvre, a gravé son nom dans l’histoire d’un Bénin en quête d’unité et de progrès. Son départ laisse un vide, certes, mais aussi une invitation à poursuivre son rêve d’un pays où l’intelligence et l’engagement servent le bien commun.