Parakou sous le sceau du scandale : une opacité financière ébranle la mairie
Dans le tumulte vibrant de Parakou, troisième cité du Bénin et carrefour névralgique du commerce ouest-africain, une ombre s’est abattue sur l’administration municipale. Un contrôle impromptu, diligenté récemment, a mis au jour des irrégularités troublantes dans la gestion des taxes perçues sur le chargement des bus, jetant une lumière crue sur des pratiques opaques.
Plus de 7,5 millions de francs CFA, destinés aux caisses publiques, n’auraient pas été reversés, dont 5 millions semblent s’être purement et simplement volatilisés dans un silence assourdissant. Ce scandale, qui secoue la confiance des citoyens, soulève des questions brûlantes sur la gouvernance locale et met en péril l’élan d’une ville en quête de rayonnement régional. Découvrez les détails de cette affaire qui fragilise le dynamisme de Parakou.
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Détournement de fonds : une découverte aux accents de trahison citoyenne
Parakou, avec ses 200 000 âmes et son rôle de plaque tournante pour le coton et les échanges transfrontaliers, repose sur une économie où chaque franc compte. Les taxes de chargement des bus, prélevées sur les transporteurs qui sillonnent la RNIE 2 et la RNIE 6, constituent une manne essentielle pour financer les infrastructures et les services publics. Pourtant, un contrôle inopiné, effectué en juin 2025, a révélé un gouffre financier alarmant : sur les fonds collectés, 7 520 000 FCFA n’auraient pas rejoint les comptes municipaux et 5 millions demeurent introuvables, selon le procès-verbal officiel. Cette révélation, relayée par des sources locales, a suscité une onde de choc parmi les habitants, déjà éprouvés par les défis d’une urbanisation galopante.
Par ailleurs, l’audit, mené par une équipe indépendante, a mis en lumière des lacunes criantes dans la traçabilité des recettes. Absences de reçus, registres lacunaires et justificatifs manquants : les indices pointent vers une gestion désinvolte, voire frauduleuse, au sein de l’appareil municipal. Si les autorités n’ont pas encore désigné de responsables, les regards se tournent inévitablement vers les agents chargés de la collecte et les élus locaux, dont la probité est désormais questionnée par la population.
La confiance citoyenne en sursis : Indignation et attentes de transparence
Dans les ruelles animées du marché Zongo, où les commerçants comme Adidjatou Soumaila célèbrent les récents progrès des infrastructures routières, l’indignation le dispute à la résignation. « Nous payons nos taxes pour voir notre ville grandir, mais si l’argent disparaît, à quoi bon ? » s’interroge un transporteur, dont les bus desservent quotidiennement Niamey et Kano. Ce sentiment d’injustice profonde reflète une fracture croissante entre les Parakois et leurs édiles. Par conséquent, la mairie, sous la houlette du maire Inoussa Zimé Chabi, se trouve sous pression pour clarifier cette affaire et restaurer une transparence ébranlée.
Au Bénin, où le gouvernement de Patrice Talon a fait de la lutte contre les malversations un étendard national, cette affaire pourrait ternir l’image d’une gouvernance en quête de rigueur. L’Autorité Nationale de Lutte contre la Corruption (ANLC), déjà sollicitée, pourrait diligenter une enquête approfondie, tandis que des voix citoyennes réclament des sanctions exemplaires pour les coupables.
Parakou : Un défi majeur pour l’ambition d’un hub régional
Parakou, forte de son dynamisme économique – 40 % de la production cotonnière béninoise transite par ses routes – aspire légitimement à devenir un hub régional, à l’image de Cotonou. Des projets structurants comme le Parakou Urban Transport Project, financé par la Banque Africaine de Développement, ont déjà des retombées positives, réduisant les accidents de 20 % et créant 1 500 emplois temporaires en 2024, galvanisant les espoirs d’une prospérité partagée. Cependant, ce scandale financier risque malheureusement de freiner cet élan prometteur, en dissuadant les investisseurs potentiels et en fragilisant la confiance des partenaires.
Pour surmonter cette crise, la mairie devra non seulement élucider les circonstances de ce détournement présumé avec la plus grande célérité, mais aussi renforcer drastiquement ses mécanismes de contrôle interne. La numérisation des paiements, déjà en cours dans certaines communes béninoises, pourrait significativement limiter les risques de fraude, tandis qu’une communication transparente et proactive apaiserait les tensions citoyennes. Le défi est de taille : transformer cette épreuve en opportunité pour bâtir une gestion exemplaire, capable de redonner foi en l’avenir et le développement de Parakou.
Parakou à la croisée des chemins : vers la transparence ou le désenchantement ?
Dans le crépuscule parakois, où les motos zigzaguent entre les étals et les camions, une question fondamentale plane : Parakou saura-t-elle transcender ce scandale pour affirmer son destin et son rôle de ville majeure ? Ce détournement présumé, loin d’être une fatalité, doit devenir un catalyseur puissant pour une gouvernance plus intègre et plus responsable.
Alors que les citoyens scrutent l’horizon, attendant des réponses claires et des réformes concrètes, la ville du Borgou se tient à un carrefour décisif. Elle doit choisir entre l’ombre persistante des malversations et la lumière d’une ambition retrouvée, bâtie sur la confiance et la transparence. L’administration de Parakou parviendra-t-elle à restaurer la confiance de ses citoyens et à relancer son développement, malgré ce revers majeur ?
