Bénin : Une commission d’enquête parlementaire demandée pour éclaircir les accusations de détournement au ministère de l’Énergie
Cotonou, 27 juin 2025 – Une bombe politique vient d’exploser, promettant de secouer les fondations du gouvernement et de tenir le Bénin en haleine ! Le 26 juin 2025, douze députés de l’opposition ont lancé un pavé dans la mare en déposant une résolution à l’Assemblée nationale. Leur objectif est de créer une commission parlementaire d’enquête pour faire toute la lumière sur des accusations explosives de détournement de fonds au ministère de l’Énergie, de l’Eau et des Mines.
Ces allégations sulfureuses ne proviennent de nul autre que Paulin Akponna, le désormais ancien Ministre de ce même portefeuille. Cette affaire, déjà marquée par des tensions palpables entre l’opposition et le gouvernement, met en lumière les défis colossaux de gouvernance et de transparence dans un Bénin en pleine ébullition politique, à moins d’un an des élections présidentielles de 2026.
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Les accusations choc : quand l’ex-ministre dénonce des milliards « Siphonnés »
Mais d’où vient cette tempête ? Paulin Akponna, nommé ministre en janvier 2025 et abruptement remplacé le 26 juin suivant, avait, lors d’une visite retentissante à Parakou le 21 juin 2025, dénoncé publiquement le « siphonnage » de milliards de FCFA. Ces sommes colossales étaient pourtant destinées à des projets cruciaux d’accès à l’eau potable et à l’électricité. Plus encore, il a directement imputé ces malversations à des acteurs politiques locaux, et ce, malgré des investissements massifs de plus de 1 000 milliards de FCFA engagés depuis 2016 sous l’égide du Programme d’Action du Gouvernement (PAG). En conséquence, ces déclarations ont mis en lumière une gestion opaque et des interruptions fréquentes des services essentiels, alimentant logiquement le mécontentement populaire.
Réponse du gouvernement : Tolérance zéro ou tentative de museler ?
Face à l’ampleur des révélations, le gouvernement, par la voix de son porte-parole Wilfried Léandre Houngbédji, a réagi ce 27 juin 2025. D’une part, il a clarifié que, si les propos d’Akponna ne relèvent pas d’une logique de guerre politique, il doit être « délié de toute obligation de réserve » pour apporter des preuves à la justice. Cette position s’inscrit, selon lui, dans la doctrine de « tolérance zéro à la corruption et à la mauvaise gouvernance » prônée par le président Patrice Talon. D’autre part, le gouvernement a également souligné qu’Akponna ne lui avait transmis aucun rapport formel sur ces malversations depuis sa nomination — une absence de signalement qui, en temps normal, aurait déclenché une enquête judiciaire.
Le parti d’Akponna prend ses distances : fissures dans la majorité ?
Ce n’est pas tout ! Le Bloc Républicain, parti d’Akponna, a pris ses distances dans un communiqué du 26 juin 2025. Le parti a rejeté toute interprétation selon laquelle Akponna parlait en son nom, soulignant qu’aucun mandat n’avait été accordé pour ces déclarations. Il a également appelé à la responsabilité et à la cohésion interne. Ainsi, cette réaction met en lumière de potentielles tensions au sein de la coalition au pouvoir, ajoutant une couche de complexité à la crise.
Parallèlement, le 26 juin 2025, le président Talon a rapidement sollicité le bureau de l’Assemblée nationale pour remplacer Akponna par José Didier Tonato, Ministre du Cadre de vie, des Transports et du Développement durable. Cette décision, largement perçue comme une sanction politique, a été confirmée après un avis favorable du bureau de l’Assemblée, marquant une réponse rapide du pouvoir pour tenter de contenir la crise.
L’Offensive de l’opposition : une enquête parlementaire, mission impossible ?
Face à ces révélations fracassantes, les douze députés de l’opposition, principalement issus du parti Les Démocrates dirigé par l’ancien président Thomas Boni Yayi, n’ont pas tardé à réagir. En conséquence, ils ont introduit une résolution percutante pour la création d’une commission d’enquête parlementaire. Cette démarche audacieuse, détaillée dans divers rapports, vise à investiguer la gestion des fonds alloués au ministère depuis 2016, identifier d’éventuelles irrégularités et déterminer les responsabilités. Cette demande s’appuie directement sur les accusations d’Akponna, perçues comme une opportunité unique de pression sur le gouvernement.
Cependant, l’adoption de cette résolution semble compromise. Car, les partis soutenant Talon, tels que l’Union Progressiste pour le Renouveau (UPR) et le Bloc Républicain, dominent l’Assemblée nationale en y détenant la majorité écrasante des sièges. Dès lors, avec seulement une minorité d’opposition, il est peu probable que la résolution passe sans un soutien inattendu de la majorité, comme l’a noté un analyste politique sous couvert d’anonymat.
Transparence et gouvernance au Bénin : les enjeux cruciaux d’un pays sous tension
Cette affaire soulève des questions cruciales sur la transparence et la gouvernance au Bénin. Si elles se confirment, les allégations d’Akponna risquent de porter un grave coup à la crédibilité du gouvernement et de nourrir davantage le mécontentement public — d’autant plus que, selon un rapport de la Banque mondiale publié en 2024, seuls 43 % des Béninois vivant en zone rurale bénéficient d’un accès à une source d’eau potable améliorée, tandis que les coupures d’électricité demeurent fréquentes.
Pour l’opposition, cette initiative est une stratégie clé pour mobiliser l’opinion publique et se positionner comme une alternative crédible avant les élections de 2026. Néanmoins, sans une pression populaire massive ou un changement d’attitude de la majorité, l’enquête risque de rester lettre morte, renforçant le sentiment d’impunité, comme le craignent certaines organisations de la société civile, telles que le Front pour la Bonne Gouvernance (FBG).
Le remplacement d’Akponna par Tonato, un fidèle de Talon, pourrait signaler une volonté de continuité, mais ne répond en rien aux accusations de fond. En appelant Akponna à fournir des preuves à la justice, le gouvernement entend dépolitiser l’affaire ; mais selon des analystes politiques locaux, certains pourraient aussi y voir une manœuvre visant à discréditer ses allégations.
Bénin : entre accusations, réactions et attentes citoyennes, quel avenir ?
En somme, cette controverse illustre parfaitement les tensions politiques persistantes au Bénin, avec des enjeux de transparence et de gouvernance au cœur d’un débat houleux. Les Béninois, confrontés au quotidien à des défis persistants d’accès à l’eau et à l’électricité, attendent des réponses claires et des actions concrètes. Dorénavant, l’avenir de cette affaire dépendra de la capacité de l’opposition à mobiliser efficacement et de la réponse du gouvernement dans un contexte préélectoral où la population scrute chaque action avec la plus grande attention. Le Bénin est à la croisée des chemins : transparence et justice, ou statu quo ? L’histoire est en marche.
