Un cri dans la fosse : drame et désespoir à Zè, où un nouveau-né défie la mort
Zè, 1ᵉʳ juillet 2025 – Dans la paisible commune de Zè, nichée au cœur du Bénin, un hurlement a déchiré le silence des latrines d’Adohounsa, dans l’arrondissement de Dodji-Bata. Le 24 juin 2025 dernier , un nouveau-né, une fillette à peine venue au monde, a été retrouvé vivant, gémissant à dix mètres de profondeur dans une fosse septique, abandonné par sa mère, une jeune apprentie couturière. Ce fait, digne d’une tragédie antique, a secoué le Bénin, révélant un entrelacs de désespoir, de violence et de secrets inavouables. Derrière ce miracle de survie se cache une histoire de rapports imposés, de honte et de justice en marche.
Un nouveau-né : un sauvetage aux allures de miracle
Ce mardi matin là, à Adohounsa, ce sont les pleurs d’un bébé, étouffés, mais tenaces, qui ont alerté des enfants venus utiliser les toilettes familiales. Stupéfaits, ils ont appelé leurs parents, qui ont à leur tour rameuté le voisinage. Dans une mobilisation aussi spontanée qu’héroïque, la communauté a brisé le béton de la fosse pour atteindre l’enfant, une fillette miraculeusement vivante malgré sa chute dans les ténèbres fétides. Les secours l’ont repêchée à dix mètres de profondeur, puis l’ont transportée d’urgence à l’hôpital de la Croix de Zinvié, où les médecins ont stabilisé son état, désormais jugé hors de danger malgré sa fragilité. « Un miracle », murmurent les habitants, encore sous le choc de cette découverte.
LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ
Mais ce sauvetage, digne d’un récit biblique, a vite cédé la place à l’horreur des révélations. La police républicaine, alertée dans l’heure, a ouvert une enquête pour identifier l’auteur de cet acte. Grâce à la collaboration des riverains, les investigations ont rapidement désigné une suspecte : une jeune apprentie couturière, employée dans un atelier local. Arrêtée et interrogée, elle a livré une confession glaçante, jetant une lumière crue sur les circonstances de ce drame.
Une confession dans l’ombre de la peur
La jeune femme, une adolescente, a avoué avoir jeté son nouveau-né dans la fosse après un accouchement clandestin. Submergée par la honte et la panique, elle a agi seule, incapable d’assumer une grossesse qu’elle n’avait pas choisie. Selon ses déclarations, cette grossesse est le fruit de rapports sexuels imposés par le mari de sa patronne, un homme dont l’identité reste protégée pour les besoins de l’enquête. Ces abus auraient eu lieu à plusieurs reprises, toujours le samedi, jour où l’atelier, déserté par les autres apprenties, devenait un piège pour la jeune fille.
Un drame aux racines profondes
L’acte désespéré de l’apprentie, qui a choisi d’abandonner son enfant dans une fosse, reflète une détresse abyssale. « Elle a agi sous le poids de la honte et de l’isolement », explique une travailleuse sociale de Zè.Dans un pays où la loi interdit l’avortement, sauf en cas de danger pour la mère ou de viol, et où l’accès à l’éducation sexuelle demeure restreint, les grossesses non désirées conduisent souvent à des actes désespérés.L’histoire de cette jeune fille, piégée par la violence et la solitude, résonne comme un cri d’alarme.
Une communauté face à ses démons
À Adohounsa, l’émotion est à son comble. Les habitants, fiers d’avoir sauvé une vie, font désormais face à la douleur des révélations. La patronne de l’atelier, dont le mari est impliqué, garde le silence pour l’instant. Toutefois, des rumeurs laissent entendre qu’elle envisage de porter plainte pour diffamation, ce qui complique davantage l’affaire. Sur les réseaux sociaux, les Béninois expriment un mélange de compassion pour l’enfant et de colère envers les adultes impliqués. « Comment un homme peut-il abuser d’une adolescente et prétendre au consentement ? » s’indigne un internaute, tandis qu’un autre appelle à « protéger les jeunes filles des prédateurs dans les ateliers ».
La justice, dorénavant saisie, devra trancher. Le mari risque des poursuites pour viol ou abus sexuel sur mineure, des chefs d’accusation passibles de lourdes peines selon le Code pénal béninois. Quant à l’apprentie, le tribunal pourrait la poursuivre pour tentative d’infanticide, bien que son statut de victime potentielle puisse influencer sa clémence. On attend une audience dans les prochaines semaines, probablement à la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET), connue pour sa sévérité.
Un appel à l’éveil
Ce drame, aussi sordide qu’il soit, est un miroir tendu au Bénin. Il interroge la protection des jeunes filles dans les espaces de travail informels, l’accès à la justice pour les victimes de violences sexuelles et la nécessité d’une éducation qui brise les tabous. La fillette, sauvée des entrailles de la terre, incarne une lueur d’espoir dans ce tableau sombre. Sa survie, un défi à la mort, appelle à une prise de conscience collective. À Zè, on murmure déjà son surnom : « l’enfant miracle ». Mais pour que ce miracle ne soit pas vain, le Bénin devra écouter les pleurs étouffés de celles qui, comme son adolescente de mère, n’ont d’autre refuge que le silence.
