Cotonou, 1ᵉʳ août 2025 – Ce vendredi, le Bénin a vibré au rythme des festivités marquant le 65ᵉ anniversaire de son accession à la souveraineté nationale et internationale, un moment historique célébré avec ferveur et solennité. Sous un ciel dégagé, la capitale économique, Cotonou, s’est parée de ses plus beaux atours pour accueillir un événement mémorable. Mais derrière les parades éclatantes et les discours vibrants, des absences remarquées et des messages politiques ont également ponctué cette journée, témoignant de la complexité du moment.
Fête nationale : Une cérémonie grandiose pour une nation en mouvement
Dès 9 h 40, les célébrations ont débuté par un geste symbolique fort : le dépôt de gerbes au pied du Monument aux Dévoués. Puis, à 10 h, l’esplanade de l’Amazone, devenue le théâtre des commémorations nationales, s’est animée avec un défilé militaire et paramilitaire d’une ampleur inédite. Plus de 5 080 hommes et femmes, répartis en 40 pelotons, ont défilé avec une précision remarquable, sous les regards du président Patrice Talon, des membres du gouvernement, du corps diplomatique et d’une foule en liesse.
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Par ailleurs, pour la première fois, le drapeau national a été porté dans les airs par un aéronef, marquant l’ouverture du défilé aérien. Seize vecteurs aériens, incluant hélicoptères et avions, ont survolé Cotonou, démontrant la montée en puissance des forces armées béninoises. Une autre nouveauté a capté l’attention : l’introduction d’un treillis digitalisé unique, adopté par l’ensemble des forces de défense. Ce nouvel uniforme, moderne et fonctionnel, symbolise la volonté de modernisation de l’institution militaire.
Une ouverture diplomatique audacieuse malgré les tensions régionales
Cette année, le Bénin a marqué les esprits par un geste diplomatique fort en invitant quatre pays de la sous-région à participer au défilé : la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo et le Niger. Parmi eux, seule la Côte d’Ivoire a confirmé sa présence, avec un peloton d’élèves militaires qui a ouvert le défilé aux côtés des écoles de formation béninoises. Les forces de la douane, des eaux et forêts, de la Police républicaine et des sapeurs-pompiers ont également pris part à cette parade, renforçant l’image d’une nation unie.
L’invitation des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), notamment le Niger et le Burkina Faso, bien que non confirmée, témoigne de la volonté du Bénin de tendre la main à ses voisins dans un contexte régional tendu. Ce geste intervient après une attaque jihadiste meurtrière en avril 2025. Le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, a qualifié cette célébration d’« apothéose », soulignant l’engagement du Bénin à promouvoir le dialogue régional.
Les absences qui parlent : l’opposition attend des gestes d’apaisement.
Si la fête a été marquée par une mobilisation collective, elle n’a pas échappé aux débats politiques. L’opposition, représentée par le Cadre de concertation des forces politiques, a conditionné sa participation à des gestes d’apaisement de la part du gouvernement. De ce fait, bien que des députés de l’opposition aient reçu des invitations, les partis membres de cette plateforme ont déploré l’absence de convocations formelles. Antoine Guédou, porte-parole du Cadre, a déclaré : « Nous sommes prêts à participer, mais nous attendons des signaux concrets de réconciliation. » L’opposition a notamment appelé à la libération des personnalités politiques détenues et à l’organisation d’un dialogue national.
Parmi les absents remarqués, plusieurs figures politiques de premier plan, dont certaines en exil ou en détention, n’ont pas pris part aux festivités. Il est à noter qu’en 2016, la présence d’anciens présidents comme Nicéphore Soglo et Boni Yayi avait symbolisé une certaine unité nationale. Neuf ans plus tard, le climat politique reste marqué par des fractures, exacerbées par des lois controversées et des élections perçues comme exclusives.
L’unité et la fierté : la dimension culturelle et citoyenne de cette fête nationale
Au-delà des parades militaires, manifestations culturelles mettant en valeur la richesse du patrimoine béninois rythmeront la journée . Des concerts, des expositions et des compétitions sportives ont animé Cotonou et d’autres villes du pays, rassemblant les citoyens autour de leur identité commune. D’ailleurs, le logo commémoratif, dévoilé il y a quelques semaines, a été largement adopté par les institutions, les médias et les citoyens. Ce visuel, accompagné d’un guide d’utilisation, incarne l’aspiration du Bénin à un développement durable et inclusif.
Fête nationale : Un anniversaire sous le signe de l’espoir et de l’interrogation
En somme, ce 65ᵉ anniversaire, le Bénin a offert un spectacle à la hauteur de ses ambitions : une nation fière de son passé, résolue à relever les défis du présent et tournée vers un avenir prometteur. Cependant, alors que cette célébration marque la dernière fête nationale sous la présidence de Patrice Talon, elle pourrait également ouvrir la voie à une nouvelle ère de dialogue et de cohésion. Il revient aux autorités d’entendre les appels de l’opposition et de faire de cet événement symbolique un levier d’apaisement, capable d’ouvrir une nouvelle page de l’histoire béninoise.
