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Bénin : Sodjinou fragmente le Parti de Boni Yayi

Fracture interne : à l’approche de la présidentielle de 2026, le député Michel François Sodjinou accuse ouvertement Boni Yayi, président des…

Le député Michel François Sodjinou accuse Boni Yayi de reproduire les erreurs passées en verrouillant la désignation du candidat de l'opposition pour 2026, créant une fracture majeure au sein des Démocrates. Le député Michel François Sodjinou

Fracture interne : à l’approche de la présidentielle de 2026, le député Michel François Sodjinou accuse ouvertement Boni Yayi, président des Démocrates, d’imposer un « schéma » autoritaire qui divise le principal parti d’opposition béninoise. Il dénonce un verrouillage du processus de désignation du candidat et des pressions sur les élus.

Cotonou, 16 octobre 2025 – Dans une déclaration cinglante, le député Michel François Sodjinou, figure influente du parti Les Démocrates (LD), accuse ouvertement Boni Yayi, fondateur et président de la formation, de reproduire les erreurs du passé. À l’approche de l’élection présidentielle de 2026, il alerte sur un « schéma » imposé d’en haut qui divise les rangs et étouffe la démocratie interne. Une sortie qui pourrait bien fissurer l’unité du principal parti d’opposition béninoise.

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Leçons oubliées : l’écho douloureux des défaites passées

 

Sodjinou ne mâche pas ses mots : pour lui, Les Démocrates glissent inexorablement vers une ère de déjà-vu, rappelant les moments sombres de l’ancien parti au pouvoir, les Forces Cauries pour un Bénin Émergent (FCBE).

« En 2016, vous vous souvenez de la déception d’un choix imposé d’en haut : celui de Lionel Zinsou, parachuté comme candidat du pouvoir sortant. Cette décision, prise sans concertation, nous a conduits à une défaite douloureuse », écrit-il dans sa déclaration, rendue publique mercredi.

Cinq ans plus tard, en 2021, l’histoire se serait répétée au sein de LD. Contre toute logique démocratique, le parti aurait porté la candidature de Reckya Madougou, une personnalité certes compétente, mais totalement étrangère à la vie du parti. Ce choix, décidé par un cercle restreint , aurait non seulement divisé les militants, mais aussi éteint l’espoir de nombreux fidèles.


Le scandale du parrainage pour 2026 : verrouillage et divisions régionales

 

Le cœur de la polémique porte sur la désignation du candidat pour le scrutin de 2026. Sodjinou dépeint un débat malsain autour de l’auto-parrainage, ligne de défense de Yayi Boni, relayée par une garde rapprochée intellectuelle qui n’hésiterait pas à recourir à des provocations, les intimidations, les agressions verbales.

Mais au-delà, un débat abject se profile en filigrane : la nécessité d’un « candidat du Nord ». Sous couvert d’unité, les dirigeants auraient exigé des députés qu’ils signent « à blanc » leurs fiches de parrainage, sans connaître le nom du bénéficiaire. « On a fait croire que la discipline de groupe signifiait l’obéissance aveugle« , dénonce Sodjinou. Des commissions de désignation auraient vu leurs équilibres fixés à l’avance, avec des représentants de certains départements écartés pour ne pas appartenir à la bonne région ou au bon clan.

Malgré des travaux inachevés, « tout le monde sait que le choix de M. Renaud Agbodjo est déjà acté« , assène le député, pointant du doigt un processus verrouillé.

 

Un appel à la franchise : « Boni Yayi ne peut pas décider seul. »

Avec respect mais aussi franchise, Sodjinou interpelle directement Boni Yayi : « Notre président ne peut pas continuer à décider seul du destin de notre parti. Le respect que nous lui devons ne doit pas nous empêcher de dire la vérité. » Pour lui, LD n’a pas été créé comme un tremplin à quelques ambitions personnelles, mais pour redonner une voix au peuple. Or, aujourd’hui, cette voix est confisquée.

Cette déclaration, signée par Michel François Sodjinou, un ancien pilier du FCBE passé chez LD, intervient dans un contexte tendu pour l’opposition béninoise. Alors que le régime de Patrice Talon consolide son emprise, les Démocrates peinent à s’unir face à un paysage politique fragmenté.

Réactions en suspens, unité en péril ?

Contacté par notre rédaction, le bureau exécutif de Les Démocrates n’a pas encore réagi officiellement. Des sources internes évoquent déjà des remous, certains militants saluant le courage de Sodjinou, tandis que d’autres craignent une fracture irréparable à neuf mois des élections.

Ce bras de fer interne pourrait redessiner les alliances pour 2026. Reste à savoir si la voix du député aura un impact au-delà des cercles partisans, ou si la machine du parti la réduira au silence. Quoi qu’il en soit, elle ravive le débat sur la démocratie au sein des partis d’opposition, un enjeu crucial pour la vitalité du pluralisme béninois.

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