Justice




Bénin : Affaire de diffamation entre ex-ministres de l’Énergie

Entre diffamation et rivalités politiques, le duel judiciaire entre Paulin Akponna et Samou Seidou Adambi s’enlise à Abomey-Calavi, révélant ainsi …

Le Tribunal d’Abomey-Calavi reporte une nouvelle fois l’affaire de diffamation opposant Akponna à Adambi. Un duel judiciaire qui révèle les tensions au sein de l’élite politique béninoise. X(ancien twitter )

Entre diffamation et rivalités politiques, le duel judiciaire entre Paulin Akponna et Samou Seidou Adambi s’enlise à Abomey-Calavi, révélant ainsi  les fractures d’une élite en quête de rédemption.

 

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Abomey-Calavi, 23 octobre 2025 –Le feuilleton judiciaire opposant deux anciens poids lourds du gouvernement béninois continue de s’étirer. Hier, le Tribunal de première instance d’Abomey-Calavi a une nouvelle fois ajourné l’examen de la plainte pour diffamation visant Paulin Akponna, ex-ministre de l’Énergie et des Mines, accusé d’avoir proféré des propos injurieux à l’encontre de son prédécesseur, Samou Seidou Adambi. La prochaine audience est fixée au 5 novembre, prolongeant l’incertitude autour d’une querelle qui empoisonne les coulisses politiques depuis plusieurs mois.

Ni l’accusé ni le plaignant n’ont assisté à l’audience, laissant leurs avocats plaider en leur nom. Ce report, le deuxième en quelques semaines, s’explique par un vice de procédure persistant : le non-paiement d’une consignation judiciaire de 300 000 francs CFA, exigée pour ouvrir l’instruction au fond.

 

Affaire de diffamation : des accusations explosives nées d’un meeting houleux

 

L’affaire a éclaté lors d’un meeting politique à Parakou, dans le nord du pays. Paulin Akponna, alors ministre en exercice, avait lancé de lourdes accusations contre Samou Seidou Adambi, l’accusant d’avoir détourné des fonds publics en « aspirant » les ressources budgétaires du secteur énergétique. Des propos jugés diffamatoires par Adambi, qui a immédiatement saisi la justice pour laver son honneur.

Ces déclarations, prononcées en pleine campagne, ont provoqué un tollé au sein du gouvernement et entraîné la révocation immédiate d’Akponna. Ce dernier, dans une tentative d’apaisement, a présenté des excuses publiques à Adambi, au chef de l’État et à l’ensemble de l’exécutif. Une démarche qui n’a pas suffi à éteindre l’incendie.

 

Une procédure qui patine, un climat qui s’alourdit

 

Déjà reportée une première fois en juillet pour vice de forme, l’affaire peine à avancer. Malgré le délai accordé pour régulariser la consignation, le 22 octobre, le tribunal a de nouveau renvoyé les parties dos à dos. Ce blocage procédural alimente le malaise et retarde une issue judiciaire attendue.

Dans le même temps, une enquête du Haut Commissariat à la prévention de la corruption a blanchi Adambi : aucune preuve ne vient étayer les accusations de détournement. Ce verdict renforce aussi  la plainte pour diffamation et donne à l’affaire une tournure plus pénale que politique.

 

Affaire de diffamation : Réconciliation impossible ou bras de fer prolongé ?

 

Pour les observateurs du paysage politique béninois, ce différend illustre les tensions latentes au sein de l’élite dirigeante, où les rivalités personnelles dégénèrent en affrontements institutionnels. Relégué dans l’opposition après son limogeage, Akponna pourrait percevoir cette procédure comme une manœuvre pour le neutraliser. Adambi, lui, se présente en fait comme la cible d’une cabale destructrice.

Avec ce nouveau report, le suspense judiciaire s’épaissit. Le 5 novembre, les juges d’Abomey-Calavi devront-ils enfin trancher sur le fond, ou ce dossier – miné par des reports techniques – risque-t-il de s’enliser davantage ? En attendant, les deux ex-ministres, jadis alliés, assistent à l’érosion d’une relation professionnelle brisée par des mots trop lourds.

En somme,  à Cotonou, les murmures se multiplient : cette affaire pourrait bien peser sur les équilibres politiques à venir, à l’approche des échéances électorales. L’horizon judiciaire, lui, reste brouillé.

 

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