Bohicon, 5 mars 2025 – Ce mercredi, l’hôtel Le Miracle de Bohicon s’est transformé en un carrefour d’espoir et de réflexion. Après une première escale à Parakou deux jours plus tôt, l’atelier d’information réunissant maires et Secrétaires Exécutifs des mairies a repris ses travaux, porté par une mission limpide : éclairer les résultats du dispositif Azôli et dessiner les attentes des autorités locales face à cette initiative qui redéfinit l’avenir des jeunes Béninois. En effet, sous l’égide de l’Agence nationale pour l’Emploi (AnpE) et du Projet d’Inclusion des Jeunes (ProDIJ), cet événement n’est pas une simple rencontre protocolaire : il s’agit d’un jalon dans une croisade pour l’émancipation économique d’une jeunesse trop longtemps laissée en jachère.
Azôli, une boussole pour les oubliés
En plus, Wilfreed Gbessi, Secrétaire Technique du ProDIJ, a planté le décor avec une clarté tranchante : « La raison d’être du ProDIJ est de juguler le sous-emploi des jeunes et d’ancrer leur inclusion économique au cœur du développement national. » Ce programme, soutenu par la Banque mondiale, cible les 18-30 ans peu ou pas instruits de niveau BEPC maximum, souvent dépourvus de qualifications ou englués dans l’inactivité.
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Par ailleurs, agro-industrie, artisanat, tourisme, numérique, énergies renouvelables : les secteurs d’intervention d’Azôli, dont le nom signifie « chemin de l’emploi » en fon, se veulent des tremplins vers des métiers d’avenir. Avec une attention particulière portée aux femmes (50 % des bénéficiaires) et aux jeunes des zones vulnérables (40 %), le dispositif s’attaque aux fractures profondes d’un pays où la proximité avec des voisins en proie à l’extrémisme et la porosité des frontières ont jadis amplifié les risques de dérive.
À Bohicon, les mots de Gbessi ont résonné comme une réponse aux maux d’hier : faible accès aux opportunités, accompagnement insuffisant, barrières financières. « Grâce au ProDIJ, ces écueils qui freinaient l’épanouissement des jeunes s’effacent peu à peu », a-t-il assuré, esquissant un tableau où l’insertion professionnelle devient une réalité tangible.
La GDIZ, un creuset d’avenir
C’est dans ce contexte que Donaldine Dhossou Houssou, Cheffe d’Antenne AnpE à la Zone Industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ), a pris la parole pour dérouler un bilan éloquent. Devant un auditoire attentif de maires et de Secrétaires Exécutifs, elle a révélé des chiffres qui donnent chair à l’ambition : au 28 février 2025, 7 895 jeunes issus des 77 communes béninoises ont intégré les unités textiles de la GDIZ grâce à Azôli. Un exploit rendu possible par un mécanisme bien huilé : un stage-formation d’un an, suivi d’un recrutement automatique dans les entreprises du parc industriel. « L’AnpE, via Azôli et le Programme Spécial d’Insertion dans l’Emploi (PSIE), répond aux besoins des entreprises en personnel qualifié ou peu qualifié », a-t-elle expliqué, soulignant la complémentarité des deux initiatives.
Mais au-delà des statistiques, c’est une philosophie qui se dessine. La GDIZ, gérée par la Société d’Investissement et de Promotion de l’Industrie (SIPI), se veut un havre de dignité. « Nous créons un environnement où le respect et la décence prévalent, sans tolérance pour le harcèlement ou les inégalités », a martelé Mme Dhossou Houssou. Les chiffres détaillés par département et commune, partagés lors de cette session, ont offert aux édiles une vision précise de l’impact local, renforçant leur rôle dans cette dynamique.
Azôli : une synergie pour demain
En outre, L’atelier de Bohicon n’est pas qu’un bilan ; c’est une invitation à l’action. En réunissant les autorités locales, l’AnpE mise sur une synergie essentielle pour amplifier les retombées d’Azôli. Les maires, gardiens des réalités communales et les Secrétaires Exécutifs, rouages administratifs, sont appelés à devenir des relais de cette ambition. Car si 7 895 jeunes ont déjà franchi le seuil de l’emploi à la GDIZ, l’objectif ultime du ProDIJ, toucher 35 000 bénéficiaires d’ici à la fin du projet, exige une mobilisation collective.
Dans les couloirs de l’hôtel Le Miracle, les échanges ont vibré d’une énergie palpable. Les élus, armés de données et de perspectives, ont aussi entrevu leur rôle dans cette transformation : sensibiliser, orienter, soutenir. Azôli, plus qu’un dispositif, se mue en une passerelle entre les aspirations individuelles et les besoins d’une nation en marche.
Une graine qui éclot sous le soleil béninois
En somme, alors que le soleil déclinait sur Bohicon ce mercredi, une certitude s’imposait : Azôli n’est pas une simple rustine sur les plaies du chômage. C’est une graine plantée dans un sol fertile, celui d’une jeunesse avide de lendemains. Et si, dans ce coin du Bénin où les machines textiles ronronnent désormais au rythme des ambitions, le véritable miracle était celui d’un peuple qui, en offrant un chemin à ses enfants, se redécouvre lui-même ?