Le parti Les Démocrates, pilier de l’opposition béninoise, vacille sous le poids de nouvelles défections. À Cotonou, le départ de Jean-Eudes Gandonou, suppléant influent, révèle les tensions internes d’une formation en quête de cohésion à l’approche des scrutins de 2026.
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Cotonou, 17 novembre 2025 – Le parti d’opposition Les Démocrates, héritage politique de l’ancien président Boni Yayi, traverse une période trouble marquée par des défections successives. Ce lundi, Jean-Eudes Aguèmon Gandonou, figure clé du 5ᵉ arrondissement de Cotonou et suppléant du député Do Rego Léansou dans la 15ᵉ circonscription, a officialisé sa rupture avec la formation, invoquant des motifs strictement individuels. Une défection de plus qui ravive les tensions internes et fragilise la cohésion de l’opposition béninoise.
Un Exode de cadres aux conséquences lourdes
Cette défection s’inscrit en effet dans une tendance inquiétante. Depuis plusieurs mois, les Démocrates font face à un exode de cadres et d’élus, érodant leur assise dans un paysage politique dominé par la mouvance au pouvoir. Jean-Eudes Gandonou, enseignant de formation, militant actif depuis plus d’une décennie et connu pour son engagement local, devient le dernier en date à franchir le Rubicon. Son annonce, rendue publique ce 17 novembre, survient dans un contexte où le parti peine à maintenir son unité face aux défis électoraux et idéologiques.
De nombreux observateurs ne s’y trompent pas. Des observateurs de la scène politique béninoise notent que ces mouvements traduisent une fragilité structurelle : des alliances opportunistes qui se dissolvent au gré des vents conjoncturels.
« Quand les vulnérabilités d’un système sont exploitées, il suffit d’un coup de pouce pour que tout chavire », commente un analyste anonyme, soulignant comment ces départs affaiblissent la capacité de l’opposition à mobiliser durablement.
Les Motifs du Départ : une lettre sobre, mais évocatrice de tensions profondes
Ce matin même, l’annonce de Jean-Eudes Aguèmon Gandonou a provoqué une onde de choc, focalisant les regards sur ses motivations profondes. Dans un document concis adressé à la direction du parti, l’ex-membre exprime sa volonté de tourner la page sans entrer dans les détails. Il évoque simplement des « convenances personnelles » comme justification, une formule classique qui masque souvent des divergences plus profondes sur la stratégie ou les orientations. Ni reproches publics ni bilan amer : cette brièveté contraste avec l’ampleur des enjeux pour Les Démocrates, qui perdent ainsi un relais influent dans la capitale économique.
Sa démission intervient après une semaine marquée par d’autres turbulences. Jusque samedi, d’autres figures comme Justin Adjovi et Sounon Boké Soumaïla avaient également été annoncées sur la liste des départs. Toutefois, ce tableau a été rapidement nuancé par la rétractation de Sounon Boké Soumaïla, illustrant la confusion qui règne au sein de la formation.
Malgré cette discrétion officielle, les spéculations vont bon train. Des sources proches du dossier évoquent des frustrations liées à la gouvernance interne et à l’incapacité à contrer efficacement la majorité présidentielle. Le fait que certains anciens élus atterrissent rapidement dans le camp du pouvoir renforce d’ailleurs l’idée d’un calcul stratégique plutôt que d’une rupture idéologique pure.
Urgence de la Refondation : les Démocrates face à un défi de recapitalisation
Face à cette évidence de calculs stratégiques et de ruptures opportunistes, Les Démocrates doivent impérativement se recentrer sur des profils engagés par conviction, loin des alliances transactionnelles. Le parti de Boni Yayi, jadis force de proposition, appelle à une refondation autour de valeurs solides : défense des intérêts populaires et non des agendas individuels.
« Il est temps de trier le grain de l’ivraie, en misant sur ceux qui croient vraiment en la cause », estime un cadre resté fidèle, plaidant pour une mobilisation accrue en vue des échéances futures.
Cette crise interne n’est pas sans conséquence sur le calendrier politique. Elle intervient alors que le Bénin se prépare à des scrutins cruciaux, notamment la présidentielle, les municipales et les législatives prévues en 2026, où l’opposition espère regagner du terrain. Les récents transfuges, souvent accueillis à bras ouverts par la mouvance, illustrent les dynamiques de pouvoir en place et soulignent l’urgence pour Les Démocrates de consolider leur base militante.
Perspectives pour l’opposition béninoise : un appel à l’unité
Au-delà de ce cas isolé, l’épisode Gandonou met en lumière les enjeux plus larges de la démocratie béninoise : la nécessité d’une opposition résiliente pour équilibrer les pouvoirs. Les prochaines semaines seront décisives pour évaluer si les Démocrates sauront se réinventer, en attirant de nouvelles énergies porteuses d’espoir et d’innovation politique.
