Cotonou, le 23 décembre 2025 – Un vent de rigueur souffle sur le paysage médiatique béninois. Par une décision rendue publique ce mardi, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) vient de franchir une étape décisive dans l’encadrement de l’information officielle. Désormais, tout organe de presse, qu’il soit audiovisuel, écrit ou numérique, a l’obligation légale de relayer les messages du Gouvernement déclarés d’intérêt public.
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Messages d’intérêt public : une obligation de diffusion « sans délai »
La Décision N° 25-091, signée le 19 décembre dernier, est sans équivoque. Son article 1ᵉʳ stipule que les médias sont tenus de publier ou de diffuser ces messages « sans délai et sans altération ». Cette mesure concerne toutes les communications émanant directement du Gouvernement ou transmises sur ordre de la HAAC, dès lors qu’elles revêtent un caractère d’importance nationale.
Cette décision s’appuie sur une base légale solide, notamment les articles 230 et 231 du Code de l’information et de la communication de 2015. Pour le régulateur, il ne s’agit pas d’une simple recommandation, mais d’un impératif lié à la sauvegarde de l’ordre public et à la défense de l’intérêt général.
Des sanctions sévères en cas de manquement
Le régulateur a également tenu à prévenir toute forme de résistance ou de négligence. L’article 4 de la décision précise que tout « retard injustifié » ou toute « altération du contenu » d’un message d’intérêt public exposera l’organe de presse à des sanctions rigoureuses, conformément aux textes en vigueur.
L’objectif affiché est clair : garantir que l’information officielle, souvent vitale en période de crise ou pour la cohésion nationale, atteint chaque citoyen en un temps record et de manière fidèle, quel que soit le support de diffusion.
Un tournant pour la responsabilité des médias
Pour les observateurs du paysage médiatique béninois, cette décision souligne la responsabilité sociale du journaliste et du responsable de média. En période de défis sécuritaires ou de santé publique, la HAAC entend faire de la presse un relais stratégique et efficace de la parole étatique.
Si l’objectif affiché est d’assurer une visibilité maximale aux actions d’intérêt commun, la méthode interroge par sa radicalité. En brandissant la menace de sanctions pour tout « retard injustifié », le régulateur place une épée de Damoclès au-dessus des patrons de presse. Reste une question de fond : qui définira, demain, les limites de « l’intérêt public » ? Le risque est grand de voir l’information officielle saturer l’espace médiatique, au détriment du travail d’enquête et de la critique à distance nécessaire à toute démocratie.
