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Bénin : La journaliste Angela Kpeidja interpellée

Cotonou, 16 décembre 2025 – Le pouvoir béninois a lancé, depuis la fin de la semaine dernière, une vaste vague…

Après la mutinerie déjouée du 7 décembre au Bénin, la journaliste Angela Kpeidja a été interpellée. Elle sera présentée au juge pour ses propos sur les réseaux sociaux. Google

Cotonou, 16 décembre 2025 – Le pouvoir béninois a lancé, depuis la fin de la semaine dernière, une vaste vague d’interpellations dans le sillage de la mutinerie déjouée du 7 décembre. C’est dans ce climat de tension extrême que les autorités ont procédé à l’arrestation de la journaliste Angela Kpeidja. Cette figure médiatique influente et militante des droits des femmes fait l’objet d’une enquête pour des commentaires sur les réseaux sociaux, jugée susceptible d’encourager ou de minimiser cette tentative de déstabilisation institutionnelle.

 

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Contexte : la mutinerie du 7 décembre

 

Le 7 décembre, un groupe de militaires dirigé par le lieutenant-colonel Pascal Tigri avait pris le contrôle de la télévision nationale pour annoncer la destitution du président Patrice Talon. Rapidement maîtrisée par les forces loyales, cette tentative avait semé l’inquiétude dans le pays, entraînant des arrestations et un renforcement de la vigilance sécuritaire.

 

Angela Kpeidja : un post jugé subversif

 

C’est dans les heures suivant ces événements qu’Angela Kpeidja a partagé un message sur Facebook, s’étonnant du silence de certaines hautes figures de l’armée : une formulation ironique pointant l’absence de communication du chef d’état-major. Ce post, largement partagé, a divisé l’opinion : certains y voyant une critique légitime, tandis que d’autres y voyaient une remise en question dangereuse de l’ordre républicain en pleine crise.

Si ce post a divisé l’opinion entre critique citoyenne et remise en question de l’ordre républicain, il a surtout fait réagir les forces de sécurité. Ces dernières ont rapidement placé la journaliste en garde à vue pour clarifier ses intentions. Ainsi, elle devrait prochainement comparaître devant un juge, dans le cadre d’une procédure visant à déterminer si ses propos relèvent de la liberté d’expression ou si elles pourraient être interprétées comme une incitation à la subversion ou une propagation de rumeurs préjudiciables à la stabilité nationale.

 

Les limites de la parole publique en question

 

Aucun détail officiel n’a filtré sur les chefs d’accusation précis, mais cette affaire s’inscrit dans une série d’enquêtes élargies touchant des opposants politiques et des influenceurs, soupçonnés de liens avec les mutins. Angela Kpeidja, déjà connue pour avoir brisé le silence sur le harcèlement sexuel dans les médias en 2020, défend régulièrement les causes sociétales et la transparence.

Cette interpellation relance le débat sur les frontières de la parole publique en temps de crise. Les défenseurs des droits humains et les organisations de presse s’inquiètent d’un possible durcissement, alors que les autorités insistent sur la nécessité de préserver l’unité nationale face aux menaces persistantes. Les acteurs médiatiques et de la société civile scruteront de près l’évolution de ce dossier, dans un Bénin encore profondément marqué par les secousses récentes.

L’issue de cette affaire déterminera la marge de manœuvre dont jouiront désormais les voix critiques au Bénin. Elle illustre la tension permanente entre la nécessité de maintenir l’ordre républicain et le droit fondamental des journalistes à interroger les silences du pouvoir, même en période de crise.

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