Cotonou, 8 décembre 2025 – Ah, le Bénin ! Ce joyau ouest-africain présenté jadis comme un modèle de démocratie stable, un phare au milieu des coups d’État voisins. Et voilà que ce dimanche 7 décembre, tout vacille en un instant : un « groupuscule » de rebelles ébranle les fondations d’un régime de plus en plus autoritaire. La tentative a échoué, certes, mais elle a laissé un trouble durable, révélant les fissures d’un État en déliquescence.
Cette crise n’est pas un accident : elle incarne le symptôme d’une gouvernance contestée sous Patrice Talon, président multimillionnaire qui préfère solliciter l’aide étrangère plutôt que de réformer son armée et son pays. Pourquoi un simple « groupuscule » a-t-il nécessité des frappes aériennes nigérianes et des avions de renseignement français ? Que cache Talon ? Et si, au fond, ce n’étaient pas des « aventuriers », mais une armée elle-même en ébullition contre une gestion qui fragilise le Bénin ?
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Bénin : l’incohérence du « groupuscule » face à la riposte étrangère
Commençons par le cœur du scandale ? Ce « groupuscule » que le pouvoir nous a servi sur un plateau, comme une série pour Bollywood. Rétranchés à la maison de la SRTB ? Ridicule. En quelques heures, les faits ont révélé une organisation bien plus structurée, aux ramifications étendues comme une toile d’araignée.
Et pour en venir à bout ? Pas de riposte nationale décisive, non ! Talon et ses sbires ont lancé un SOS pathétique à la France et au Nigéria : forces spéciales étrangères, avions de surveillance français rugissant dans nos cieux, frappes aériennes dignes d’une zone de guerre. Pourquoi mobiliser une telle puissance pour un prétendu ramassis de marginaux ? Allons ! Si c’était vraiment un « groupuscule » inoffensif, pourquoi notre armée régulière s’est-elle retrouvée en infériorité flagrante dès les premières heures ?
La réponse est aussi amère que cruelle : depuis 2016, sous Talon, les forces armées ont été méthodiquement privées de moyens. Budgets rognés, équipements obsolètes, moral au plus bas. Résultat : parmi les « otages » libérés par les alliés extérieurs figuraient le chef d’état-major de l’Armée de Terre et celui de la Garde Républicaine. Des généraux de haut rang, otages dans leur propre pays. Une humiliation nationale qui devrait faire rougir de honte tout Béninois digne de ce nom.
Gestion clanique : le mécontentement de l’armée
Mais creusons plus profond : pourquoi un tel fiasco ? Patrice Talon, ce « sauveur » autoproclamé, cache-t-il l’ampleur du mécontentement interne ? Et si ce « groupuscule » n’était que la pointe de l’iceberg d’une armée – oui, l’armée tout entière – lassée de sa gestion clanique ? Enrichi par des décennies de négoce du coton et de combines, Talon a transformé le Bénin en fief personnel : élections verrouillées, opposition muselée, médias sous contrôle, économie capturée par ses proches.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : inflation galopante, chômage des jeunes explosif, dette publique étouffante. L’armée, pilier de la souveraineté, n’a pas été épargnée : promotions au mérite oubliées, loyauté imposée par la carotte et le bâton. N’est-il pas plausible que ces « rebelles » aient trouvé écho chez des officiers las de voir leur institution servir de garde prétorienne à un président qui préfère les jets privés aux besoins du peuple ?
Talon nous a trompés. Son appel à l’aide étrangère n’est pas un signe de sagesse, mais une confession d’échec. Talon a perdu le contrôle, et plutôt que d’affronter les démons qu’il a lui-même créés, il livre l’âme du Bénin aux ex-puissances coloniales et aux voisins opportunistes.
Bénin : le prix de la honte et la trahison des élites
Le prix de ce « sauvetage » ? Une honte ineffaçable. Pour un « bon moment » – comme le répètent les communiqués lénifiants –, des troupes étrangères patrouilleront nos rues, occuperont notre ciel et surveilleront nos côtes. Officiellement, sous couvert de protocoles diplomatiques. En réalité, le Bénin abdique sa souveraineté et montre au monde qu’il n’a plus ni les moyens ni la volonté d’assurer sa propre défense.
La « démocratie » de Talon ? Un mirage dissipé, remplacé par une tutelle humiliante. Des milliards engloutis dans des projets d’embellissement, tandis que nos armées manquent d’armes, nos hôpitaux manquent de pansements et nos écoles de craies. C’est une trahison pure et simple : le sens de l’État, la fierté nationale, la dignité du citoyen – tout s’évapore dans les traînées des Mirage talonnière.
Et pendant que les faits hurlent la vérité, nos élites – ces « faiseurs d’opinion » serviles – se drapent dans leur hypocrisie coutumière, langue de bois et opportunisme en bandoulière. Ils rivalisent d’ardeur dans la couardise, le gouvernement sachant qu’une prébende ici, une corruption là, suffisent à faire taire toute critique. Lamentable troupe de chantres de la médiocrité, qui préfèrent le baume des élites au sel de la vérité.
Bénin : le risque d’incendie final
Pourtant, au milieu de ce naufrage, un espoir timide : que ce sursaut forcé – cette crise qui a failli tout emporter – réveille enfin les consciences. Le gouvernement ne sort pas grandi de cette passe ; il en sort diminué, nu, exposé dans sa faiblesse, trop de propagande pour rien. Tant que l’intérêt général et la vie des populations ne primeront pas sur les intérêts claniques, tant que régnera l’esprit de profiteurs, aucune prise de conscience ne viendra. Le statu quo ante ? Une illusion mortelle. Écoutez ce cri, celui des « aventuriers » que le ministre de l’Intérieur dénonce avec mépris : il n’est pas celui de marginaux, mais d’un peuple las d’être piétiné.
Talon, à vous de changer de paradigme, ou l’histoire vous jugera non comme un réformateur, mais comme le fossoyeur d’une nation. Le Bénin mérite mieux que des bombes étrangères pour masquer ses plaies. Il mérite un leader qui restaure l’armée, libère la parole et redonne à ses citoyens leur fierté volée. Sinon, le prochain « groupuscule » ne sera plus un feu de paille : ce sera l’incendie final. Quel sort, en effet. Hélas.
