Politique




Bénin : le médiateur Essou en tournée chez les « Sages »

Bénin : Pascal Essou, architecte du dialogue, chez Adrien Houngbédji pour apaiser les tensions électorales Au cœur du quartier Adjina…

Vers 2026 : Le Médiateur Pascal Essou consulte les figures 'sages' béninoises, dont Adrien Houngbédji, pour désamorcer les tensions

Bénin : Pascal Essou, architecte du dialogue, chez Adrien Houngbédji pour apaiser les tensions électorales

Au cœur du quartier Adjina à Porto-Novo, une rencontre discrète, mais lourde de sens a réuni deux figures emblématiques du Bénin ce lundi 5 mai. Pascal Essou, Médiateur de la République, s’est rendu au domicile de Me Adrien Houngbédji, président du Parti du renouveau démocratique (PRD) et trois fois président de l’Assemblée nationale. En effet, cette visite, rapportée par La Nation, s’inscrit dans une tournée stratégique entreprise par Essou auprès des grandes figures morales du pays, amorcée le 15 avril par un échange avec l’ancien président Nicéphore Dieudonné Soglo. À l’approche des élections générales de 2026, ce ballet diplomatique vise à tisser un dialogue politique apaisé dans un Bénin où les fractures partisanes menacent l’unité. Entre sagesse et manœuvre, cette initiative éclaire les aspirations d’un pays à la croisée des chemins.

Face aux fractures politiques : l’urgence d’un dialogue pour désamorcer les tensions vers 2026

Le Bénin, souvent loué comme un modèle démocratique en Afrique de l’Ouest, traverse une période de crispations politiques.1 Les législatives de 2019, marquées par l’exclusion de l’opposition en raison d’un code électoral restrictif, et les violences post-électorales de mai 2019, dénoncées par Amnesty International, ont laissé des cicatrices. Adrien Houngbédji, figure tutélaire du PRD, n’a pas mâché ses mots ces derniers mois. Lors du sommet des jeunes en février 2025, il lançait un appel vibrant à l’unité nationale, plaidant pour des élections inclusives : « Laissez tout le monde être candidat. » « Il n’y a pas de démocratie sans opposition », avait-il déclaré. Ce positionnement, critique envers un pouvoir qu’il soutient pourtant, fait de lui une voix incontournable pour Pascal Essou, dont la mission, instaurée par la Constitution de 1990, est de prévenir les conflits par la médiation.

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Discrétion et symbole : le dialogue à huis clos qui signifie l’espoir

L’entretien, tenu à huis clos sans déclaration publique, reflète la délicatesse de l’exercice. Accompagné de membres de son cabinet, Pascal Essou, ancien cadre du ministère de l’Intérieur, a choisi la sobriété pour cette démarche. La cordialité de l’échange contraste avec l’urgence du contexte. Après sa visite à Nicéphore Soglo, ancien président et leader de la Renaissance du Bénin, Essou semble dessiner une cartographie des sages capables d’infléchir la trajectoire politique. Houngbédji, fort de son parcours – Premier ministre sous Mathieu Kérékou (1996-1998) et président de l’Assemblée nationale à trois reprises (1991-1995, 1999-2003, 2015-2019) – incarne cette autorité morale. Son PRD, pilier de la vie politique depuis 1990, reste influent malgré l’absence de sièges à l’Assemblée depuis 2019.

L’équilibre délicat : la voix critique de Maître Houngbédji au sein de la mouvance présidentielle

L’engagement de Houngbédji dans ce dialogue n’est pas anodin. Bien que fidèle à la mouvance du président Patrice Talon, il s’est érigé en voix critique, plaidant pour la libération de figures comme Joël Aïvo et Reckya Madougou, détenues à la CRIET, et pour le retour des exilés politiques, selon Basile Ahossi, vice-président des Démocrates. Ces prises de position, saluées par l’opposition, ne signifient pas une rupture avec Talon, mais une volonté de peser sur les réformes électorales. Le Code électoral de 2018, avec sa caution de 249 millions de FCFA pour les partis, a marginalisé nombre de formations. Houngbédji, qui dénonçait en 2019 des risques de « violences post-électorales », sait que 2026 sera un test pour la démocratie béninoise, avec 4 millions d’électeurs attendus, selon la CENA.

Le Bénin à la croisée des chemins : tirer les leçons de l’histoire pour apaiser l’avenir

La tournée de Pascal Essou intervient dans un climat dans lequel les anciens chefs d’État, comme Soglo et Boni Yayi, restent des acteurs clés, malgré leur absence au dialogue national de 2019. Soglo, rencontré le 15 avril, porte la voix d’une opposition exigeante, tandis que Houngbédji joue les équilibristes, entre loyauté et critique. Le Bénin, qui a su orchestrer une transition démocratique exemplaire en 1990 grâce à la Conférence nationale présidée par Houngbédji, doit aujourd’hui conjurer les spectres de l’exclusion. Les appels à l’unité, comme celui lancé par Houngbédji au sommet des jeunes, résonnent avec les attentes d’une population jeune avide de transparence et d’équité.

Une lueur d’espoir : le pari du dialogue pour que 2026 soit une fête démocratique

En quittant Adjina, Pascal Essou emporte avec lui l’espoir d’un dialogue fécond. Si les détails de l’échange restent tus, l’image de ces deux figures, unies par la quête d’apaisement, est un signal fort. Dans un pays où la démocratie a triomphé des coups d’État, la médiation d’Essou pourrait désamorcer les rancœurs et ouvrir la voie à des élections inclusives. Comme le dit un proverbe fon : « Le feu s’éteint avec l’eau, pas avec la flamme. » À Houngbédji, Essou et leurs pairs de porter cette eau salvatrice, pour que 2026 soit une fête démocratique, et non un champ de bataille.

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