Politique




Bénin : Restaurer l’Espoir et la Résistance Nationale exigent le retrait immédiat des troupes étrangères

  Cotonou, 10 décembre 2025 – Deux jours après la tentative de coup d’État du 7 décembre 2025, le parti…

Le parti Restaurer l’Espoir et la Résistance Nationale, sous la houlette de Candide Azannaï, exigent le retrait des forces étrangères . Candide Azannaï

 

Cotonou, 10 décembre 2025 – Deux jours après la tentative de coup d’État du 7 décembre 2025, le parti Restaurer l’Espoir (RE) et la Coordination Nationale de la Résistance Nationale (CNRN), réunis en session extraordinaire conjointe mardi 9 décembre sous la présidence de Candide A. M. Azannaï, ancien ministre et coordonnateur national de la Résistance, ont publié une déclaration d’une rare fermeté.

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Qualifiant les faits de « tentative de coup d’État militaire » et de « profanation inacceptable de la mémoire du colonel Vincent Guezodjè – dont le serment de 1990 avait scellé le retour des militaires dans les casernes – », les deux mouvements rendent un hommage ému aux victimes innocentes et présentent leurs condoléances à la Nation.

 

Hommage aux victimes et condoléances nationales

 

La déclaration commence par un hommage solennel aux « victimes innocentes de cette crapuleuse barbarie ». Les deux structures présentent leurs « vives et profondes condoléances » aux familles endeuillées et à l’ensemble de la Nation béninoise. De plus, elles saluent la « sérénité, la maturité et la lucidité » du peuple face à l’épreuve. En suite, elles ont apporté leur solidarité et leurs compassions aux Forces armées nationales régulières, prenant soin de distinguer les militaires béninois des putschistes présumés.

 

Une « transgression » de l’engagement historique des forces armées

 

Pour le RE et la CNRN, les événements du 7 décembre 2025 constituent une « transgression » flagrante de l’engagement solennel pris en 1990 par les Forces armées, sous le commandement du colonel Vincent Guezodjè, de ne plus jamais intervenir dans la vie politique et de regagner irrévocablement les casernes.

« Le 7 décembre 2025 est une profanation inacceptable et intolérable de la mémoire du colonel Guezodjè », affirment-t-ils, rappelant  ainsi que ce serment historique avait permis la réconciliation nationale et l’avènement pacifique du Renouveau démocratique.

 

Restaurer l’Espoir et la Résistance Nationale exigent le retrait immédiat des troupes étrangères

 

L’un des points les plus saillants de la déclaration concerne la présence de forces armées étrangères sur le sol béninois. En conséquence, les parties exigent le retrait immédiat et sans condition de toutes les forces armées étrangères présentes sur le sol béninois (Nigeria, Côte d’Ivoire, France et autres), estimant que leur présence est une atteinte à la dignité nationale.

« Cette exigence n’est pas négociable : elle découle de la dignité, de la fierté nationale et de l’honneur de nos braves Forces armées nationales », soulignent les signataires.

 

Condamnation de la CEDEAO et appel au Dialogue National Inclusif

 

Les deux mouvements fustigent également la CEDEAO, accusée de « s’immiscer dans les affaires intérieures des États par la force armée » sous prétexte de défense de la démocratie, tout en fermant les yeux sur les « tripatouillages » constitutionnels et les « coups de force institutionnels ».

C’est pourquoi ils exigent la tenue « sans délai » d’un Dialogue National Inclusif (DNI), présenté comme la « seule issue » pour une réconciliation nationale.

Parmi les résolutions adoptées figurent aussi :

  • la condamnation de la « courtisanerie politique » et des « pirouettes hypocrites » observées depuis le 7 décembre ;
  • un appel solennel à la résistance pacifique et non violente, avec mandat donné à tous les points focaux de l’intensifier dans les villes et campagnes.

Le parti Restaurer l’Espoir (RE) et la Coordination Nationale de la Résistance Nationale mettent en garde avec la même fermeté les dictatures et ceux qui, dans l’opposition, seraient tentés de répondre par la violence.

 

Critique virulente du « pouvoir déviant dit de la rupture »

 

Sans jamais nommer directement le président Patrice Talon, la déclaration dénonce « le pouvoir déviant dit de la rupture », accusé de « courtisanerie politique », de « confiscation du pouvoir » par la manipulation et l’intimidation des voix dissidentes.

D’ailleurs, elle cite une phrase attribuée à l’homme politique britannique George Galloway qui a « profondément inspiré » la session : « Si tu es réduit à faire appel à une force étrangère pour bombarder ton propre pays dans le but de garder le pouvoir, c’est que ce pouvoir tu l’as déjà perdu. »

Elle dénonce également avec dégoût l’« aisance hypocrite » avec laquelle, depuis le 7 décembre, « politiques et apolitiques de tout bord » ont « pirouetté » selon l’évolution de la situation, révélant le « dégoût psychopolitique » que suscite ce pouvoir auprès de la majorité des Béninois.

 

Restaurer l’Espoir et la Résistance Nationale prônent une résistance pacifique et non violente.

 

En conclusion, la Résistance Nationale et Restaurer l’Espoir appellent à « resserrer les rangs » face à un pouvoir qu’ils jugent « aux abois », tout en réaffirmant leur attachement à une lutte strictement pacifique et non violente. Ils mettent en garde ceux qui, au sein même de l’opposition, seraient tentés par la violence : ils représentent, selon eux, « un danger aussi grand que les dictatures qu’ils prétendent combattre ». Le bloc mandate enfin l’ensemble des points focaux de la Résistance Nationale d’intensifier, dans toutes les villes, agglomérations et campagnes, la sensibilisation aux « vertus de la résistance nationale pacifique et non violente ».

La déclaration se termine par une série de slogans :

« Non à la violence, non à toute dérive dictatoriale, honte à l’arrogance, succès aux armes nationales régulières de la République, triomphe à la Résistance Nationale, victoire au peuple résistant debout. Vive la République. »

Signée par Candide A. M. Azannaï, cette prise de position marque une nouvelle escalade dans la crise politique béninoise, deux jours seulement après des événements dont les contours précis restent encore opaques pour une large partie de l’opinion.

 

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