L’hôtel Azalaï de Cotonou a vibré jeudi dernier au rythme d’une ambition peu commune : relancer l’élaboration des référentiels de qualité et de sécurité pour le secteur de la santé au Bénin. Orchestré par l’Autorité de Régulation du secteur de la Santé (A.R.S), cet atelier a réuni un parterre d’acteurs essentiels (Sociétés savantes, écoles et instituts de formation médicale et paramédicale, Conseils nationaux) sous l’égide de collaborations stratégiques avec le Conseil National des Soins de Santé Primaires (CNSSP), le Conseil National de la Médecine Hospitalière (CNMH) et l’Agence nationale de protection sociale (ANPS). Plus qu’une simple rencontre, cet événement s’est imposé comme un jalon déterminant dans la quête d’un système sanitaire béninois où l’excellence et l’équité ne relèvent plus de l’utopie, mais d’une réalité palpable.
Un contexte d’urgence et de vision
L’A.R.S, investie d’une mission cardinale, détient de plein droit la compétence pour réguler les pratiques médicales et paramédicales au Bénin. Depuis un an, elle a choisi la voie de la co-construction, fédérant autour d’elle des entités aussi diverses que complémentaires : Sociétés savantes, institutions académiques comme l’Académie nationale des sciences, arts et lettres du Bénin (ANSALB) et autres instances nationales. Cette synergie vise un objectif clair : produire des référentiels – ces documents qui, bien au-delà de leur apparence technique, constituent les piliers d’une médecine cohérente, efficace et accessible.
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Mais qu’entend-on par « référentiels » ? Ce sont des guides précis, des balises qui orientent les professionnels de santé dans leurs pratiques quotidiennes. Ils jouent un rôle nodal en harmonisant les soins, en optimisant les traitements et en réduisant les écarts injustifiés entre les patients. En somme, ils incarnent une réponse concrète au droit fondamental à la santé, un droit que le Bénin s’efforce d’honorer pour chacun de ses citoyens.
L’A.R.S : un atelier pour passer à la vitesse supérieure
L’A.R.S a validé les modèles de référentiels professionnels, de compétences et d’accompagnement il y a quelques mois, le 30 septembre 2023. Restait à transformer cette étape en un élan concret. Face à l’urgence d’avancer, l’A.R.S a opté pour une stratégie audacieuse : un atelier intensif, conçu pour galvaniser les énergies et accélérer la production des avant-projets. Deux missions principales ont guidé les travaux : finaliser les référentiels métier et compétences ainsi que la liste priorisée des référentiels de prise en charge, tout en jetant les bases de nouveaux projets.
Le Dr Lucien Dossou-Gbété, Président de l’A.R.S, a ouvert la journée avec une allocution d’une limpidité tranchante. « Achever ce qui est en cours, amorcer ce qui doit venir » : telle fut la feuille de route, énoncée avec une fermeté qui a résonné comme un appel à l’engagement collectif.
Un point d’étape révélateur
Par ailleurs, avant de lancer les travaux, ils ont dressé un bilan, mettant en lumière les avancées et les retards. Ils avaient mandaté chaque Société savante pour produire trois livrables : une liste priorisée des référentiels de prise en charge, un référentiel métier et compétences, et des référentiels liés au panier de base de l’assurance maladie obligatoire (AMO). Les résultats, bien que contrastés, ont esquissé un tableau instructif :
- Liste priorisée : Seules 8 des 37 Sociétés savantes ont répondu présentes, laissant 29 dans l’attente d’un sursaut.
- Référentiel métier et compétences : 12 projets ont été soumis, contre 25 silences persistants.
- Référentiels de prise en charge : 11 productions ont vu le jour, tandis que 26 restent en suspens.
Loin de plomber l’ambiance, ce constat a agi comme un aiguillon, incitant les participants à redoubler d’efforts pour combler les lacunes.
L’A.R.S : des éclairages pour une action éclairée
L’atelier a également été un espace de savoir. Plusieurs communications ont ponctué la journée, offrant des clés pour avancer avec méthode :
- Le panier de base de l’AMO, présenté par l’ANPS, a dévoilé les contours de cette composante essentielle de l’assurance maladie, soulignant son lien étroit avec les référentiels.
- Le processus d’élaboration, rappelé avec pédagogie, a permis d’aligner les pratiques sur une trame commune.
- Le canevas de rédaction, illustré avec soin, s’est imposé comme un outil incontournable pour structurer les travaux.
Un focus particulier a été porté sur la priorisation des référentiels de soins, un exercice complexe, mais crucial. Accompagnés d’outils spécifiques, les participants ont appris à distinguer l’urgent du nécessaire, préparant ainsi le terrain pour les travaux de groupe.
Des échanges pour façonner l’avenir
Le cœur battant de l’atelier résidait dans les travaux de groupe. Chaque société savante s’est vu confier une tâche ardue : identifier et classer par ordre de priorité les référentiels de soins à élaborer. Les discussions, intenses et riches, ont oscillé entre rigueur analytique et pragmatisme de terrain. En fin de journée, la restitution des travaux a révélé des avancées notables : des listes affinées, des priorités clarifiées et un sentiment partagé d’avoir posé une pierre solide dans l’édifice sanitaire béninois.
Un cap maintenu, des défis à relever
L’atelier s’est clos sur une note d’optimisme prudent. Si des progrès tangibles ont été enregistrés, le chemin reste semé d’embûches. Les regards se tournent désormais vers les prochaines échéances, fixées dans un mois, avec une question en suspens : les sociétés savantes encore en retard sauront-elles rattraper le train en marche ? Une chose est sûre : l’élan collectif insufflé ce 20 mars a démontré la puissance d’une collaboration bien orchestrée.
L’atelier du jeudi dernier à Cotonou a transcendé le statut d’une simple réunion technique pour devenir un acte de foi en un meilleur avenir pour la santé au Bénin. Les référentiels, une fois achevés, ne seront pas de vagues promesses sur papier ; ils deviendront les sentinelles d’une médecine plus sûre, plus équitable et plus performante. Pour les Béninois, ils portent l’espoir d’un système dans lequel la qualité des soins ne dépend ni du hasard ni de la géographie, mais d’une volonté collective inébranlable. À charge désormais aux acteurs impliqués de maintenir cette flamme, avec la même détermination qui a illuminé cette journée mémorable.