Economie




Bénin : une croissance de 6 % en 2025, cap sur la résilience économique

Dans une UEMOA en crise, le Bénin trace sa route : +6 % de croissance en 2025, rigueur budgétaire, innovation…

Le Bénin affiche une croissance de plus de 6 % en 2025, porté par la rigueur budgétaire et l’innovation, dans une UEMOA en crise. Google

Dans une UEMOA en crise, le Bénin trace sa route : +6 % de croissance en 2025, rigueur budgétaire, innovation locale et attractivité internationale. Un modèle à suivre ?

 

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Cotonou, 29 octobre 2025 – Tandis que l’Afrique de l’Ouest vacille sous les pressions inflationnistes et les incertitudes politiques, le Bénin affiche une trajectoire économique remarquablement stable. Le Fonds monétaire international (FMI) anticipe une croissance supérieure à 6 % en 2025, bien au-delà des performances de ses voisins, souvent englués sous les 3 %. Saluée par Standard & Poor’s, qui maintient sa notation BB- avec une perspective stable, cette dynamique positionne le pays comme un pôle d’attractivité pour les capitaux étrangers dans une zone où l’endettement public frôle les seuils critiques.

 

 Discipline budgétaire et stabilité monétaire : les piliers d’un modèle

 

Alors que l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) traverse une zone de turbulences — flambée des prix alimentaires, délestages électriques et incertitudes électorales — le Bénin se distingue par une gestion rigoureuse. Le déficit budgétaire reste contenu sous les 5 % du PIB, et l’inflation, maîtrisée à 2,9 % selon la BCEAO, renforce la crédibilité du franc CFA. Cette stabilité monétaire facilite les échanges et rassure les investisseurs. Toutefois, les économistes appellent à la prudence : la volatilité des matières premières, les aléas climatiques et la pression démographique pourraient fragiliser cet équilibre. « C’est une ouverture prometteuse, mais il faut la verrouiller », prévient un analyste local.

 

Croissance endogène : innovation, agriculture et territoires en mouvement

 

Le gouvernement mise sur des leviers internes pour soutenir l’élan. Dans le numérique, un partenariat entre l’ADPME et la BIIC injecte jusqu’à 25 millions de FCFA dans les PME, avec l’objectif de propulser 300 startups en cinq ans, notamment dans l’e-commerce et les fintechs. Sur le plan agricole, un programme dédié à 6 000 apprentis agriculteurs combine aides à l’installation, formation et infrastructures rurales, financées par une taxe sur les exportations de coton réinvestie localement.

Les collectivités territoriales montent en puissance. Malgré un creux fiscal en début d’année, l’épargne communale atteint un record de 14 milliards de FCFA, selon le Trésor public. Cette manne finance des projets concrets : halles de marché modernes, entrepôts réfrigérés pour la pêche, micro-réseaux solaires. Une plateforme numérique du ministère de l’Économie décentralisée cartographie ces avancées, révélant un rééquilibrage progressif entre zones côtières et régions enclavées.

 

Visibilité internationale et crédibilité renforcée

 

Les institutions multilatérales saluent cette trajectoire. Une analyste de S&P basée à Londres évoque « une constance politique et une transparence budgétaire rares en zone francophone ». La Banque mondiale souligne une mobilisation fiscale en hausse, avec un taux de prélèvement à 14 % du PIB — encore modeste, mais en nette progression. Le FMI, dans son dernier rapport, insiste sur la qualité des dépenses publiques et appelle à renforcer les filets sociaux pour réduire une pauvreté extrême qui touche encore 38 % de la population.

 

 2026 en ligne de mire : transformer la croissance en inclusion

 

Le défi à venir : convertir cette accélération en bien-être partagé. L’industrialisation de la noix de cajou, dont 80 % des récoltes partent vers l’Asie sans transformation locale, figure parmi les priorités. Côté énergie, le plan Électricité 2026 vise une couverture nationale de 85 %, grâce à deux fermes solaires majeures et à la modernisation des turbines thermiques. Des visualisations interactives montrent comment les zones rurales pourraient enfin sortir de la dépendance aux générateurs diesel.

Face aux risques climatiques, un mécanisme d’assurance agricole soutenu par la BAD se profile, pour protéger les récoltes et les biens essentiels contre les crues et les sécheresses.

Le Bénin n’est pas encore un oasis, mais il trace une voie singulière dans une sous-région en proie aux turbulences. Discipline budgétaire, innovation ciblée et gouvernance territoriale dessinent les contours d’un modèle résilient — à condition de maintenir le cap.

 

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