Bénin : Vitali Boton alerte sur les pièges des réseaux sociaux au Parlement

Au Palais des Gouverneurs, siège de l'Assemblée nationale, le "like" est désormais considéré comme un risque professionnel. Le porte-parole Vitali…

L'Assemblée nationale du Bénin, par la voix de son porte-parole Vitali Boton, sensibilise son personnel aux risques des réseaux sociaux, soulignant l'urgence d'un usage responsable pour protéger vie privée, carrières et image institutionnelle face à la porosité entre sphères publique et professionnelle. JD Benin

Au Palais des Gouverneurs, siège de l’Assemblée nationale, le « like » est désormais considéré comme un risque professionnel. Le porte-parole Vitali Boton a tiré la sonnette d’alarme sur l’usage des réseaux sociaux, soulignant que chaque agent est un « ambassadeur involontaire » dont la vigilance détermine l’image et l’intégrité de l’institution.

 

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Porto-Novo, 14 octobre 2025 – À l’heure où les réseaux sociaux imprègnent chaque instant de notre quotidien, leur usage responsable devient une urgence, surtout dans une institution aussi exposée que l’Assemblée nationale. C’est le message fort porté lundi par Vitali Boton, chef de la cellule de communication et porte-parole du président de l’Assemblée, lors de la traditionnelle « cérémonie des couleurs » au Palais des Gouverneurs. Le thème de cette édition était clair : « L’impact des réseaux sociaux sur nos vies privées, nos pratiques professionnelles et nos carrières dans la fonction publique parlementaire ». Cette sensibilisation est une initiative du président Louis Gbèhounou Vlavonou depuis la 8ᵉ législature, visant à ancrer des valeurs civiques et morales chez le personnel parlementaire, civil et militaire.

Devant un auditoire attentif, Vitali Boton a planté le décor : « Les réseaux sociaux, que nous utilisons presque quotidiennement, façonnent nos comportements, influencent notre image et orientent, souvent à notre insu, le cours de nos carrières et de nos responsabilités. » L’objectif, clair et ambitieux, est de guider la communauté parlementaire vers une maîtrise des opportunités offertes par ces outils – de Facebook à TikTok en passant par X (ex-Twitter) et LinkedIn – tout en évitant les pièges qui menacent vie privée, réputation et image institutionnelle.

L'Assemblée nationale du Bénin, par la voix de son porte-parole Vitali Boton, sensibilise son personnel aux risques des réseaux sociaux, soulignant l'urgence d'un usage responsable pour protéger vie privée, carrières et image institutionnelle face à la porosité entre sphères publique et professionnelle.

L’omniprésence numérique : ambassadeurs involontaires du Parlement

 

Remontant aux débuts des années 2000, époque où l’accès à Internet au Bénin relevait d’un « véritable luxe », Boton a tracé l’évolution fulgurante des technologies. « En l’espace d’une décennie, le regard porté sur ces outils a radicalement changé. L’explosion des nouvelles technologies de l’information et de la communication a imposé les réseaux sociaux dans nos vies. » Aujourd’hui, de fait, ils structurent relations privées, pratiques professionnelles et carrières publiques. Dans le sanctuaire du Parlement, chaque agent en devient un « ambassadeur involontaire » de l’institution, rendant la vigilance impérative.

Vie privée : une frontière poreuse et risquée

 

Entrant dans le vif du sujet, le communicateur a disséqué l’hyperconnexion qui lie utilisateurs et plateformes. « Les réseaux sociaux ont profondément transformé notre manière de communiquer, de partager et même d’exister publiquement. Toutefois, cette hyperconnexion soulève des interrogations majeures sur la notion même de vie privée. » Celle-ci, espace d’intimité préservée, s’effrite face à des publications qui échappent vite au contrôle, interprétées ou exploitées par autrui.

Les atouts sont indéniables : maintien des liens, accès à des groupes solidaires, outil de mémoire ou encore espace d’expression des passions. Cependant, les ombres planent : exposition de données personnelles, perte de contrôle sur les contenus, traçabilité numérique, atteinte à la réputation, pression psychologique, cyberharcèlement et usurpation d’identité.« La confusion entre sphère publique et sphère privée devient de plus en plus floue », a-t-il averti.

L'Assemblée nationale du Bénin, par la voix de son porte-parole Vitali Boton, sensibilise son personnel aux risques des réseaux sociaux, soulignant l'urgence d'un usage responsable pour protéger vie privée, carrières et image institutionnelle face à la porosité entre sphères publique et professionnelle.

Les pratiques professionnelles : leviers puissants, pièges subtils

 

Au Parlement, les réseaux ne sont plus de simples loisirs ; ils sont des instruments de travail. Pour les journalistes et communicateurs, un tweet sur X peut « toucher des milliers de citoyens en quelques minutes », diffusant communiqués et informations officielles. Les archivistes y voient une bibliothèque numérique accessible, tandis que juristes et légistes en tirent un outil de veille, d’échange et de vulgarisation du droit, boostant transparence et rayonnement législatif.

Néanmoins, les risques guettent : fuites d’informations sensibles, conflits d’intérêts, perte de crédibilité et prolifération de fake news. « Dans la fonction publique parlementaire, l’impact des réseaux sociaux est particulièrement visible et double : ils offrent des opportunités uniques, mais comportent aussi des risques qu’il convient de connaître », a souligné Boton.

L'Assemblée nationale du Bénin, par la voix de son porte-parole Vitali Boton, sensibilise son personnel aux risques des réseaux sociaux, soulignant l'urgence d'un usage responsable pour protéger vie privée, carrières et image institutionnelle face à la porosité entre sphères publique et professionnelle.

Le défi : le devoir de réserve imposé par les hautes responsabilités

 

Le cœur du débat repose sur la porosité entre vie privée et professionnelle, exacerbée par les hautes responsabilités. « Plus les responsabilités sont élevées, plus cette frontière devient difficile à tracer », a expliqué le porte-parole, citant des exemples concrets : un commentaire du secrétaire général administratif lu comme une position officielle, ou une réflexion d’un directeur des services législatifs rattachée à un projet de loi. « Servir une institution d’une telle envergure impose de considérer que, sur les réseaux sociaux, nous ne nous exprimons jamais totalement en notre nom propre. » Boton a aussi évoqué l’influence sur les carrières – positives pour le networking, néfastes via la désinformation – et les enjeux spécifiques pour le groupe de sécurité de l’Assemblée, où discrétion rime avec survie.

Vitali Boton : Dix recommandations pour un usage éclairé et responsable

 

Face à ces écueils, Boton n’a pas lésiné sur les solutions, listant dix bonnes pratiques taillées pour la fonction publique parlementaire : Premièrement, préserver confidentialité et sécurité des données ; deuxièmement, respecter devoir de réserve et neutralité politique ; séparer vie pro et privée ; faire preuve de discrétion et modestie ; éviter confusion entre opinion personnelle et institutionnelle ; vérifier fiabilité des informations ; protéger image personnelle et institutionnelle ; s’abstenir de publications polémiques ou émotionnelles ; et participer aux formations tout en respectant la charte interne.

« La fonction publique parlementaire n’est pas une administration comme les autres : elle implique des devoirs de réserve, de neutralité et de loyauté renforcés. Entre vie professionnelle et vie privée, la frontière est souvent ténue », a-t-il martelé, appelant à une vigilance accrue.

 

Vitali Boton appelle à la responsabilité collective

 

En bouclant son intervention, Vitali Boton a réaffirmé le potentiel des réseaux : « Des alliés puissants, à condition de les utiliser avec discernement, responsabilité et rigueur. » Cette communication, saluée par les participants, s’inscrit dans une dynamique plus large de formation éthique au Parlement, d’autant plus que le Bénin navigue dans un écosystème numérique en pleine expansion.

Reste à voir si ces conseils percoleront au-delà des couloirs du Palais des Gouverneurs, dans un pays où 70 % de la population est connectée. Une chose est sûre : dans l’arène parlementaire, un like de trop pourrait bien peser sur l’équilibre des pouvoirs.

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