Du 24 au 27 mars 2025, Cotonou s’est imposée comme le creuset dans lequel se sont forgées les réflexions sur l’avenir du transport africain. En effet, neuf ministres des Transports, par ailleurs accompagnés d’éminents représentants des institutions régionales et continentales, de partenaires au développement et d’experts venus des confins de l’Afrique et d’au-delà, ont investi la capitale économique du Bénin. Leur ambition : participer à l’édition 2025 de l’Assemblée Générale Annuelle (AGA) du Programme de Politiques de Transport en Afrique (SSATP), un cénacle majeur dédié à l’élaboration des stratégies de mobilité continentale.
Un horizon guidé par une vision audacieuse
Portée par le thème « Gouvernance renforcée pour un transport sûr, durable et décarboné en Afrique », cette grande messe s’est déroulée à un tournant décisif : la revue à mi-parcours du quatrième plan de développement (DP4, 2022-2026) du SSATP. D’une part, lancé en 1987 sous l’égide de la Banque Mondiale, ce programme ambitionne de doter l’Afrique d’un système de transport à la hauteur de ses défis et de ses aspirations. D’autre part, l’AGA 2025 s’est ainsi organisée en un moment de vérité, offrant aux participants l’opportunité d’examiner les avancées réalisées, de sonder les failles et de réorienter les priorités face aux impératifs du moment : sécurité routière, durabilité écologique et intégration régionale.
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Un prélude empreint de détermination pour le transport
Mercredi dernier, le Palais des Congrès de Cotonou a vibré sous les mots du ministre béninois du Cadre de Vie et des Transports, chargé du Développement Durable, M. José TONATO. De prime abord, en lançant effectivement les travaux, il a salué l’honneur qui faisait écho au Bénin d’accueillir cet événement à une époque où le continent se trouve à la croisée des chemins. Ensuite, « la terre hospitalière du Bénin se réjouit d’être le théâtre de l’AGA 2025, à un instant où les nations africaines s’emploient à accélérer l’union régionale, à rénover les réseaux de transport et à conjurer les périls du changement climatique, de l’insécurité routière et de l’urbanisation effrénée », a-t-il proclamé avec gravité.
M. TONATO a par ailleurs mis en lumière l’ardeur du Bénin à contribuer à cette dynamique continentale. À cet égard, il a évoqué deux initiatives emblématiques : le corridor de transport Abidjan-Lagos, jauge d’une connectivité renforcée entre les pays ouest-africains, et le projet de mobilité urbaine du Grand Nokoué, visant à désengorger les artères tout en limitant l’empreinte carbone. En outre, ces entreprises, a-t-il souligné, traduisent l’engagement du Bénin envers une infrastructure respectueuse des équilibres climatiques et une intégration régionale sans cesse approfondie.
Un miroir tendu aux réalités africaines
Les débats de l’AGA 2025 ont permis de poser un regard lucide sur l’état du transport en Afrique. Certes, des progrès ont été salués, cependant, les participants n’ont pas éludé les entraves persistantes : infrastructures vétustes, gouvernance parfois chancelante et dépendance aux énergies carbonées. La sécurité routière, fléau qui endeuille les routes du continent, a été hissée au rang de cause majeure, au même titre que la décarbonation d’un secteur tiraillé entre son rôle de levier économique et sa contribution aux dérèglements environnementaux.
L’exigence d’une gouvernance plus robuste s’est imposée comme le fil conducteur des échanges. Par conséquent, les experts ont plaidé pour une coordination accrue, capable de transformer les ambitions en réalités tangibles. La digitalisation, bien qu’annonciatrice de bouleversements prometteurs, a suscité des appels à la prudence, afin qu’elle ne devienne pas un vecteur d’inégalités accumulées entre les nations.
Transport : des projets phares comme les étendards
Les initiatives béninoises ont occupé une place de choix dans les discussions. Les participants ont célébré le corridor Abidjan-Lagos, qui relie cinq pays dans une ambition d’échanges fluidifiés, comme une incarnation de l’unité régionale. Les organisateurs ont présenté le projet du Grand Nokoué comme une réponse audacieuse aux défis de la mobilité urbaine, offrant un modèle réellement transposable aux grandes cités africaines asphyxiées par leur croissance démographique.
Ces exemples ont nourri l’espoir d’une Afrique capable de concevoir des solutions à la mesure de ses enjeux. Les participants ont exploré des voies novatrices : promotion de transports publics sobres en carbone, harmonisation des normes de sécurité, ou encore recours à des technologies vertes pour réinventer la logistique continentale.
Un avenir à écrire
En refermant les travaux, le ministre TONATO s’est montré confiant : « Ces assises donneront naissance à des résolutions et des recommandations audacieuses, propres à garantir la décarbonation et la digitalisation effective du transport. » Toutefois, derrière l’élan des discours, plane une interrogation lancinante : ces aspirations sauront-elles s’incarner dans des actes, face aux aléas des volontés politiques et aux limites des ressources ?
L’AGA 2025 de Cotonou aura esquissé les lignes sûres d’un transport africain plus vert et plus solidaire. En définitive, entre les desseins proclamés et leur avènement s’étire une traversée semée d’incertitudes, dont l’issue dépendra de la ténacité des acteurs réunis sous le ciel béninois. Ce rendez-vous, loin de clore le chapitre, ouvre un horizon dans lequel l’Afrique, forte de ses ambitions, devra encore prouver sa capacité à les faire éclore.