Journée mondiale contre le paludisme 2025 : une leçon d’engagement collectif à Cotonou
La salle bleue du Palais des Congrès de Cotonou s’est parée d’une solennité fervente pour accueillir le lancement officiel de la 18ᵉ Journée mondiale de lutte contre le paludisme. L’événement était placé sous l’égide d’un thème incisif et porteur d’espoir : « Réinvestir, réimaginer et raviver nos efforts communs pour mettre fin au paludisme ».
Orchestré le 25 avril, par le ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin, cet événement crucial a réuni un aréopage impressionnant de personnalités – le préfet du Littoral Alain Orounla, des émissaires de l’UNICEF, des directeurs départementaux de la santé, de nombreux partenaires financiers et une mosaïque diverse de citoyens, des enfants aux aînés.
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De fait, ce cénacle n’était pas une simple commémoration annuelle, mais une leçon magistrale sur la résilience, la collaboration et l’urgence absolue d’éradiquer un fléau qui, malgré les progrès indéniables accomplis, continue d’endeuiller profondément le Bénin.
Paludisme au Bénin : L’ennemi N°1 qui saigne les vies et l’économie
Inaugurée par l’Organisation mondiale de la santé en 2007, la Journée mondiale contre le paludisme, célébrée chaque 25 avril, vise à galvaniser la communauté internationale face à une maladie qui, bien que parfaitement préventive et traitable, fauche encore environ 600 000 vies annuelles à travers le monde, dont une part alarmante de 80 % en Afrique. Au Bénin, le paludisme demeure, hélas, un titan des maux : il s’impose comme la première cause de consultation et d’hospitalisation dans les centres de santé, il accable lourdement le système de santé national et constitue, surtout, la principale menace pour la survie des enfants de moins de 5 ans. Comme l’a énoncé Alain Orounla, préfet du Littoral, avec une gravité poignante : « Chaque minute, quelque part dans le monde, un enfant succombe à ce fléau. » Cette statistique, loin d’être une simple abstraction, révèle l’urgence impérieuse d’une mobilisation sans relâche et d’une action accélérée.
Alain Orounla a, par ailleurs, rappelé que cette journée symbolique, née d’une résolution forte de l’Assemblée mondiale de la santé, est un miroir tendu aux nations pour évaluer leurs avancées, identifier leurs lacunes et redessiner leurs stratégies de lutte. Au Bénin, où près de 40 % des consultations médicales sont directement liées au paludisme, l’enjeu transcende la seule dimension sanitaire : il est profondément économique, avec des pertes de productivité estimées à un coût exorbitant de 2 % du PIB national, et social, en causant un retard scolaire notable et un absentéisme chronique qui hypothèquent l’avenir de la jeunesse.
Ce constat initial est, donc, clair : combattre le paludisme avec détermination, c’est investir massivement dans la vitalité, la productivité et l’avenir d’une nation entière.
Paludisme au Bénin : avancées majeures ébranlées par les défis de terrain
Lazare Noulekou, président du comité « Zéro Palu », a dressé un tableau nuancé, mais réaliste des efforts béninois dans cette guerre sanitaire. Depuis 2016, sous l’impulsion décisive du président Patrice Talon, le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) a intensifié massivement la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée, couvrant désormais près de 90 % des ménages en 2024, et a élargi significativement l’accès aux traitements efficaces à base d’artémisinine sur tout le territoire.
De plus, la campagne de pulvérisation intra-domiciliaire dans les zones à haut risque épidémiologique, comme les départements du Zou et de l’Alibori, a permis de réduire l’incidence du paludisme de 25 % depuis 2020, un progrès notable. Pourtant, des écueils majeurs persistent et menacent ces acquis : l’accès encore limité aux services de santé de qualité dans les zones rurales reculées, où réside près de 60 % de la population béninoise, et la résistance croissante et préoccupante des moustiques aux insecticides utilisés menacent de réduire l’efficacité des interventions.
Lazare Noulekou a, en outre, souligné un point nodal et souvent sous-estimé : le paludisme n’est pas qu’un simple fardeau médical, mais un frein structurel au développement économique et social du pays. Les coûts directs et indirects des soins, souvent assumés lourdement par les ménages, plongent des familles entières dans la précarité et la pauvreté, tandis que les décès d’enfants – qui représentent encore un chiffre tragique de 12 % des morts infantiles en 2024 – hypothèquent gravement le potentiel humain et l’avenir du Bénin.
Cette réflexion met en lumière une réalité incontournable : combattre le paludisme efficacement nécessite impérativement une approche globale et multisectorielle, intégrant étroitement la santé publique, l’éducation, l’amélioration de l’habitat et l’équité sociale.
Face au Palu, le Bénin réinvestit massivement et réimagine la lutte via l’innovation et la solidarité
C’est dans cette perspective renouvelée qu’Ousmane Niang, représentant de l’UNICEF au Bénin, a décrypté le thème de cette année comme une injonction claire à repenser et accélérer les stratégies de lutte. « Réinvestir », a-t-il expliqué, signifie mobiliser les fonds nécessaires. Le Bénin a, à ce titre, alloué un budget conséquent de 15 milliards de FCFA au PNLP en 2025, complété par le soutien essentiel de partenaires majeurs comme le Fonds mondial.
« Réimaginer », c’est innover sans cesse, à l’image des tests prometteurs de drones menés dans le département de l’Atacora pour livrer rapidement des médicaments essentiels dans les zones difficiles d’accès, ou des campagnes SMS innovantes pour sensibiliser efficacement les communautés aux bonnes pratiques.
« Raviver », enfin, c’est fédérer toutes les énergies, comme le montre brillamment l’initiative citoyenne « Zéro Palu ! » « Je m’engage », qui a mobilisé activement 500 écoles en 2024 pour promouvoir l’hygiène et la prévention auprès des plus jeunes.
Unis contre le paludisme : le ministre Hounkpatin célèbre les avancées et appelle à la mobilisation
Le ministre Hounkpatin, dans une allocution empreinte de gravité et de détermination, a salué cet élan collectif prometteur tout en rappelant la gravité persistante du défi à relever. « Le paludisme est une hydre qui entrave et affaiblit nos communautés, il pèse lourdement sur le développement et le bien-être de nos populations », a-t-il déclaré avec force, citant les hospitalisations nombreuses (représentant 35 % des cas graves en 2024) et les décès infantiles encore trop fréquents comme preuves de l’urgence.
Il a, par la même occasion, rendu un hommage appuyé au Président Talon pour avoir fait de la santé une priorité absolue de son mandat, avec des réformes structurelles ambitieuses comme l’Assurance pour le Renforcement du Capital Humain (ARCH), qui couvre désormais les soins liés au paludisme pour plus de 2 millions de Béninois vulnérables.
Cette approche globale et volontariste met en évidence un principe fondamental : un leadership visionnaire et engagé, porté par une communauté nationale et des partenaires mobilisés, peut accomplir des exploits extraordinaires et renverser des situations qui semblaient désespérées.
Vaincre le Palu : Cotonou lance un appel à l’action collective pour un Bénin sans maladie
La cérémonie à Cotonou, ponctuée de témoignages émouvants de femmes et d’enfants directement touchés par la maladie, mais aussi acteurs de la lutte, a incarné la diversité et la richesse des acteurs engagés dans ce combat : des agents de santé communautaires dévoués aux partenaires internationaux comme l’UNICEF, en passant par les enseignants qui intègrent activement la prévention dans leurs cours et les chercheurs qui innovent sans relâche.
En quittant la salle bleue, le ministre Hounkpatin a lancé un défi ambitieux, mais réalisable à l’ensemble de la nation : « Faisons ensemble du paludisme un simple souvenir lointain. » Cette ambition audacieuse, portée par le Bénin avec le soutien indéfectible de ses partenaires, enseigne que la victoire définitive contre une maladie séculaire et dévastatrice repose fondamentalement sur l’unité nationale, l’innovation constante et la persévérance sans faille.