Mairie de Porto-Novo : Diane Sintondji prend les rênes après une révocation et face à d’immenses défis
Ce 5 mai, l’Hôtel de Ville de Porto-Novo, cœur battant de la capitale béninoise, s’est drapé de solennité pour accueillir Diane Sintondji, nouvelle Secrétaire Exécutive (SE) de la mairie. Lors d’une cérémonie empreinte de gravité, en présence des cadres municipaux et de représentants du Ministère de la Décentralisation et de la Gouvernance Locale, cette passation de pouvoir a marqué un tournant pour une institution ébranlée par la révocation, le 24 avril, de l’ancienne SE, Isabelle Essou Dahito, pour « faute lourde ». En effet, dans une ville de 350 000 âmes, où la mairie orchestre le quotidien des citoyens, l’arrivée de Sintondji, précédée d’une séance de travail avec le maire Charlemagne Yankoty et le SE intérimaire, ouvre une ère d’espoir et d’exigence, portée par une femme au parcours prometteur.
Sous-tension : la révocation de l’ancienne SE et le contexte délicat de la passation
La révocation d’Isabelle Essou Dahito, prononcée par arrêté préfectoral, a secoué Porto-Novo. Selon des sources proches du dossier, la « faute lourde » reprochée à l’ex-SE inclurait des irrégularités administratives, bien que les détails restent voilés par un mutisme officiel. De ce fait, cette décision, validée par le Conseil de supervision des mairies, a nécessité une gestion transitoire confiée à un SE intérimaire, dont l’identité n’a pas été publiquement dévoilée. Ainsi, ce climat d’instabilité a amplifié les attentes autour de Diane Sintondji, appelée à restaurer la confiance dans une administration communale essentielle pour les services publics, de la gestion des marchés aux infrastructures urbaines.
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Diane Sintondji : un profil d’experte et des priorités ambitieuses pour Porto-Novo
Diplômée en gestion publique et forte d’une expérience dans l’administration territoriale, Diane Sintondji n’est pas une novice. Par ailleurs, ancienne collaboratrice au sein du Ministère de la Décentralisation, elle a contribué à des projets de renforcement des capacités des collectivités locales, notamment dans le cadre du Programme d’Appui à la Décentralisation (PAD). D’ailleurs, sa nomination, entérinée par le préfet de l’Ouémé, Joachim Apithy, reflète une volonté de rigueur et de modernité. Lors de sa rencontre préparatoire avec le maire Charlemagne Yankoty, élu en 2020 sous la bannière de l’Union Progressiste, Sintondji a esquissé ses priorités : transparence budgétaire, amélioration des services publics et inclusion des jeunes et des femmes dans les projets communaux. « Porto-Novo mérite une administration à la hauteur de son histoire », a-t-elle déclaré.
Porto-Novo : une capitale aux défis colossaux, le rôle central de la nouvelle SE
Avec ses 42 quartiers et son riche patrimoine culturel, Porto-Novo est à la croisée des chemins. La mairie, dotée d’un budget de 5,8 milliards de FCFA pour 2025, doit jongler avec des défis pressants : assainissement, modernisation des marchés comme Ouando, et lutte contre les inondations saisonnières, qui ont touché 12 000 personnes en 2024. La décentralisation, pilier de la gouvernance béninoise depuis la réforme de 2003, confère aux SE un rôle clé : ils sont les chefs d’orchestre de l’administration communale, supervisant les finances et les ressources humaines sous l’autorité du maire. Dans ce contexte, Sintondji hérite d’une mission délicate, d’autant que des tensions entre le maire Yankoty et certains conseillers issus du Bloc Républicain, ont parfois freiné les projets.
Une cérémonie symbole d’un nouveau départ : l’Installation Sous le signe de l’exigence
La cérémonie d’installation, sobre, mais symbolique, a réuni une centaine de participants, dont des chefs traditionnels et des représentants de la société civile. Le représentant du Ministère de la Décentralisation, dans son allocution, a insisté sur la nécessité d’une « gouvernance irréprochable », un message adressé autant à Sintondji qu’à l’ensemble des cadres. Le maire Yankoty, connu pour son franc-parler, a salué « une femme de terrain, capable de redonner du souffle à notre administration ». Cette passation, retransmise en direct sur Radio Tokpa, a capté l’attention des Porto-Noviens, nombreux à exprimer sur les réseaux sociaux leur espoir d’une gestion plus transparente.
Vers un Porto-Novo réinventé ? Les premiers chantiers cruciaux de Diane Sintondji
L’arrivée de Diane Sintondji intervient dans un Bénin où la décentralisation, vingt ans après son lancement, cherche encore à s’ancrer pleinement. Les mairies, souvent critiquées pour des lenteurs bureaucratiques, sont sous pression pour répondre aux attentes d’une population jeune. Sintondji, à 42 ans, incarne cette génération de cadres appelés à concilier technicité et proximité. Parmi ses premiers chantiers, la finalisation du Plan de Développement Communal 2023-2027, qui inclut la réhabilitation de 10 écoles et l’électrification de 5 quartiers périphériques, sera un test de sa capacité à fédérer.
Dans les ruelles animées de Porto-Novo, où les effluves des marchés se mêlent aux échos des tambours vaudou, une nouvelle ère s’ouvre. En somme, Diane Sintondji, avec sa rigueur et son ambition, porte sur ses épaules l’espoir d’une capitale revitalisée. Comme le dit un proverbe fon : « Le balai neuf nettoie mieux, mais c’est la main qui le tient qui fait la différence. » À elle, désormais, de prouver que cette main est à la hauteur des attentes.