Sous les ors verdoyants de Dar es Salam, épicentre d’une Afrique en quête de lumière, s’est tenu les 27 et 28 janvier 2025 un conclave continental dédié à l’énergie. Ce sommet, convoqué dans l’urgence des défis structurels, a rassemblé une pléiade de Chefs d’État, de grands argentiers institutionnels et de pontes techniques, tous unis par un impératif catégorique : électrifier l’Afrique ou sombrer dans l’obscurité des promesses inachevées.
Par ailleurs, le Bénin, représenté par l’éminente Vice-présidente Mariam Chabi Talata Zime Yerima, flanquée du Ministre d’État Romuald Wadagni, a incarné avec panache la voix des réformateurs audacieux. Une présence symbolique, à l’heure où le continent tente de conjurer les démons de la dépendance énergétique.
Les oracles financiers sonnent l’heure de vérité.
À la tribune, les augures des grandes institutions ont dépeint un continent à la croisée des chemins. Ajay Banga, archonte du Groupe de la Banque mondiale, a martelé : « Garantir l’accès à l’électricité à 300 millions d’Africains d’ici à 2030 n’est pas une option, mais un sésame pour la croissance et l’innovation. » Un plaidoyer assorti d’un engagement financier, nébuleux dans son montant, mais clair dans son ambition : catalyser des projets low-carbon à l’échelle subsaharienne.
Akinwumi Adesina, vigie de la Banque Africaine de Développement (BAD), a quant à lui fustigé les « ersatz de solutions » et réclamé des « réformes tectoniques ». « L’Afrique doit se départir des logiques de saupoudrage pour embrasser des investissements pharaoniques », a-t-il tonné, promettant un soutien sans faille aux États osant briser les carcans bureaucratiques.
Mohamed Ould Cheihk El Ghazouani, président de l’Union africaine, a invoqué l’esprit de la « solidarité panafricaine », appelant à une « synergie des volontés » pour exploiter les ressources endogènes. « L’énergie est le sang vital de notre développement. Sans elle, nos rêves de renaissance ne sont que chimères », a-t-il asséné, sous les applaudissements mesurés d’une assemblée consciente des écueils.
Le Bénin, parangon des audaces éclairées à Dar es Salam
Dans ce concert de déclarations solennelles, la délégation béninoise a offert une partition remarquée. Porte-voix du Président Patrice Talon, la Vice-présidente Mariam Chabi Talata Zime Yerima a déroulé un plaidoyer chiffré, presque technocratique, mais empreint d’une rhétorique conquérante. « Depuis 2016, le Bénin a opéré une mue énergétique sans précédent », a-t-elle affirmé, égrenant les réformes : adoption d’un code de l’électricité attractif, stratégie nationale d’électrification et montée en puissance des énergies renouvelables.
Avec un taux de couverture énergétique de 69 % en milieu urbain et 36 % en ruralité, des chiffres qui, bien qu’imparfaits, trahissent une dynamique ascendante, le Bénin se pose en laboratoire de la transition. La Vice-présidente a aussi mis en exergue les projets solaires de Malanville, les centrales thermiques de Maria-Gleta et l’interconnexion ambitieuse avec le Niger et le Burkina Faso. « Le Bénin n’est plus un spectateur, mais un acteur de l’échiquier énergétique ouest-africain », a-t-elle lancé, invitant les investisseurs à « saisir l’aubaine d’un marché en ébullition ».
Entre promesses et pragmatisme : l’énigme des financements
Si les discours ont vibré d’un lyrisme mobilisateur, les questions de financement demeurent l’épine dorsale du sommet. Les annonces de la Banque mondiale et de la BAD, bien que saluées, ont suscité des interrogations sur leur opérationnalité. « Les promesses ne suffiront pas. » « Il faut des mécanismes innovants : obligations vertes, partenariats public-privé décomplexés et une fiscalité incitative », a glissé un consultant énergétique sous couvert d’anonymat.
La Tanzanie, hôte du sommet, a incarné cette dualité entre ambitions et réalités. La Présidente Samia Suluhu Hassan a claironné : « L’Afrique doit tourner le dos aux palliatifs éphémères. Notre avenir réside dans les énergies propres, et nous devons en payer le prix. » Un vœu pieux, dans un continent où 600 millions d’âmes restent privées d’électricité.
Dar es Salam : l’Afrique à l’heure des choix irréversibles
En somme, ce sommet aura, au moins, acté une prise de conscience : l’électrification n’est plus une question technique, mais un impératif civilisationnel. Pour le Bénin, dont la délégation a quitté Dar es Salam auréolée d’une crédibilité renouvelée, le défi sera de transformer l’essai en pérennisant ses réformes.
Reste à savoir si les États sauront dépasser les velléités individuelles pour embrasser une vision collective. Car, comme le rappelait El Ghazouani : « Sans énergie, l’Afrique brillera, mais de l’éclat des étoiles lointaines, splendides, mais inaccessibles. »