Cotonou, 31 janvier 2025 — À Bantè, bourgade jadis reléguée au rang de simple maillon dans la chaîne de transformation du riz, une révolution silencieuse est en marche. Hier, le Fonds National de Développement Agricole (FNDA), bras armé de la politique agrariste du gouvernement, a orchestré une cérémonie symbole : la remise d’une trieuse optique de couleur à deux chutes à la Coopérative Communale des Étuveuses de Riz (CCER). Un geste technique, mais lourd de sens, qui scelle l’autonomisation d’un territoire et de ses artisans.
De l’exode du riz à la souveraineté technologique
Jusqu’ici, le riz de Bantè, une fois décortiqué, entamait un périple éreintant vers Savalou, Glazoué ou au-delà, pour y être trié. Un parcours synonyme de coûts supplémentaires, de délais aléatoires et de dépendance. Désormais, grâce à ce bijou technologique offert par le FNDA avec l’appui financier de la Coopération suisse, la commune écrit sa propre épopée. « Cet équipement n’est pas qu’une machine, c’est un affranchissement », s’enthousiasme Nanako KAGNIHOUN, présidente de la CCER. Pour les étuveuses, majoritairement des femmes, c’est la promesse d’un travail valorisé : fini les interminables tris manuels, place à un produit fini, calibré, aux standards internationaux.
Un partenariat en mode symbiose
Nicolas AHOUISSOUSSI, Directeur Général du FNDA, a salué cet aboutissement comme « l’incarnation tangible d’une vision où chaque grain de riz compte ». L’appel à projets 2022, dont cette initiative est issue, illustre la stratégie en éventail du Fonds : modernisation des outils (guichet 1), structuration des filières (guichet 2) et accès au crédit (guichet 3). Un triptyque renforcé par l’allié helvète, représenté par Salihou MAMADOU ALIDOU, dont la présence rappelle que « le développement agricole est un chantier sans frontières ».
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : de 40 millions de francs CFA en 2023-2024, le crédit alloué à la CCER a bondi à 80 millions pour la campagne en cours. Une manne qui a permis à la coopérative de répondre à des commandes pharaoniques, comme les 152 tonnes de riz étuvé fournies au Programme alimentaire mondial (PAM), générant un chiffre d’affaires de 91 millions. La saison en cours vise 255 tonnes, sans compter les 86 tonnes déjà livrées à Catholic Relief Services (CRS).
Au-delà de la Trieuse : l’édification d’un écosystème
La cérémonie a également marqué le lancement de la construction d’un magasin de stockage, incluant un bureau de gestion. Une infrastructure clé pour une coopérative en pleine expansion, dont les ambitions dépassent désormais les frontières béninoises. « Avec ces outils, nous ne vendons plus de riz, mais de la qualité et de la confiance », glisse une étuveuse, les mains encore teintées de la senteur caractéristique du grain cuit à la vapeur.
Épilogue : Grains de riz, graines de prospérité
Derrière cette trieuse optique se cachent des enjeux bien plus vastes : réduction de la pauvreté rurale, autonomisation des femmes et affirmation du Bénin comme grenier ouest-africain. Alors que le FNDA et ses partenaires tissent cette toile de progrès, Bantè incarne désormais un modèle dans lequel technologie et tradition s’épousent pour écrire une nouvelle page de l’agriculture africaine.
En ces lieux, une évidence s’impose : ici, chaque grain trié est une graine de dignité qui germe. Et si l’avenir de l’Afrique se jouait aussi dans l’humilité d’une coopérative de femmes armées de machines et de volonté ?