Politique




Bénin : l’ancien ministre de l’Énergie déballe tout

Bénin : Limogeages en série au ministère de l’Énergie — quand les révélations dérangent, les ministres tombent Cotonou, 27 juin…

Une tempête politique secoue le Bénin après le limogeage d'un ministre et des accusations explosives de détournements massifs,

Bénin : Limogeages en série au ministère de l’Énergie — quand les révélations dérangent, les ministres tombent

Cotonou, 27 juin 2025 –  Le limogeage de Samou Seidou Adambi, ancien ministre de l’Énergie, de l’Eau et des Mines, et les déclarations fracassantes de son successeur, Paulin Akponna, sur des détournements massifs dans ce ministère stratégique, soulèvent des questions brûlantes. Le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, tente de calmer le jeu en attribuant le départ d’Adambi à des « raisons politiques » et non à une mauvaise gouvernance. Mais alors, que cachent réellement ces « actes politiques » reprochés à Adambi ? Et les accusations d’Akponna, devenu ex-ministre depuis hier, sur le « siphonnage » de milliards de FCFA sont-elles fondées ? À l’approche de l’élection présidentielle de 2026, le gouvernement de Patrice Talon joue-t-il la transparence ou cherche-t-il à étouffer une affaire embarrassante ?

Limogeage mystérieux : les dessous d’une éviction ministérielle qui intrigue

Le 6 janvier 2025, Samou Seidou Adambi, figure influente du Bloc Républicain (BR) et ministre depuis 2017, est brutalement écarté du gouvernement par décret présidentiel. Remplacé par Paulin Akponna, alors ministre-conseiller aux Affaires économiques, Adambi subit un double camouflet : un blâme de son parti pour « actes solitaires » visant à « subvertir les structures officielles » et une éviction du ministère, officiellement qualifiée de « réaménagement technique ». Cependant, selon Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement, le départ d’Adambi est motivé par des « raisons politiques » et non par des faits de mauvaise gouvernance. Mais cette explication, vague et laconique, laisse les Béninois perplexes et alimente les rumeurs.

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Adambi sacrifié ? Les « raisons politiques » au cœur des spéculations

Quels sont ces « actes politiques » reprochés à Adambi ? Houngbédji reste évasif, se contentant de nier toute implication de malversations. Pourtant, des sources proches du Bloc Républicain suggèrent que l’ancien maire de Parakou aurait tenté de se positionner pour l’élection présidentielle de 2026, en contravention avec les règles internes du parti. De ce fait, cette ambition prématurée aurait irrité Patrice Talon, qui veille jalousement sur l’unité de sa majorité à l’approche d’une échéance électorale cruciale. Néanmoins, ce flou entretenu par le gouvernement alimente les spéculations : s’agit-il d’une simple querelle politique ou d’une tentative de masquer des irrégularités plus graves ? La question demeure sans réponse officielle.

Bombe Akponna : des milliards détournés, un scandale éclate au grand jour 

À peine six mois après sa nomination, Paulin Akponna, lui-même limogé le 26 juin 2025, a jeté un pavé dans la mare lors d’une visite à Parakou le 21 juin. Dans une sortie d’une rare audace pour un ministre en exercice, il a dénoncé le « siphonnage » de dizaines de milliards de FCFA destinés à l’accès à l’eau potable et à l’électricité, pointant du doigt des « fils de la localité » aux « ambitions démesurées ». Clairement, ces propos, largement relayés, visaient implicitement son prédécesseur, Samou Seidou Adambi, originaire de Parakou. Akponna a également crédité le ministre-conseiller Gbadamassi d’avoir « mis au jour ces dysfonctionnements », affirmant que « ce que ces délinquants de la République avaient caché au président Patrice Talon est désormais connu ».

Révélations explosives : l’opposition exige une enquête parlementaire, Akponna limogé en urgence

Ces déclarations ont provoqué une onde de choc sans précédent. Douze députés de l’opposition, issus du parti Les Démocrates, ont immédiatement saisi l’occasion pour déposer une résolution, réclamant une commission d’enquête parlementaire sur la gestion des fonds du ministère depuis 2016. Cependant, le limogeage rapide d’Akponna, remplacé par José Didier Tonato, un fidèle de Talon, soulève une question cruciale : le ministre déchu a-t-il été sanctionné pour avoir révélé des vérités gênantes ou pour avoir manqué de discipline en s’exprimant publiquement ? Le timing de cette éviction soulève des interrogations.

Opacité gouvernementale : que cache le régime Talon ?

La réponse du porte-parole Wilfried Léandre Houngbédji ne fait qu’épaissir le mystère. En affirmant que « jamais à sa connaissance » il n’y a eu de faits de mauvaises gouvernances impliquant Adambi, il met Akponna au défi de fournir des preuves à la justice, tout en soulignant que ce dernier n’avait transmis aucun rapport officiel sur ces prétendues malversations. En d’autres termes, cette mise en demeure, présentée comme un gage de transparence, ressemble pour beaucoup à une tentative d’étouffer l’affaire. On est donc en droit de se demander : « Si Akponna n’a pas de preuves, pourquoi ne pas ouvrir une enquête pour clarifier les choses ? Et s’il en a, pourquoi le limoger si rapidement ? »

Pouvoirs concentrés : Tonato, l’homme de confiance au centre des enjeux financiers

Le silence du gouvernement sur le fond des accusations d’Akponna, combiné à la nomination de Tonato, qui cumule désormais les portefeuilles de l’Énergie, de l’Eau, des Mines, du Cadre de vie, des Transports et du Développement durable, alimente les soupçons. De plus, cette concentration de pouvoirs entre les mains d’un seul homme, perçu comme un fidèle parmi les fidèles de Talon, pourrait-elle servir à verrouiller les secteurs stratégiques et à limiter les fuites sur d’éventuelles irrégularités ? Avec un budget de plus de 203 milliards de FCFA alloué au ministère de l’Énergie pour 2025, les enjeux financiers sont colossaux et les Béninois exigent des réponses.

Crise de confiance : 2026 en ligne de mire, le gouvernement sous pression

Cette affaire intervient dans un contexte politique déjà tendu. Depuis 2016, le président Patrice Talon a bâti son image sur une gouvernance rigoureuse et des réformes ambitieuses. Cependant, les critiques sur l’opacité et la centralisation du pouvoir se multiplient. Les accusations d’Akponna, relayées par une opposition revigorée, viennent fragiliser ce narratif. Par conséquent, la demande de commission d’enquête, bien que peu susceptible d’aboutir dans une Assemblée dominée par la majorité présidentielle, est un signal fort.

Le Bénin face à ses doutes : la transparence à l’épreuve des faits

Les citoyens, eux, s’interrogent. Pourquoi le gouvernement refuse-t-il une enquête indépendante si les accusations d’Akponna sont infondées ? Pourquoi le gouvernement a-t-il choisi de limoger Adambi — blâmé pour ses « actes solitaires » — plutôt que de lui infliger une simple sanction ? Et surtout, que cache l’administration Talon derrière cette cascade de limogeages et de déclarations contradictoires ? Selon un rapport de la Banque mondiale de 2024, seulement 43 % des Béninois en zone rurale ont accès à l’eau potable, malgré des investissements massifs. Dans ce contexte, si, comme l’affirme Akponna, ils ont « siphonné » des milliards, le gouvernement doit-il protéger les responsables sous couvert de « raisons politiques » ?

Affaire Adambi-Akponna : le test décisif pour la crédibilité du régime Talon

Cette affaire met le régime de Patrice Talon face à un test crucial. En limogeant Akponna et en minimisant les accusations, le gouvernement risque de renforcer le sentiment d’impunité et de défiance envers les institutions. Les Béninois méritent de savoir où vont leurs ressources. En effet, si le gouvernement est sincère dans sa lutte contre la corruption, il doit ouvrir une enquête, pas limoger ceux qui parlent.

Le Bénin à la croisée des chemins

Alors que le Bénin se prépare à une année électorale décisive, l’affaire Adambi-Akponna pourrait marquer un tournant majeur. Le silence du gouvernement, loin d’apaiser les tensions, attise les doutes et nourrit la suspicion. Les Béninois, confrontés quotidiennement à des coupures d’eau et d’électricité récurrentes, attendent des réponses claires et des actions concrètes. Patrice Talon, qui a fait de la « tolérance zéro » à la corruption un mantra de sa gouvernance, saura-t-il dissiper les soupçons qui pèsent sur son administration, ou cette crise révélera-t-elle les fissures d’un système où la transparence et la bonne gouvernance restent un vœu pieux ? L’avenir du Bénin en dépend.

 

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