Politique




Houessou interpelle Talon sur la révision constitutionnelle votée « à la va-vite »

À Cotonou, une lettre ouverte adressée au président Talon par Wilfrid Nicéphore Houessou relance le débat sur la révision constitutionnelle.…

Wilfrid Nicéphore Houessou

À Cotonou, une lettre ouverte adressée au président Talon par Wilfrid Nicéphore Houessou relance le débat sur la révision constitutionnelle. Dans un plaidoyer incisif, l’activiste appelle à suspendre la promulgation d’un texte jugé injuste envers les jeunes, les femmes et les plus vulnérables.

 

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Cotonou, 17 novembre 2025 –  Dans une lettre ouverte retentissante adressée au président Patrice Talon, Wilfrid Nicéphore Houessou, figure engagée de la société civile béninoise, exhorte les autorités à suspendre la promulgation de la récente révision constitutionnelle. Adoptée dans un climat de hâte, cette réforme est décriée pour son injustice envers les jeunes, les femmes et les groupes vulnérables. Expédiée depuis Paris le 15 novembre, la missive interpelle directement le chef de l’État pour une refonte inclusive, au risque de miner la légitimité populaire du texte.

 

La Réforme sous le feu des critiques : priorité aux élites, au mépris des bases

Ce risque de perte de légitimité se lie directement à la nature précipitée et au contenu de la réforme. En effet, l’Assemblée nationale a entériné la révision dans la nuit du 14 au 15 novembre. La révision prolonge certains mandats et crée de nouveaux postes pour des figures politiques chevronnées. Si l’on présente ces ajustements comme des gages de stabilité institutionnelle, ils passent sous silence les besoins criants des citoyens ordinaires.

C’est cette approche que Wilfrid Nicéphore Houessou dénonce avec virulence. Ancien président du Gouvernement virtuel pour le Bénin et ex-responsable étudiant, il dénonce une approche élitiste qui consolide les privilèges d’une minorité au détriment d’une majorité en quête d’opportunités. À cet égard, il interpelle les parlementaires de tous bords, pointant un silence assourdissant : aucun élu, selon lui, n’a pu démontrer les retombées concrètes pour les jeunes au chômage, les femmes entrepreneures ou les populations marginalisées.

« Cette réforme, votée à la va-vite, risque de creuser les inégalités plutôt que de les combler », alerte-t-il, soulignant qu’elle ignore les piliers de la résilience nationale.

 

Le plaidoyer de Houessou pour la jeunesse et les vulnérables : symptôme d’un déficit démocratique

Pour restaurer ces « piliers de la résilience nationale », Houessou formule des propositions concrètes. Au cœur de sa critique, la mise en veille prolongée du Conseil Consultatif de la Jeunesse émerge comme un symbole fort. Houessou plaide pour sa relance sous une forme modernisée, transformée en véritable outil consultatif pour intégrer les voix des moins de 35 ans dans les politiques publiques.

« La vitalité du Bénin repose sur sa jeunesse, ses femmes et ses vulnérables – les exclure, c’est priver le pays de son avenir », argumente-t-il avec force.

Cette demande prend tout son sens dans la réalité démographique et socio-économique du pays. Dans un pays où plus de 60 % de la population a moins de 30 ans, leur absence dans les mécanismes de décision interroge. En effet, cette demande s’inscrit dans un contexte où le Bénin, champion de la croissance africaine, peine encore à traduire ses succès macroéconomiques en emplois inclusifs. Des milliers de diplômés errent sans perspectives, tandis que les femmes, actrices clés de l’économie informelle, attendent aussi des mesures concrètes pour briser le plafond de verre. La lettre transforme ainsi un débat technique en un cri pour une gouvernance plus juste.

 

L’appel solennel de Houessou : un test pour l’héritage présidentiel

 

Faisant de sa missive un véritable cri pour une gouvernance plus juste, Wilfrid Nicéphore Houessou lance un appel solennel au président Talon : refusez de signer cette version actuelle et renvoyez les législateurs à la table des négociations.

« Intégrez-y des dispositions structurées pour la jeunesse et les femmes, et faites de cette réforme un legs d’équité », implore-t-il.

Cette injonction résonne de manière d’autant plus forte qu’elle est un test direct pour l’héritage du dirigeant, qui s’est souvent targué d’une vision progressiste et courageuse. En évoquant l’observation vigilante de la Nation, l’auteur rappelle aussi que la vraie grandeur politique réside dans l’empowerment des oubliés, non dans la perpétuation des acquis.

 

Vers une Constitution pour tous : l’écho d’une mobilisation citoyenne

 

Donnant corps à cet appel et à cette exigence de vraie grandeur politique, la lettre a rapidement trouvé un écho. Diffusée sur les réseaux sociaux et relayée dans les cercles militants, la lettre a rapidement trouvé un écho. En quelques heures, elle a été partagée par plusieurs figures de la société civile et largement commentée en ligne. Elle invite à une réflexion collective sur la démocratie participative, où les réformes ne servent plus seulement les puissants, mais irriguent l’ensemble du tissu social.

Pour les observateurs, c’est un signal fort : la jeunesse béninoise, de Paris à Cotonou, refuse la fatalité et exige aussi sa part dans le jeu politique.

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