Bénin : Le Général Houndégnon face à la CRIET, l’affaire prend une tournure criminelle !
Cotonou, 20 mai 2025 – Ô justice béninoise, ô ballet judiciaire où les pas se font tantôt gracieux, tantôt maladroits ! Ce lundi 19 mai, la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET), ce temple dans lequel la balance penche selon des vents capricieux, a offert un nouvel acte dans la saga de Louis Philippe Houndégnon. L’ancien général de police, figure d’un passé révolu sous l’ère Boni Yayi, s’est vu projeté dans un tourbillon procédural, les charges contre lui étant requalifiées en « nature criminelle ». Un coup de théâtre qui, loin de clarifier, embrouille davantage une affaire où la justice semble jongler avec les destinées comme un illusionniste avec ses quilles.
Une valse d’accusations : du harcèlement au crime d’État ?
Il y a quelques mois encore, Houndégnon, contraint à une retraite forcée après l’avènement de Patrice Talon,faisait face à des accusations d’incitation à la rébellion et de harcèlement par voie électronique – des griefs déjà sévères, mais presque anodins face à la tempête qui s’abat désormais. Le ministère public, dans un élan zélé, avait requis deux ans de prison ferme et deux millions de FCFA d’amende, pointant des déclarations publiques jugées séditieuses. Des audios, des posts sur les réseaux sociaux, où l’ex-patron des flics critiquait la gouvernance de Talon avec une verve acerbe, ont servi de combustible à l’accusation. Mais voilà que la CRIET, dans un revirement digne d’une tragédie antique, décrète ces charges insuffisantes et ordonne une instruction complémentaire, requalifiant les faits en crimes.
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Le nœud de l’affaire ?Des allégations prétendent que des conspirateurs ont sollicité Houndégnon pour un coup d’État contre Talon, des propositions qu’il affirme avoir catégoriquement rejetées. Le procureur, dans une rhétorique grandiloquente, argue que de tels propos, proférés par un homme de son rang, menacent la « quiétude du peuple » et ébranlent l’ordre constitutionnel. Pourtant, l’ironie est mordante : Houndégnon, qui clame son innocence et son ignorance des arcanes numériques, se retrouve enchaîné par des accusations aussi floues qu’une brume matinale. La CRIET, en renvoyant le dossier à l’instruction, semble moins chercher la vérité que tisser un filet plus serré autour d’un homme dont la voix, trop libre, dérange.
La CRIET, miroir d’une justice à géométrie variable
Cette juridiction spéciale dont le nom évoque autant la rigueur que la crainte, s’illustre une fois encore comme l’instrument d’une justice à géométrie variable. Houndégnon, critique virulent du régime, voit son sort s’alourdir, tandis que d’autres, plus dociles, glissent entre les mailles du filet judiciaire. Son coaccusé, Coffi Camille Amoussou, neveu et acolyte présumé, avait pourtant frôlé la relaxe lors d’audiences antérieures, preuve que la balance peut s’incliner différemment selon les visages.
Ce n’est pas la première fois que la CRIET joue les équilibristes. Créée pour juguler la corruption et le terrorisme, elle s’est muée en une arène dans laquelle les opposants politiques et les voix dissidentes sont souvent broyés. Les avocats de Houndégnon, dans un cri d’indignation, dénoncent une « hérésie judiciaire », pointant des irrégularités procédurales, comme des mandats de dépôt antidatés. Mais hélas, ces clameurs se perdent dans le vacarme d’une machine judiciaire qui semble moins servir la vérité que l’ordre établi.
Un Général dans la tourmente : le peuple béninois interrogatif
Houndégnon, hier gardien de l’ordre, aujourd’hui captif des geôles de Porto-Novo, incarne un paradoxe saisissant. Ses déclarations, qu’il voulait claironnantes, sont devenues des chaînes. Sa tentative de lancer un mouvement politique, « 11 & 12 », et de fédérer des fonctionnaires pour une alternance, a été interprétée comme une conspiration. La découverte d’une liste de personnalités lors d’une perquisition à son domicile n’a fait qu’attiser les soupçons, bien qu’il jure n’avoir fait que rêver d’un avenir différent pour le Bénin.
Pendant ce temps, le peuple béninois, spectateur d’un théâtre dans lequel la justice oscille entre sévérité et arbitraire, s’interroge. Pourquoi un général à la retraite, sans arme ni complot tangible, est-il traité comme un péril national, quand d’autres affaires, plus opaques, s’évanouissent dans l’oubli ? La CRIET, en requalifiant les charges, ne fait qu’alimenter le soupçon d’une justice instrumentalisée, où les puissants dictent le tempo et les dissidents paient le prix fort.
L’Affaire Houndégnon : une farce judiciaire en quête de dénouement
Alors que Houndégnon retourne dans l’ombre de sa cellule, la CRIET promet une instruction approfondie. Cependant, dans ce labyrinthe judiciaire, où les délais s’étirent et les accusations mutent, la vérité semble un mirage. La requalification criminelle, loin d’éclaircir l’horizon, épaissit le brouillard. Et si la justice béninoise, dans sa hâte à punir, ne faisait que révéler son propre malaise ? Dans ce ballet où les pas de la loi trébuchent sur les ambitions politiques, le rideau tarde à tomber, laissant le Bénin suspendu entre l’espoir de droiture et l’amertume d’une équité à deux visages.