Autrefois fastidieuse et chronophage, l’obtention de l’attestation de non-exclusion de la commande publique au Bénin s’inscrit désormais dans une dynamique de modernisation qui redéfinit les interactions entre les entreprises et l’administration. Ce précieux sésame, indispensable pour accéder aux marchés publics, se matérialise aujourd’hui en quelques clics grâce à une plateforme numérique dédiée.
La digitalisation : une réforme structurelle aux bénéfices immédiats
Longtemps perçue comme un goulot d’étranglement dans le parcours des entrepreneurs, la délivrance de cette attestation pouvait nécessiter plusieurs semaines d’attente, engendrant des délais préjudiciables à la compétitivité des entreprises. Désormais, la dématérialisation du processus permet de réduire le délai maximal à 72 heures, avec une volonté affichée de ramener cette échéance à 24 heures.
L’homme d’affaires Léonard DOSSOU ne cache pas son enthousiasme :
« Avant, c’était un véritable casse-tête. Aujourd’hui, on ne perd plus de temps. Peu importe où l’on se trouve, il suffit d’un accès internet pour soumettre la demande et récupérer le document. C’est un gain considérable pour nous, chefs d’entreprise. »
Un levier d’efficience pour l’économie nationale
Au-delà du simple aspect pratique, cette réforme s’inscrit dans un cadre plus large de digitalisation des services publics, impulsé par le gouvernement béninois. La numérisation de l’attestation de non-exclusion ne se résume pas à une avancée technologique : elle incarne une mutation des rapports entre l’administration et les acteurs économiques, où la fluidité et la transparence deviennent des maîtres-mots.
Les chiffres fournis par l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) témoignent d’ailleurs du succès de cette initiative. Sur les 24.639 demandes enregistrées en 2023, plus de 20.000 ont été approuvées, traduisant une adoption massive du dispositif.
Un outil stratégique, mais perfectible
Toutefois, si le système semble avoir trouvé son rythme de croisière, certaines zones d’ombre subsistent. En dépit des ajustements réalisés, des entrepreneurs déplorent encore des difficultés liées à la validation du numéro IFU (Identifiant Fiscal Unique) par les services compétents.
Raoufou ODJO-RADJI, élu consulaire à la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin, reconnaît les avancées, mais pointe les améliorations à apporter :
« Le processus est plus fluide, c’est indéniable. Mais il reste des détails à peaufiner pour une efficacité optimale. Un entrepreneur ne peut se permettre d’attendre si son dossier est bloqué pour une raison qu’il ne maîtrise pas. »
Vers une administration 100 % digitale ?
En somme, L’initiative s’aligne sur une volonté plus globale d’instaurer un environnement des affaires compétitif et moderne. Le succès de la plateforme de délivrance des attestations pourrait ainsi ouvrir la voie à une numérisation accrue d’autres services administratifs, simplifiant davantage le quotidien des entrepreneurs béninois.
À terme, le Bénin ambitionne une administration dans laquelle la dématérialisation sera la norme et non plus l’exception. Si les ajustements techniques et organisationnels suivent, cette mutation pourrait bien repositionner le pays comme un modèle en matière de gestion digitalisation des services publics en Afrique de l’Ouest.