Bénin : Une nouvelle ère pour les marchés urbains avec l’instauration d’un loyer journalier
Dès juillet 2025, les marchés urbains et régionaux du Bénin, symboles éclatants de la modernisation impulsée par le gouvernement actuel, s’apprêtent à révolutionner leur modèle économique. En effet, dans une démarche audacieuse visant à assurer la pérennité de ces infrastructures flambant neuves, les commerçants seront désormais invités à s’acquitter d’une redevance quotidienne de 600 francs CFA. Cependant, une particularité s’applique aux poissonniers et aux bouchers : leurs activités, nécessitant des aménagements spécifiques, engendreront un supplément de 100 francs. Cette mesure, loin d’être anodine, marque un tournant décisif dans la gestion des espaces marchands et soulève, par conséquent, un vent d’interrogations parmi les acteurs des étals. Alors, quels sont les enjeux de cette transformation ?
Modernité à tout prix : L’ambition d’un Bénin nouveau
Ces marchés, fruits d’un investissement colossal de plus de 100 milliards de francs CFA, incarnent la vision d’un Bénin résolument tourné vers la modernité. De fait, de Cotonou à Parakou, en passant par Djougou et Natitingou, pas moins de 35 infrastructures ont été édifiées ou rénovées, offrant des conditions de travail optimales aux commerçants. Équipés de commodités dignes des standards contemporains – éclairage, adduction d’eau, systèmes d’assainissement –, ces espaces ambitionnent de redynamiser le commerce local tout en insufflant une nouvelle vitalité aux centres urbains.
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Un loyer journalier pour une durabilité assurée
Effectivement, l’introduction de ce loyer journalier, bien que modeste en apparence, répond à une logique implacable : garantir l’entretien et la durabilité de ces édifices. Ainsi, selon les autorités, les recettes collectées permettront de couvrir les frais d’exploitation, d’assurer la propreté des lieux et de maintenir leur attractivité. Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement, rassure avec fermeté : le gouvernement a mené des consultations inclusives avec les commerçants, fixant la redevance, initialement proposée entre 300 et 700 francs CFA, à un montant raisonnable, bien en deçà des 30 000 francs CFA mensuels que certains craignaient.
Poissonniers et bouchers : une surtaxe qui fait débat aux marchés
Néanmoins, l’annonce d’une surtaxe de 100 francs CFA pour les vendeurs de poissons et les bouchers a suscité quelques murmures. Ces métiers, par leur nature, exigent des installations spécifiques – chambres froides, systèmes de drainage, normes sanitaires strictes – qui justifient, selon les autorités, cet ajustement tarifaire. En revanche, si cette mesure vise à refléter les coûts réels de fonctionnement, elle n’en demeure pas moins un défi pour ces commerçants, souvent confrontés à des marges bénéficiaires ténues dans un contexte économique marqué par une inflation persistante et une hausse des prix des denrées.
Optimisme prudent : les commerçants entre espoir et réalité
Pourtant, au cœur des allées animées de ces marchés, l’optimisme n’est pas totalement éclipsé. Les commerçants, conscients des avantages offerts par ces infrastructures modernes – meilleure visibilité, sécurité accrue, afflux de clients –, perçoivent cette redevance comme un investissement dans leur avenir. « Ces nouveaux marchés attirent plus de monde et les conditions sont incomparables », confie une vendeuse de légumes à Parakou, tout en nuançant : « Mais 600 francs par jour, c’est une somme qu’il faudra intégrer dans nos calculs. »
Équilibre délicat : entre progrès et accessibilité pour tous
Cependant, cette initiative, si elle témoigne de la volonté du gouvernement de structurer l’économie informelle, n’échappe pas aux critiques. Certains commerçants, particulièrement les plus modestes, craignent que cette charge quotidienne ne fragilise leurs revenus, déjà érodés par la cherté de la vie. À titre d’exemple, en 2022, le marché de Dantokpa à Cotonou voyait les prix de l’arachide ou du mil doubler en quelques mois, une tendance qui n’a fait que s’accentuer. Dans ce contexte, l’ajout d’une redevance, même modique, pourrait accentuer les pressions sur les petits commerçants.
Dialogue et solutions : le gouvernement à l’écoute
C’est pourquoi le gouvernement, conscient de ces enjeux, insiste sur le dialogue. Les consultations en cours visent à ajuster les modalités de paiement pour préserver l’accessibilité de ces espaces. Des propositions émergent, comme des abonnements mensuels plafonnés à moins de 20 000 francs CFA, ou encore des exonérations temporaires pour les commerçants les plus vulnérables. Cette approche, qui se veut pragmatique, illustre la recherche d’un équilibre entre la nécessité de rentabiliser les investissements publics et celle de soutenir une population commerçante essentielle à l’économie béninoise.
Au-delà des chiffres : redéfinir le commerce urbain
Plus qu’une simple question financière, cette mesure cristallise une ambition plus large : faire des marchés du Bénin des pôles d’attractivité économique et sociale. En effet, en modernisant ces espaces, le gouvernement aspire à désengorger les centres-villes, à réduire l’insécurité et à stimuler la création d’emplois connexes. Les marchés, conçus comme des « organes vivants » selon les architectes d’Arte Charpentier, ne se contentent pas d’être des lieux d’échange ; ils deviennent des repères dans le tissu urbain, catalyseurs d’un renouveau citadin.
Bénin : les marchés du futur, entre opportunités et défis
En somme, avec juillet 2025 qui se profile, tous les regards sont tournés vers ces nouveaux marchés béninois, où l’effervescence des étals se mêle aux espoirs et aux défis d’une nation en pleine mutation. Si la redevance journalière de 600 francs CFA, assortie d’un supplément pour certains, symbolise le prix à payer pour la modernité, elle incarne avant tout une invitation audacieuse à repenser le commerce comme un puissant moteur de progrès partagé. Reste à savoir si cette vision novatrice saura s’enraciner durablement dans le quotidien des commerçants, véritables artisans de l’âme vibrante des marchés béninois.