Dassa-Zoumé : clap de fin pour E-Giénique, une révolution menstruelle au cœur des Collines !
Dassa-Zoumé, 19 mai 2025 – Sous le ciel éclatant des 41 collines de Dassa-Zoumé, une révolution discrète, mais puissante s’est achevée le 25 avril au Collège d’Enseignement Général (CEG) de Paouignan. Là, dans une salle vibrante d’enthousiasme, la phase 2 du Projet E-Giénique a posé son dernier point de suture, tissant un avenir où l’hygiène menstruelle n’est plus un fardeau, mais une source d’autonomie pour les jeunes filles. En formant plus de 30 élèves à la confection de serviettes hygiéniques réutilisables, avec le concours de couturières locales, cette initiative a brisé les silences, semé la solidarité et fait germer la fierté dans le cœur des collégiennes. Cette initiative, d’une importance capitale, a couronné une tournée transformative à travers six collèges de la commune.
Combattre un tabou, gagner l’école : l’enjeu crucial de l’hygiène menstruelle pour les filles
Ce projet ambitieux s’attaque de front à un défi majeur qui freine l’éducation des filles : l’absentéisme scolaire lié à la gestion de l’hygiène menstruelle. Au Bénin, où 15,2 % des adolescentes manquent les cours en raison de leurs règles, selon une étude menée dans plusieurs communes, les obstacles sont multiples : douleurs, moqueries, absence de sanitaires adaptés. À Dassa-Zoumé, commune rurale des Collines, ces réalités sont amplifiées par un accès limité aux produits hygiéniques abordables et une culture dans laquelle les tabous autour des menstruations persistent profondément.
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Des aiguilles qui changent les vies : 180 collégiennes formées à l’autonomie
Pour y remédier, la phase 2, déployée entre avril et mai 2025, a sillonné six collèges – dont le CEG 1 Dassa-Zoumé, le CEG Kpingni et le CEG Paouignan – pour former 180 élèves, majoritairement des filles, à la fabrication de serviettes réutilisables. Accompagnées par des couturières locales, ces jeunes ont appris à coudre, mais aussi à comprendre leur corps et à déconstruire les préjugés tenaces. « Ces ateliers ne se contentent pas d’enseigner une technique ; ils créent un espace dans lequel les filles s’expriment librement, partagent leurs expériences et s’entraident », confie une formatrice, visiblement émue par l’enthousiasme et la libération des participantes.


Paouignan, scène d’un final émouvant : Savoir-faire, Confidences et Clubs d’avenir
L’étape de Paouignan a constitué un final en apothéose pour cette phase du projet. Dans une salle parée de tissus colorés, les élèves, âgés de 12 à 16 ans, ont manié aiguilles et machines à coudre avec une assurance croissante. Les couturières, véritables chevilles ouvrières du projet, ont partagé leur savoir-faire précieux, transformant l’atelier en un moment riche de transmission intergénérationnelle et de sororité. Les échanges, ponctués de rires et de confidences, ont permis d’aborder sans tabou des sujets souvent tus : la douleur menstruelle, la honte face aux saignements, les solutions pratiques pour gérer cette période et rester sereinement en classe.
Le point d’orgue de cette journée fut la création du club scolaire E-Giénique de Paouignan, un espace pérenne où élèves et enseignants prolongeront la sensibilisation et la production de serviettes. « Ce club, c’est notre promesse de ne pas laisser retomber cette énergie, cet élan. » « Nous allons former d’autres filles », explique une enseignante, désormais référente dynamique du club. Avec six clubs similaires établis dans les collèges visités, le projet ancre ainsi une dynamique durable, soutenue par une communauté éducative mobilisée et convaincue.
Au-delà des chiffres : dignité, assiduité et émancipation au cœur du Projet E-Giénique
L’impact de cette initiative dépasse largement les salles de classe et les simples statistiques. Les chiffres de la phase 2 parlent d’eux-mêmes : 180 élèves formées, six collèges impliqués, des couturières locales valorisées économiquement et socialement. Mais l’impact profond du Projet E-Giénique transcende les statistiques. En effet, en dotant les filles de compétences pratiques concrètes, il leur offre une autonomie précieuse dans une région où les serviettes jetables restent coûteuses et peu accessibles. En brisant les tabous ancestraux, il restaure leur dignité, renforce leur confiance en elles et améliore significativement leur assiduité scolaire.
« Avant, je ratais des cours à cause de mes règles. » « Maintenant, je sais comment me préparer et je n’ai plus honte », confie, avec un sourire éclatant, une élève de 14 ans, brandissant fièrement sa première serviette confectionnée. Le projet s’inscrit dans une dynamique plus large au Bénin, où des initiatives comme celle d’Action Education, qui a construit 87 blocs de latrines dans 70 écoles, améliorent concrètement les conditions sanitaires.
À Dassa-Zoumé, d’ailleurs, où la commune bénéficie d’investissements gouvernementaux pour l’accès à l’eau potable, ces efforts convergent pour créer un environnement scolaire plus sain et plus inclusif pour tous. La collaboration avec des partenaires locaux et internationaux, bien que non précisée dans le cadre spécifique d’E-Giénique, témoigne, par conséquent, d’une synergie croissante au Bénin pour l’éducation et le bien-être des filles.

La Route de l’inclusion : défis persistants et espoir ancré dans les Communautés
Malgré ces avancées notables, cependant, des défis persistent sur la route de l’inclusion durable. La pérennité des clubs scolaires dépendra de l’engagement continu et passionné des enseignants référents et des ressources allouées pour renouveler les matériaux. Dans les zones rurales, où les traditions et les croyances pèsent lourd, la sensibilisation doit s’étendre impérativement aux familles et impliquer activement les garçons pour transformer durablement les mentalités à l’échelle de la communauté. Pourtant, à Paouignan, l’optimisme est de mise et palpable.
Les regards pétillants des élèves, leurs serviettes soigneusement pliées, les promesses d’entraide au sein du club naissant : tout cela dessine un horizon dans lequel les menstruations ne sont plus un obstacle à leur éducation, mais une étape naturelle de la vie gérée en toute dignité. Dans les collines de Dassa-Zoumé, où les traditions du royaume Igbo Idaasha se mêlent aux aspirations légitimes d’une jeunesse audacieuse et connectée, le Projet E-Giénique a semé une graine précieuse d’émancipation.
À Paouignan, le clap de fin n’est pas une fin, mais un commencement : celui d’un Bénin où chaque fille, forte de son savoir-faire et de sa dignité retrouvée, trace librement son chemin vers l’avenir.