Bénin : La traque au vol d’énergie électrique, un combat pour l’équité et le progrès
Cotonou, 27 mai 2025 – Au Bénin, où l’électricité est le nerf de la croissance économique, un fléau insidieux sape les efforts de développement et menace la stabilité du réseau national : le vol d’énergie. Thierry Codo, Directeur de l’Éthique et de la Conformité à la Société Béninoise d’Énergie Électrique (SBEE), a lancé un vibrant appel à l’action, dénonçant avec vigueur les pratiques frauduleuses qui privent le Bénin de ses précieuses ressources énergétiques. Ce cri d’alarme, relayé dans une récente allocution vidéo, met en lumière un défi majeur pour la nation : protéger un bien commun essentiel à l’essor collectif.
Une menace à plusieurs visages : du vandalisme aux fraudes sophistiquées
Le vol d’énergie, loin d’être un acte anodin, revêt des formes aussi variées que préjudiciables. D’un côté, des actes de vandalisme ciblent directement les infrastructures de la SBEE, avec des vols de câbles et d’équipements dans les postes de distribution, plongeant parfois des quartiers entiers dans l’obscurité. À titre d’exemple, en mars 2025, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a jugé deux individus accusés d’avoir sectionné des câbles à Adjarra, causant des perturbations récurrentes dans l’alimentation électrique.
LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ
De l’autre côté, le détournement d’énergie par des branchements illicites ou des manipulations de compteurs constitue une pratique répandue. Ces fraudes, souvent orchestrées dans des ateliers de soudure, des scieries, des bars ou même des foyers, permettent à des usagers de consommer sans contribuer au financement du réseau. En outre, en 2020, les autorités ont démantelé un réseau de six agents de la SBEE, dont un chef de service informatique, pour avoir manipulé des données et effacé les dettes de clients en échange de pots-de-vin, entraînant un préjudice de 23 millions de FCFA. Ces pratiques, loin d’être isolées, fragilisent la viabilité financière de la SBEE, qui vise pourtant une augmentation de 18 % de son chiffre d’affaires en 2025 grâce à de nouveaux raccordements.
La riposte implacable de la SBEE : tolérance zéro contre la fraude
Face à cette hémorragie, la SBEE déploie une stratégie offensive et sans relâche. Une brigade spécialisée, composée d’agents de la Direction de l’Éthique et de la Conformité, d’un huissier de justice et d’un représentant de l’Agence nationale de normalisation, de métrologie et de contrôle qualité, effectue des contrôles rigoureux. Ainsi, en février 2025, une opération à Hêvié a conduit à l’arrestation de trois individus, dont un agent de la SBEE, pour falsification de procès-verbaux en échange de pots-de-vin, permettant à des fraudeurs d’échapper aux sanctions.
Lorsqu’une fraude est détectée, la SBEE émet des factures de redressement pour récupérer les pertes, comme en témoigne une affaire où un chef de village a été sommé de rembourser 19 millions de FCFA pour trois ans de consommation frauduleuse. De plus, l’article 87 du Code de l’électricité prévoit des peines sévères : de trois à vingt-quatre mois de prison et des amendes conséquentes. Ces sanctions visent à dissuader les contrevenants, qu’ils soient des usagers ou des complices internes.
Pour encourager la vigilance citoyenne, la SBEE a instauré une prime de 10 % sur les montants redressés pour toute dénonciation anonyme effectuée via son numéro WhatsApp dédié (01 98 99 01 22). Ce dispositif, combiné au service « Call Me SBEE » lancé en 2023, qui traite 150 appels quotidiens, renforce la proximité avec les usagers et accélère la résolution des plaintes.
Un enjeu crucial pour le développement national et régional
Le vol d’énergie ne se limite pas à un préjudice financier pour la SBEE, dont le capital s’élève à 10 milliards de FCFA. Il entrave les ambitions du Bénin, qui a multiplié par dix sa production électrique depuis 2016, passant de zéro à une capacité notable grâce à des investissements comme la centrale solaire d’Illoulofin (25,85 MWc). Cependant, avec un taux d’accès à l’électricité de 41,5 % en 2018, inférieur à la moyenne subsaharienne, chaque kilowattheure détourné freine l’électrification rurale et la croissance économique.
La SBEE, soutenue par des partenaires stratégiques comme l’Agence française de développement et la Banque africaine de développement, modernise ses réseaux pour garantir une distribution fiable. Des initiatives comme le raccordement gratuit des PME et PMI (140-160 KVA) ont permis de connecter des entreprises en 36 jours sans frais, stimulant l’activité économique. Mais attention, ces avancées risquent d’être compromises si le vol d’énergie persiste.
Appel à la responsabilité collective : l’énergie, un bien commun à protéger
En s’attaquant à ce fléau, Thierry Codo ne se contente pas de défendre les intérêts de la SBEE ; il plaide pour une responsabilité partagée. Chaque acte de fraude, qu’il s’agisse d’un branchement illicite ou d’un vol de câbles, prive des écoles, des hôpitaux et des entreprises d’une énergie vitale. Par conséquent, en invitant les citoyens à signaler les abus, la SBEE mise sur une mobilisation collective pour bâtir un avenir où l’électricité, bien commun, devient un levier de progrès pour tous.
Dans ce combat, le Bénin ne lutte pas seulement pour ses ressources, mais pour une vision : celle d’un pays où l’énergie, équitablement distribuée, éclaire les aspirations d’une nation en marche.