Bénin-Maroc : une alliance judiciaire stratégique pour des élections 2026 Clés
Le 29 avril dernier, les murs du siège de la Cour constitutionnelle à Porto-Novo ont vibré d’un souffle diplomatique. Dans une audience empreinte de solennité, le président de l’institution, Cossi Dorothé Sossa, a accueilli l’ambassadeur du Royaume du Maroc au Bénin, Rachid Rguibi, doyen du corps diplomatique. Ce rendez-vous, loin d’être protocolaire, a posé les jalons d’une coopération renforcée entre les cours constitutionnelles des deux nations, avec un cap clair : préparer les élections générales de 2026 au Bénin et également tisser des initiatives communes dans les arènes régionales et internationales. Dans un pays où la démocratie, jadis modèle ouest-africain, navigue en eaux troubles, cette rencontre incarne un espoir de consolidation institutionnelle, porté par un partenariat stratégique avec le Maroc.
L’expertise marocaine au service de la démocratie béninoise face aux enjeux de 2026
En effet, au cœur des discussions, la relation entre les cours constitutionnelles béninoise et marocaine s’est affirmée comme un pilier de cette nouvelle dynamique. Depuis plusieurs années, le Maroc, fort de son expérience en matière de gouvernance constitutionnelle, partage son savoir-faire avec des nations africaines. La Cour constitutionnelle marocaine, créée en 1994 et renforcée par la Constitution de 2011, joue un rôle clé dans la supervision des processus électoraux et la garantie de la primauté du droit. À Porto-Novo, l’ambassadeur Rguibi a évoqué la possibilité d’un appui technique pour 2026, incluant notamment des formations pour les magistrats, des outils numériques pour sécuriser le contentieux électoral et des échanges d’expertise sur la transparence des scrutins.
LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ
Pour le Bénin, par conséquent, cet appui tombe à point nommé. Les élections générales de 2026, combinant législatives, municipales et présidentielles, s’annoncent cruciales. Depuis 2016, sous la présidence de Patrice Talon, le pays a vu son espace démocratique se rétrécir, marqué par des réformes électorales restrictives et l’exclusion de partis d’opposition en 2019 et 2020. La Cour constitutionnelle, souvent critiquée pour sa proximité avec l’exécutif, est sous pression pour garantir un scrutin inclusif. « Cette coopération avec le Maroc pourrait redonner confiance aux acteurs politiques », confie un analyste béninois, soulignant ainsi l’importance d’une institution arbitrale perçue comme impartiale.
Au-delà des scrutins nationaux : un partenariat qui vise la gouvernance et la sécurité en Afrique
Mais ce partenariat va au-delà des élections nationales ; il s’ancre aussi dans des ambitions régionales. Au-delà de l’appui technique, les échanges ont porté sur des initiatives communes dans les cadres régionaux et internationaux. Le Bénin et le Maroc, tous deux membres de l’Union africaine (UA) et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), partagent une vision d’une Afrique souveraine et intégrée. Le Maroc, revenu dans l’UA en 2017, s’impose comme un acteur clé dans la diplomatie judiciaire, notamment via la Conférence des juridictions constitutionnelles africaines (CJCA). Lors de la dernière assemblée de la CJCA en 2024, les deux pays ont plaidé pour une harmonisation des pratiques électorales, un thème repris à Porto-Novo.
Cette convergence s’étend également à la lutte contre les défis transnationaux. Le Bénin, confronté à la montée du terrorisme dans le nord, et le Maroc, leader régional en matière de sécurité, explorent des synergies institutionnelles pour renforcer la gouvernance. « Une démocratie stable passe par des institutions solides, capables de répondre aux crises », a déclaré un conseiller de l’ambassade marocaine. Cette ambition s’inscrit dans l’élan de l’Accord de Skhirat de 2015, signé sous l’égide du Maroc, qui avait illustré son rôle de médiateur dans les crises africaines.
Un symbole d’amitié qui interpelle : renforcer les institutions pour une démocratie ancrée dans le peuple
En filigrane, cette audience symbolise l’amitié florissante entre Cotonou et Rabat. Depuis la visite du roi Mohammed VI au Bénin en 2017, les deux nations ont multiplié les accords, notamment dans l’agriculture, la formation professionnelle et la santé. La nomination de l’ambassadeur béninois près du Maroc en 2024, élevée dans l’Ordre national, a encore resserré ces liens.
À Porto-Novo, sous le regard attentif de la statue de la justice, cette rencontre marque un pas vers une démocratie béninoise plus robuste. Mais elle rappelle aussi une vérité universelle : les institutions, aussi solides soient-elles, tirent leur légitimité du peuple. À l’approche de 2026, le Bénin, avec l’appui du Maroc, à l’occasion de redorer son blason démocratique, à condition cependant que les promesses d’aujourd’hui se traduisent en actes demain.