Santé




Bénin : Deux médicaments essentiels retirés d’urgence pour défaut de qualité

Bénin : Alerte sanitaire majeure après le retrait d’urgence de deux médicaments défectueux Cotonou, 16 mai 2025 – Une onde d’inquiétude…

Au Bénin, l'Agence béninoise de régulation pharmaceutique ordonne le retrait d'urgence de deux médicaments essentiels, le Ceftriaxone

Bénin : Alerte sanitaire majeure après le retrait d’urgence de deux médicaments défectueux

Cotonou, 16 mai 2025 – Une onde d’inquiétude légitime traverse actuellement le secteur de la santé béninois. Dans un communiqué cinglant publié lundi dernier, l’Agence béninoise de régulation pharmaceutique (ABMed) a ordonné le retrait immédiat de deux spécialités pharmaceutiques, le Ceftriaxone INJ Combipack et le Diclofenac Pharmaquick 50 mg, de l’ensemble des pharmacies et centres de santé du pays. Ainsi ,cette décision radicale, motivée par la détection de défauts graves de qualité, place de fait les autorités sanitaires en état d’alerte maximale et soulève par conséquent de sérieuses interrogations sur la fiabilité des chaînes d’approvisionnement médicamenteuses au Bénin.

Deux médicaments : des défauts ‘critiques’ qui mettent en danger les patients

Le laboratoire indien NAXMED Lifescience Pvt. Ltd. produit le Ceftriaxone INJ Combipack, un antibiotique injectable de la famille des céphalosporines, largement employé pour traiter les infections bactériennes sévères. De son côté, Pharmaquick by ABT SA fabrique le Diclofenac Pharmaquick 50 mg, un anti-inflammatoire non stéroïdien, couramment prescrit pour apaiser douleurs et inflammations.
Cependant, l’ABMed a identifié des anomalies dans le conditionnement secondaire du Ceftriaxone et des non-conformités dans la composition du Diclofenac lors d’inspections minutieuses.Ces irrégularités, qualifiées à juste titre de « critiques » par le directeur de l’ABMed, Dr Chabi Yossounon, pourraient compromettre l’efficacité des traitements et exposer les patients à des risques graves, notamment des échecs thérapeutiques ou des effets secondaires imprévus potentiellement dangereux.

Dans une note urgente adressée à tous les professionnels de santé du pays, l’ABMed a enjoint pharmaciens, médecins et responsables de centres sanitaires à isoler immédiatement les lots incriminés et à suspendre sans délai leur distribution et leur utilisation. « Ne prenez aucun risque ! » « La sécurité des patients est notre priorité absolue », martèle le communiqué officiel. Les stocks suspects ont été placés en quarantaine dans l’attente des résultats d’une enquête approfondie, confiée à une commission mixte réunissant l’ABMed, des représentants du Ministère de la Santé et des experts indépendants reconnus pour leur compétence. Les premières conclusions de cette enquête cruciale sont attendues d’ici au 20 mai 2025.

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Mobilisation générale et failles dans la chaîne d’approvisionnement

L’annonce de ce retrait, tombée comme un couperet dans le milieu pharmaceutique, a mobilisé les autorités sanitaires avec une vitesse éclair. Dès le 14 mai, soit l’avant-veille de la publication de l’article, des équipes d’inspection de l’ABMed ont sillonné sans relâche les pharmacies de Cotonou, Porto-Novo et Parakou pour s’assurer du strict respect des consignes données. « Nous avons visité 47 officines et 12 centres de santé en seulement 24 heures. » « Les lots des deux médicaments concernés sont activement en cours de retrait », a déclaré un responsable de l’ABMed lors d’un point presse tenu le 15 mai pour faire le point sur les opérations.

Parallèlement à cela, le Ministère de la Santé, dirigé par le Pr Benjamin Hounkpatin, a rapidement lancé une campagne de sensibilisation à destination des citoyens, massivement diffusée via des spots radiophoniques et d’autres canaux. L’objectif principal étant d’éviter que des patients n’utilisent des médicaments potentiellement défectueux déjà en leur possession, ce qui pourrait aussi avoir des conséquences dramatiques.

Il convient de noter que ce n’est pas la première fois que le Bénin doit affronter des alertes de ce genre dans le secteur pharmaceutique. Dès 2023, les autorités ont retiré des lots d’antipaludéens pour des motifs similaires, mettant déjà en lumière des lacunes majeures dans les contrôles de qualité à l’importation.

Cette nouvelle crise relance ainsi les critiques contre les circuits d’approvisionnement, trop souvent tributaires de fournisseurs étrangers dont la traçabilité et la fiabilité suscitent parfois des doutes. « Nous devons impérativement renforcer nos mécanismes de contrôle à l’entrée et investir massivement dans une production locale de qualité, parfaitement maîtrisée », plaide le Dr. Éliane Koudjo, pharmacologue à l’Université d’Abomey-Calavi, interrogée sur les solutions à long terme.

Le spectre d’un scandale sanitaire : risques de rupture et inquiétude des patients

Au-delà des seuls enjeux techniques liés à la qualité des produits, cette crise pourrait avoir des répercussions économiques et politiques non négligeables. Le Ceftriaxone et le Diclofenac, médicaments essentiels selon la liste de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sont en effet des piliers des traitements administrés quotidiennement dans les hôpitaux publics et privés du pays.

Leur retrait soudain et massif risque fortement d’entraîner des ruptures d’approvisionnement, un phénomène hélas déjà problématique dans le pays en temps normal. Des pharmaciens, contactés à Cotonou ce 16 mai à 08h00 GMT, expriment d’ailleurs leur profond désarroi face à la situation : « Les alternatives disponibles sur le marché sont souvent coûteuses et pas toujours disponibles en quantité suffisante. »  « De plus, nos patients sont désemparés et ne savent pas quoi faire. »

Vers une réponse ferme et une vigilance renforcée

Face à l’urgence sanitaire et à la colère naissante, l’ABMed a promis des sanctions exemplaires à l’encontre des responsables. « Toute personne ou entité impliquée dans la mise en circulation de ces lots défectueux sur le territoire national répondra de ses actes devant la loi », a assuré fermement le Dr.  Dr Chabi Yossounon lors d’une intervention .

Les autorités judiciaires collaborent activement pour établir si des infractions pénales graves, comme la mise en danger d’autrui, résultent d’actes intentionnels ou de négligences coupables. Par ailleurs, le ministère de la Santé mobilise l’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS) afin de piloter une évaluation régionale, certains lots défectueux ayant potentiellement circulé dans d’autres pays ouest-africains.
En attendant des éclaircissements complets, les Béninois doivent impérativement renforcer leur vigilance sur les médicaments qu’ils achètent et consomment. Les patients prenant du Diclofenac doivent consulter rapidement leur médecin pour obtenir des alternatives sûres, tandis que les établissements utilisant le Ceftriaxone doivent adopter d’autres céphalosporines officiellement approuvées par l’ABMed.

Cette crise, bien que circonscrite pour l’instant à deux produits, rappelle avec force une vérité universelle et fondamentale : la santé publique est un édifice extrêmement fragile, où chaque faille, même minime, peut avoir des conséquences dramatiques sur la vie des populations. À Cotonou, Porto-Novo et au-delà, le mot d’ordre est désormais clair et unanime : la sécurité des patients prime avant tout, et l’heure est résolument à l’action et à la vigilance renforcée.

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