Cotonou, capitale mondiale du Karité : le Bénin rêve d’un « Or vert » transformé et équitablement !
Cotonou, 20 mai 2025 – Sous les voûtes majestueuses du Palais des Congrès de Cotonou, la Conférence Mondiale du Karité 2025 s’est ouverte le 19 mai dans une effervescence porteuse d’espoir. Pour la troisième fois, après 2012 et 2017, le Bénin accueille ce rendez-vous planétaire, présidé par la Ministre de l’Industrie et du Commerce, Shadiya Alimatou Assouman. Sous le thème « L’avenir du karité : créer un commerce gagnant-gagnant », cet événement, qui s’étend jusqu’au 21 mai, ambitionne de redessiner les contours d’une filière stratégique, où l’équité, la durabilité et l’innovation se conjuguent pour faire du karité un moteur de développement africain.
L’ambitieuse stratégie du Bénin : transformer tout le karité « Made in Benin » !
En effet, dans son allocution inaugurale, Shadiya Alimatou Assouman a réaffirmé le rôle pionnier du Bénin dans la valorisation du karité, une ressource surnommée « l’or vert » pour ses vertus cosmétiques et alimentaires. Elle a dévoilé un projet audacieux : transformer localement la totalité des 72 000 tonnes de la production nationale dès la campagne 2025-2026. Cela sera rendu possible grâce à une unité de transformation de 50 000 tonnes implantée dans la Zone Économique Spéciale (ZES) de Glo-Djigbé. Cette infrastructure, soutenue par un investissement de 128,6 milliards de FCFA, s’inscrit dans une vision plus large de faire du Bénin un hub industriel régional, capable de rivaliser avec des géants comme le Burkina Faso, premier exportateur mondial avec 50 % des parts de marché.
LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ
Le karité, dont le beurre est prisé dans l’industrie cosmétique et agroalimentaire, représente ainsi un levier économique pour plus de 600 000 Béninois, dont une majorité de femmes. Mamatou Djaffo, présidente de la Fédération Nationale des Productrices de Karité, a martelé l’urgence de reconnaître leur rôle central. « Ces femmes sont le cœur battant de la filière. » « Leur autonomisation est la clé d’un commerce équitable », a-t-elle plaidé, appelant à des mécanismes de soutien renforcés, comme l’accès aux financements verts et aux équipements modernes.
Défis et innovations : l’industrie « Or vert » face à son avenir
Par ailleurs, les débats, réunissant experts, producteurs et partenaires de six pays majeurs – Bénin, Nigeria, Ghana, Côte d’Ivoire, Mali et Burkina Faso – se concentrent sur des enjeux cruciaux : la transformation locale, freinée par un taux de 8,9 % au Bénin en 2022, la protection des parcs à karité face aux pressions climatiques et l’adaptation aux normes internationales. Didier Agonyissa, représentant du Ministre de l’Agriculture, a insisté sur la nécessité de préserver les écosystèmes et d’améliorer la qualité des amandes, dont le prix plancher a atteint 110 FCFA/kg en 2022, un record sous-régional.
D’ailleurs, L’exposition attenante, où crèmes, savons et huiles de karité rivalisent d’éclat, a mis en lumière la polyvalence de ce produit, souvent proposé comme alternative durable au cacao, dont les prix flambent en 2025. Sandrine Platteau, Ambassadrice de Belgique, a salué l’engagement du Bénin, soulignant aussi le soutien de partenaires internationaux à travers des projets comme le Cadre Intégré Renforcé, qui finance des équipements pour les transformatrices de l’Atacora et de la Donga.
Vers un commerce « gagnant-gagnant » : le karité, symbole d’une Afrique prospère
Cette 16ᵉ édition, organisée par l’Alliance globale du karité (AGK), transcende les frontières nationales. Gilles Adamon, président de l’Initiative Karité Bénin, a appelé à une coordination régionale pour contrer la concurrence déloyale et maîtriser les flux transfrontaliers. Des ateliers sur l’innovation, comme la certification biologique – en forte demande, selon l’AGK, avec des prix trois à quatre fois supérieurs pour le karité bio – et la mécanisation des processus, esquissent un avenir dans lequel la filière pourrait générer des revenus estimés à 4,6 milliards de FCFA, comme en 2022.
Alors que Cotonou vibre au rythme des échanges, cette conférence s’impose comme un catalyseur de synergies. Le Bénin, fort de son dynamisme industriel et de son engagement envers les femmes productrices, se positionne comme un leader dans la réinvention du karité. Dans les allées du Palais des Congrès, entre les stands d’exposition et les panels enflammés, une certitude émerge : le karité, jadis trésor méconnu, est en passe de devenir un pilier d’une Afrique prospère, équitable et durable.