EconomieIndustrie et Commerce




Cotonou : lancement officiel de l’AMC, la nouvelle arme contre la fraude et la contrefaçon

Bénin : une nouvelle ère pour la régulation des marchés avec l’installation du Conseil National de Conformité Cotonou, 14 mai…

L'Autorité de Mise en Consommation (AMC) et son Conseil National de Conformité (CNC) ont été officiellement installés à Cotonou

Bénin : une nouvelle ère pour la régulation des marchés avec l’installation du Conseil National de Conformité

Cotonou, 14 mai 2025 — Le 13 mai dernier, une page décisive s’est tournée dans l’histoire de la régulation commerciale au Bénin. Dans l’enceinte prestigieuse de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) à Cotonou, les sept membres du Conseil National de Conformité (CNC) ont pris officiellement leurs fonctions lors d’une cérémonie empreinte de solennité. En effet, cet événement marque l’entrée en action de l’Autorité de Mise en Consommation (AMC), un instrument clé conçu pour redessiner les contours d’un marché intérieur plus sûr, plus équitable et mieux régulé. Sous l’égide du gouvernement de Patrice Talon, cette réforme ambitieuse ambitionne de répondre aux défis d’une économie ouverte tout en protégeant les citoyens des dérives commerciales.

L'Autorité de Mise en Consommation (AMC) et son Conseil National de Conformité (CNC) ont été officiellement installés à CotonouFace aux dérives du marché : L’AMC, une réponse centrale et modernisée

Pourquoi une telle structure voit-elle le jour maintenant ? Depuis l’adoption du libéralisme économique en 1990, le Bénin s’est engagé dans une voie d’ouverture commerciale fondée sur la libre concurrence et l’initiative privée. Ce choix a dynamisé l’économie, mais il a également ouvert la porte à des pratiques nuisibles : contrefaçon, fraude sur la qualité des produits, circulation de marchandises dangereuses pour la santé.

LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ



Malheureusement, ces maux, longtemps combattus par des lois existantes (comme celles de 2007 sur la protection des consommateurs ou de 2016 sur la concurrence), souffraient d’une régulation fragmentée, dispersée entre plusieurs ministères. « Cette dispersion institutionnelle diluait l’efficacité de l’État à surveiller les flux commerciaux », a expliqué Shadiya Alimatou ASSOUMAN, ministre de l’Industrie et du Commerce, par la voix de son représentant, Éric Kader GBIAN TABE, lors de la cérémonie.

C’est face à ce constat critique que l’AMC, instituée par décret présidentiel en novembre 2024, se présente comme une réponse audacieuse. Son ambition ? Centraliser et moderniser la régulation des produits mis sur le marché, qu’ils soient importés ou locaux, pour garantir leur conformité aux normes sanitaires, techniques et économiques. Pour mener à bien cette mission ambitieuse, le CNC, organe stratégique de l’AMC, est chargé de tracer les grandes lignes de cette mission, en veillant à l’harmonie des actions et à la transparence des processus.

Au cœur de la régulation : le CNC, un collège d’experts multisectoriels

Par ailleurs, au cœur de cette nouvelle structure se trouve le Conseil National de Conformité (CNC), un collège d’experts. Composé de sept personnalités issues de secteurs clés, le CNC incarne une approche multisectorielle. Alain HONOU (Présidence de la République), Raymond ADJAKPA ABILE (Ministère du Commerce), Jérémie DOVOEDO (Ministère de l’Industrie), Kisito CHABI SIKA (Ministère de l’Agriculture), Jock ADAMMADO (Ministère de l’Économie et des finances), Didier YAYI (Ministère du Cadre de vie et des Transports) et Achille YEMOA (Ministère de la Santé) ont été choisis pour leur expertise et leur capacité à conjuguer rigueur et vision. Leur mandat, d’une durée de quatre ans renouvelable une fois, consiste à orienter l’AMC, superviser son Secrétariat exécutif et valider ses rapports stratégiques. Une tâche d’envergure, à la croisée des enjeux de santé publique, de compétitivité économique et de protection environnementale.

Ouverture et rigueur : les principes d’une régulation moderne et alignée

Quelle sera l’approche concrète de cette nouvelle autorité ? Loin d’être une entrave au commerce, l’AMC se veut un outil de régulation éclairée, aligné sur les standards internationaux et les engagements régionaux, notamment au sein de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). « L’AMC ne fermera pas les portes du marché béninois », a assuré la ministre. « Au contraire, elle les ouvrira à des échanges plus sûrs et plus justes ». Cette promesse s’accompagne d’un engagement ferme : les autorités publieront bientôt des textes d’application, précisant les procédures et les délais, pour assurer la clarté et la prévisibilité du dispositif. En complément, quatre commissions techniques, aux côtés du CNC et du Secrétariat exécutif, viendront aussi compléter l’architecture de l’AMC, assurant une expertise pointue dans des domaines spécifiques.

Sécurité pour les consommateurs : L’AMC, maillon essentiel des réformes gouvernementales

L’installation du CNC envoie précisément un signal fort aux consommateurs béninois. Dans un contexte dans lequel leurs attentes n’ont jamais été aussi élevées face à la montée des préoccupations liées à la qualité des produits, à la sécurité alimentaire et à la durabilité, l’AMC se positionne comme un rempart. C’est pourquoi, en centralisant le contrôle des marchandises, elle vise à réduire les risques liés aux produits non conformes, tout en renforçant la confiance des citoyens dans les institutions. Ce projet s’inscrit d’ailleurs parfaitement dans la continuité des réformes du gouvernement Talon, qui, depuis 2016, place la gouvernance et la modernisation au cœur de son action, comme en témoignent le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) et la Vision 2060 pour un Bénin prospère.

Un défi collectif : acteurs économiques et autorités main dans la main

La cérémonie, marquée par une présentation didactique d’Emilie TIBOUTE, directrice adjointe de cabinet, et conclue par une photo de famille, a reflété l’enthousiasme et la gravité de l’enjeu. En félicitant les membres du CNC, la ministre leur a rappelé l’ampleur de leur responsabilité : « Vos compétences sont la clé pour concrétiser l’ambition du président Talon. » Cependant, ce défi ne repose pas seulement sur leurs épaules. La réussite de l’AMC dépendra aussi de l’adhésion des acteurs économiques, des importateurs aux producteurs locaux, appelés à s’aligner sur des normes plus exigeantes.

En somme, le Bénin pose les jalons d’un marché intérieur plus robuste et plus protecteur. Avec l’AMC et son CNC, le pays affirme sa volonté de concilier ouverture économique et souveraineté réglementaire, pour un avenir dans lequel la sécurité des consommateurs et la compétitivité des entreprises marchent de pair. Un pari audacieux, dont les premiers fruits attireront tous les regards.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne WHATSAPP