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Benin : l’émergence d’un nouvel urbanisme social

Cotonou, 19 février 2025 — Alors que le soleil se lève sur les chantiers de Ouèdo, une révolution discrète s’imprime dans…

Le gouvernement Talon lance un projet ambitieux de 20 000 logements économiques et sociaux à Cotonou, visant à garantir un logement décent et abordable pour des milliers de ménages béninois.

Cotonou, 19 février 2025 — Alors que le soleil se lève sur les chantiers de Ouèdo, une révolution discrète s’imprime dans le paysage béninois. En effet, le gouvernement Talon, porté par une ambition sans précédent, vient de matérialiser l’une de ses promesses phares : la commercialisation de 20 000 logements économiques et sociaux, un projet titanesque destiné à redéfinir l’accès au logement décent pour des milliers de ménages. Une conférence de presse tenue lundi a levé le voile sur les modalités de cette initiative, qualifiée par le ministre José Tonato de colonne vertébrale du bien-être collectif.

20 000 logements : une utopie urbanistique devenue réalité

Par ailleurs, longtemps fantasmé, le rêve d’habitations abordables pour tous prend corps dans trois pôles stratégiques : Ouèdo, Porto-Novo et Parakou. La cité de Ouèdo, épicentre de cette métamorphose, se présente comme un modèle d’urbanisme vert. Conçue selon des normes environnementales rigoureuses, elle abrite 11 000 unités de type F4, chacune garantissant une sécurité foncière irrévocable. « Ces logements ne sont pas des murs, mais des écosystèmes de vie », a souligné le ministre Tonato, insistant sur l’intégration d’espaces communautaires et d’infrastructures durables.

Financement inclusif : briser le cercle de l’exclusion

L’innovation réside dans les mécanismes d’acquisition, pensés pour contourner les barrières économiques. Aucun apport initial n’est exigé pour une première fois dans la sous-région. Les ménages peuvent étaler leurs paiements sur 17 ans pour les logements économiques et 25 ans pour les logements sociaux, avec des mensualités plafonnées à 100 000 FCFA. « L’objectif est de substituer à la précarité un droit fondamental : celui de posséder son toit sans s’y ruiner », a expliqué Moïse Achille Houssou, directeur général de la SImAU. Pour éviter les engorgements, une commission indépendante attribuera les logements via une plateforme électronique, garantissant transparence et équité.

Ouèdo, laboratoire d’une citoyenneté renouvelée

Au-delà des chiffres, le projet incarne une philosophie : l’habitat comme vecteur de cohésion sociale. La cité de Ouèdo, conçue pour être autosuffisante, intègre écoles, centres de santé et espaces verts, rompant avec l’image des quartiers-dortoirs. « Nous ne vendons pas des appartements, mais des communautés », a martelé Houssou, détaillant un système de réservation accessible dès le 20 février, moyennant des frais de dossier symboliques de 50 000 FCFA. Une somme modique, mais stratégique, pour filtrer les engagements sérieux.

Un défi logistique et symbolique

Réaliser un tel programme dans un délai record relève de l’exploit. Le gouvernement, appuyé par des partenaires techniques et financiers, a dû surmonter des défis structurels : approvisionnement en matériaux, formation de main-d’œuvre locale et adoption de technologies de construction innovantes. « Ce projet est la preuve que l’audace politique, couplée à une gestion rigoureuse, peut transcender les scepticismes », a affirmé Tonato, rappelant que cette initiative s’inscrit dans un continuum de réformes visant à améliorer l’indice de développement humain.

Témoignages et attentes : entre espoir et vigilance

Si l’enthousiasme est palpable, certains citoyens expriment des réserves. Adélaïde Kpossou, vendeuse à Cotonou, salue l’initiative, mais s’interroge : « Les procédures électroniques ne risquent-elles pas d’exclure ceux qui ne maîtrisent pas le numérique ? » La SImAU rétorque en promettant des guichets d’assistance physique et des campagnes de sensibilisation itinérantes.

Le logement, nouveau pilier de la souveraineté nationale

En lançant ce programme, le Bénin ne construit pas seulement des logements : il érige les fondations d’une société plus équitable. Chaque pierre posée à Ouèdo, Porto-Novo et Parakou symbolise un rejet de la fatalité, une affirmation que le développement peut être à la fois massif et inclusif. Alors que les premières clés seront remises en février 2025, une question persiste : et si l’avenir des nations se jouait aussi dans la capacité à loger dignement chaque citoyen ? Le Bénin, en osant ce pari, offre au continent une feuille de route : celle où le progrès se mesure non à la hauteur des gratte-ciel, mais à la stabilité des foyers.

 

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